Benjamin Biolay / Volver
[Barclay / Universal]

3.5 Note de l'auteur
3.5

Benjamin Biolay - VolverComme indiqué par la plage finale de Volver (Hollywood Palermo), ce nouvel album de Benjamin Biolay incarne la facette gueule de bois du précédent. Il y a tout juste un an, sur les rythmes argentins de Palermo Hollywood, BB se découvrait un monde inconnu : à Buenos Aires, il y rencontrait des filles d’un soir, se saoulait à la 8.6, se réveillait dans des chambres d’hôtel inconnues… Le prodige Biolay, même en territoire nomade, restait chenapan, hédoniste punk, Gainsbourg latinos bourré jusqu’aux lueurs de l’aube.

Derrière le titre almodóvarien de ce huitième opus (semble-t-il enregistré très vite, dans la continuité de Palermo) se nichent des compositions qui se traînent, qui font grise mine. Paris est maussade, les succédanés latins possèdent le vin triste, il y est question d’adieux et de regrets. C’est entendu : Volver est l’album spleen de Biolay, son Behaviour à lui. Sa « Débandade ».

À pourtant trop jouer sur la torpeur et le migraineux, Biolay contamine ses chansons d’une léthargie pas forcément attrayante. Il y a souvent, ici, une difficile cohabitation entre la fièvre de la danse et le souhait du « négatif ». Alliage hier porté au pinacle par les Pet Shop Boys (Bilingual) mais qui, sur Volver, laisse souvent de marbre. Comme si Biolay hésitait sur la direction à suivre, comme si plusieurs options musicales s’offraient à lui mais qu’il préférait la voie du faux best of (ce qui n’est pas un mal, en soi).

Inutile de revenir sur la polémique Hypertranquille (lire à ce propos l’article de Benjamin Berton, auquel nous souscrivons pleinement) – un titre à ce point « faussement cool » qu’il en procure du malaise – pour mieux souligner les quelques réussites du disque (car entendons-nous bien : il s’agit d’une critique du nouveau Biolay, et non pas d’un Voulzy) : Pardonnez-moi, qui n’aurait guère démérité sur Palermo Hollywood ; Happy Hour (pour le plaisir d’entendre Catherine Deneuve) ; ¡Encore et Encore ! (sympathique Je T’aime… Moi Non Plus avec Chiara) ou le reggae polisson de Ça Vole Bas.

Pour le reste, Volver ne procure aucune surprise, ni la moindre émotion. Les mots claquent encore, les accords restent inspirés, mais la routine menace BB. Une formule Biolay commence à dangereusement s’installer. Volver s’écoute comme on découvrirait le comeback inattendu d’une vieille icône absente depuis quinze années. Mais sans doute notre exigence à l’égard de Benjamin nous détourne-t-elle aujourd’hui de sa véritable intention : enregistrer un disque sans enjeu majeur, en passant, avec une attitude finalement Hypertranquille… On va dire ça.

Tracklist
01.Volver
02. ¡Encore Encore! (feat. Chiara Mastroianni)
03. Le nuage
04. Mala Siempre
05. Happy Hour (feat. Catherine Deneuve)
06. La memoire
07. Roma (amoR) (feat. Illya Kuryaki And The Valderramas)
08. Hypertranquille
09. Ca vole bas (feat. Sofia Wilhelmi)
10. Arrivederci
11. Pardonnez-moi (feat. Miss Bolivia)
12. Sur la comète
13. L’alcool, l’absence
14. Avec le temps
15. Hollywood Palermo (feat. Ambrosia)
Ecouter Benjamin Biolay - Volver

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