Akira Kosemura / In The Dark Woods
[Schole Inc.]

7.6 Note de l'auteur
7.6

Akira Kosemura - In The Dark WoodsA seulement 32 ans, et avec déjà dix ans de carrière derrière lui, Akira Kosemura s’est imposé comme le pianiste chouchou des amateurs de rock indé et de « classique moderne ». Chacun de ses sorties transgenres fait l’objet de nombreuses critiques et le plus souvent d’éloges mettant en avant la sensibilité de son jeu et la modernité de ses approches. Ce jugement partagé est on ne peut plus mérité à l’écoute de son nouvel album In The Dark Woods, qui, s’il n’invente pas grand-chose, vient compléter avec grâce, inspiration et élégance une œuvre entamée avec le remarquable It’s On Everything en 2007.

Akira Kosemura continue de marcher sur les traces de Max Richter dont il reprend la plupart des préceptes du genre post-moderne ou néoclassique, à savoir célébrer une forme de minimalisme qui ne rechigne pas à des répétitions de boucles et de motifs, mais qui, à sa manière, propose aussi une vision moderne d’un romantisme fluide et gentiment dépassionné. In The Dark Woods est un album qui célèbre l’intimité et renvoie par la qualité des 17 pièces qui le composent à un voyage intérieur profond et globalement joyeux. L’album démarre par une série de pièces splendides comme DNA, Resonance ou Between The Trees qui vous plongent d’emblée dans un état de sérénité enfantin et remarquable. Il faut attendre Sphere pour entendre les premiers instruments analogiques et constater les premiers signes de modernité instrumentale. Le piano s’ébroue sur un tapis synthétique tandis que la main droite égrène un motif jazzy. Akira Kosemura navigue dans un univers sonore bien à lui où l’on côtoye des voyages mentaux à la Moebius, des créatures fantastiques et de science-fiction, en même temps que des résonances prog. Cela donne une impression étrange et un caractère étonnamment cinématographique à sa vision musicale, soulignée en milieu d’album par un morceau baptisé Dedicated To Laura Palmer. On y retrouve le célèbre thème de Laura Palmer dans une version modifiée et solaire mais tout aussi étrange. La plupart du temps, les circonvolutions du piano évoquent plutôt des ambiances forestières ou gentiment naturelles. La série des Inside River 1 & 2 donne vraiment ce sentiment de se trouver dans l’onde et de laisser filer entre ses doigts une eau cristalline au « note à goutte ». L’économie de moyens ne protègera pas le Japonais des critiques en facilité mais c’est un peu la loi du genre.

Il faudrait être drôlement insensible cependant pour ne pas ressentir la beauté et l’allégresse de morceaux qui s’envolent vers les hauteurs tels que le magnifique Snowy Sky, emballé en moins de deux minutes et sur lequel on entend le craquement du fauteuil, du cuir ou du rocking-chair. Kosemura ne dédaigne pas intégrer des captures de son sur ses disques. Il y en a peu ici mais on peut en saisir certaines en arrière-plan en montant le son. On ne peut que se prosterner devant le sublime, et ultra classique, The Cycle of Nature. Kosemura joue de son instrument comme il jouerait d’un instrument sacré, jonglant avec les niveaux sonores pour augmenter encore le crescendo émotionnel. L’intérêt moindre de morceau comme Stillness of the Holy Place n’enlève rien au charme global d’un album qui réussit pleinement son pari de l’enchantement et  de la paix de l’âme. On peut mourir tranquille après ça, on peut pleurer et on peut sourire. On peut aimer et on peut danser. In The Dark Woods agit comme ces cassettes et ces CDs qui servaient jadis à nettoyer les postes audio. Il balaie les mauvais souvenirs et les traces des mauvaises musiques que vous avez gardées en vous. Il élimine les mauvaises mélodies entendues dans les boutiques, les supermarchés et les transports publics et vous rend au bruit clair et propre de vos grands débuts. Purificateur d’âme et d’ambiance.

Tracklist
01. DNA
02. Resonance
03. Between The Trees
04. Sphere
05. Kaleidoscope of Happiness
06. Inside River 1
07. Inside River 2
08. Shadow
09. Dedicated to Laura Palmer
10. Moving
11. Snowy Sky
12. Spark
13. Innocence
14. The Cycle of Nature
15. Stillness of The Holy Place
16. In The Dark Woods
17. Letter from A Distance
Écouter Akira Kosemura - In The Dark Woods

Liens
Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots clés de l'article
, ,
More from Benjamin Berton
Gonjasufi / Callus
[Warp]
Ceux qui aiment explorer de nouveaux territoires musicaux doivent absolument écouter ce...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *