The Casket Girls / The Night Machines [Graveface Records]

Phaedra et Elsa Green inventent un shoegaze en visite dans la forêt de Blair Witch, de l’indie-pop spécialement conçu pour un prochain film de Dario Argento. Chez The Casket Girls, guitares et voix peuvent effectivement tendre vers l’ensorcelant songe ; les machines, a contrario, plombent la féerie, ramènent à la banalité terrestre. Pourtant, jusqu’alors, le duo féminin conservait sa prédominance pop : True Love Kills The Fairy Tale (précédent album), malgré son intitulé tue-l’amour, détenait une part lumineuse (inoubliable Ashes and Embers). Il était néanmoins logique de voir les Casket Girls s’en remettre à la nuit sans fin, au païen et au vaudou.

The Night Machines, possédé recueil de chansons, présente aujourd’hui Au Revoir Simone au Necronomicon d’Evil Dead. Onze titres façon grimoire magique, incantation au coin du feu, comme si le grand méchant loup recrachait en direct le petit chaperon rouge (avec jouissance). De plus en plus joyeuses, les sœurs Green s’adressent ici aux esprits trépassés, aux morts ancestraux, aux ombres fantomatiques (magnifique Sixteen Forever). Et quand elles affirment « the weekend’s coming », on imagine un samedi soir entièrement consacré à la planchette ouija.

Ce « bouh, fais-moi peur » détient heureusement une vision très 19^e, finalement très romantique. Les Casket Girls n’envisagent l’horrifique qu’à des fins bienfaitrices : les morts affichent leur bonheur, les suicidés adressent des clins d’œil, les esprits ne tourmentent pas les vivants. Phaedra et Elsa n’ont probablement aucune accointance avec My Bloody Valentine ou The Cure (encore que, Charlotte Sometimes ?) ; par contre, elles connaissent jusqu’au vertige les écrits de Sir Walter Scott, John Keats ou Lord Byron.