Blade Runner à Leftover City : Al’Tarba signe le clip du mois

Al'Tarba -  Turn me onC’est la troisième fois cette année qu’on se balade à Leftover City, la cité des déchets fantastique inventée par Al’Tarba pour abriter les dérivations névrotiques venues de son album impeccable La Nuit Se Lève. Troisième épisode et autant dire qu’on a toujours aussi peu envie d’y acheter une résidence secondaire. Pourtant, et pour la première fois autour de ce troisième extrait, Turn Me On, Leftover City laisse apparaître un visage un peu moins sombre ou immédiatement rebutant que les fois précédentes. La faute ou grâce à ce clip incroyable réalisé par Louis Paul et Clément Clareton dont l’image splendide nous transporte dans un monde qu’on croirait tout droit dérivé de Blade Runner (l’ancien et le moderne).

Lumière violette, androïde tueur et mélancolie à fleur de peau synthétique, Turn Me On, est une réussite remarquable. La texture néo-réaliste de certaines séquences nous rappelle bien parfois Caro et Jeunet (ce n’est pas toujours un compliment) mais il se dégage un charme et un mystère dickiens de l’ensemble qui ne trompe pas. La prestation de Katia Miran (si c’est bien elle qui interprète l’androïde stripteaseuse) est évidemment pour beaucoup dans notre trouble. Entre Blade Runner donc et Showgirl, la jeune femme irradie de sa présence érotique ce clip envoûtant. Sa beauté plastique, sa tenue élastique et son déhanché irrésistible nous amèneraient à dépasser les bornes permises par la grande opération BALANCE TON PORC qui bat son plein en coulisses si on devait les décrire. On n’est pas encore prêt pour l’équarrissage. Disons qu’après une ou deux minutes, on en mène pas plus large (ni moins d’ailleurs) que le blaireau-miroir qui nous sert de double. On n’imagine pas ce que donnerait notre désir si les cinéastes avaient eu les moyens de proposer ce mini-film en VR. La chute n’en est que plus rude mais terriblement bien maîtrisée nous emplit de culpabilité et de frustration. Une merveille donc qui mêle fantasme de bas étage, idéalisation de l’âge technologie et misère terminale. Tout nous, en quelque sorte.

Il ne faut pas oublier (on parle bien de musique et pas de cinéma) que tout ceci est amplifié par le morceau (instrumental) génial d’Al’ Tarba, lequel est parfaitement calé sur les images (on peut supposer que c’est l’inverse en fait), chaque secousse rythmique renvoyant avec une virtuosité rarement vue à un rebondissement sur l’écran. Travail de maître, travail d’orfèvre et parfait synchronisme entre le son et l’image, autant dire que ce clip n’est pas loin d’être notre favori pour ce mois-ci et pour le trimestre qui passe. Al’Tarba est grand mais on l’a déjà dit mille fois.

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