Danny Lowe Superstar : le Prince de Sheffield attend (toujours) son heure

Danny LoweSheffield : Sex City est sans conteste la plus belle chanson écrite sur la ville du Yorskshire. Mais depuis que Jarvis Cocker est parti pour la capitale, les musiciens n’ont pas disparu pour autant des rives de la Sheaf, prolongeant une tradition bien établie où se mêlent quelques groupes solides d’extraction prolétarienne comme les Artic Monkeys, The Longpigs ou Joe Cocker ( !), le label électro WARP ou les vieux dinosaures synthpop que sont The Human League ou Cabaret Voltaire. Sheffield est une ville chouette pour le football et le snooker. C’est une ville qui a de l’oreille et héberge depuis toujours une collection merveilleuse de musiciens et losers magnifiques qui ferait rosir d’envie la scène parisienne. Sheffield est une ville où il fait bon jouer de la musique en crevant de faim et crever de faim en jouant de la musique ; une ville où tous les musiciens donnent le sentiment d’avoir eu leur heure de gloire et en même temps d’attendre que la chance repasse. Le succès est à cet égard comme l’amour : on peut l’attendre tout sa vie et être certain qu’on ne l’aura jamais au moment où on le mérite.

English version below.

Parmi ces musiciens, Danny Lowe est probablement l’un des plus talentueux songwriters en activité. Personne en France n’en a certainement entendu parler à part quelques dizaines de personnes mais il est le leader et chanteur de quelques groupes dont il maîtrise à lui tout seul la destinée en bon despote lo-fi punk de ses propres chansons. Danny Lowe a de faux airs de Brian Molko (mais un Molko qui n’aurait pas fait Sciences Po). Il boit ou a bu pas mal mais a aligné ces derniers mois, des chansons assez incroyables. Avec Big Bad Wow, LoveBoat, Rumpus et Heads Off, Danny Lowe fait des miracles souvent pop, parfois punk ou psychédéliques chaque nuit. Il a appris pas mal en jouant de la basse avec Stephen Jones et même à écrire des chansons « qui auraient pu être d’immenses hits » comme l’insolent Governmental Blues. Ses dernières livraisons, remarquées par les DJs pointus de la BBC, devraient lui valoir un album en bonne et due forme très prochainement. On pourra dire alors qu’on faisait partie des premiers à lui donner un peu d’espace pour se raconter…. et nous parler en exclusivité des cous de cygne d’Elvis Presley.  

Vous avez déjà joué dans une flopée de groupes : Big Bad Wow, LoveBoat, Heads Off, Rumpus,… Vous aimez inventer des noms de groupes ou est-ce que vous n’avez pas encore trouvé le bon véhicule pour votre musique ?

Ça paraît beaucoup présenté ainsi mais cela retrace véritablement mon histoire de musicien, une sorte de chronologie. Dans un groupe, les choses changent, y compris le groupe lui-même. Les gens vont et viennent. Certains arrivent. Rumpus a été le premier groupe que j’ai formé à Sheffield avec mes trois meilleurs amis. Et ce groupe, par exemple, continue d’aller et de venir, de vivre ou de se dissoudre. Je crois que nous en sommes bien à notre troisième reformation !

Vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Danny et je souffre depuis pas mal d’années maintenant d’une affection mentale débilitante et invalidante qu’on appelle la condition de musicien.

Vu d’Europe, on vous associe clairement à la scène de Sheffield. Est-ce que cette scène existe vraiment ou est-ce un truc de journalistes ? Le mois dernier, est sorti en salles chez nous le documentaire de Jarvis Cocker sur Pulp et votre ville. Vous l’avez vu ?

J’ai vu le film de Pulp et j’ai trouvé ça bien. Vous avez note dans le film que Sheffield est une ville très accueillante et bienveillante pour la glandouille. Je suis plus précisément originaire de Chesterfield, un petit bled pas loin. Mes amis et moi nous sommes établis à Sheffield justement pour intégrer une scène musicale un peu plus consistante. C’était en 1999. Et nous sommes toujours là. Voici un exemple de ce qu’est cet esprit de Sheffield. L’un de mes amis organise une soirée qui s’appelle “Rough Shag”. Il invite des groupes punk, rock et alternatifs de Sheffield et de toute l’Angleterre et tout ce petit monde joue le vendredi soir dans le plus gros bar de la ville dans le quartier le plus chic et ce sont des gens qui naturellement n’iraient pas voir ce genre de groupes, ni écouter ce genre de musique mais qui y viennent quand même. Voilà comment ça marche ici. Il y a une tonne de lieux, de galeries d’art ou d’endroits où on peut monter un concert ou faire une fête. C’est une ville où il se passe toujours des choses intéressantes.

C’est pour cette raison que vous n’avez pas déménagé pour Londres ?

Sheffield, c’est chez moi. C’est l’endroit où ma famille et mes amis vivent et puis il y a la champagne pas loin. Je trouve que ça fait partie de ces villes où l’équilibre entre la vie urbaine et la vie au naturel est bon. Ceci étant dit, je ne suis pas quelqu’un qui est très attaché aux lieux, aux endroits. Je suis du genre satisfait d’être là où la vie me mène. Et je comprends tout à fait que les musiciens qui ont de l’ambition partent tenter leur chance à Londres ou dans une autre grande ville. J’aime bien Londres et je n’exclurai pas d’y vivre. Je pourrais aller également en Amérique pour tourner comme un dingue et vivre la grande vie.

Justement, est-ce que vous arrivez aujourd’hui à vivre de la musique ou est-ce que vous bossez par ailleurs ?

J’ai repris un boulot à temps partiel. J’ai travaillé dans des bars et aussi comme jardinier ces dernières années. Mais je ne pourrais jamais travailler à temps complet ou occuper un emploi vraiment sérieux. D’une manière générale, j’ai du mal à prendre la vie réelle au sérieux. Si j’étais chirurgien ou je ne sais pas quoi, je crois que je finirais par greffer un trou du cul au coude de quelqu’un. Et très honnêtement, si j’arrive à la fin de ma vie en ayant jamais travaillé, et bien je crois que j’aurais déjà réussi quelque chose !

Qu’est-ce qui fait, à votre avis, qu’il est si difficile aujourd’hui de décrocher un contrat pour un disque ? Les maisons de disque auraient tué il y a 15 ans pour un morceau comme Governmental blues?

C’est effectivement devenu difficile aujourd’hui de vivre de la musique et c’est d’autant plus dur si on fait ce que les gens considèrent comme de la “musique alternative”. Alors oui, cette chanson est vraiment séduisante à l’écoute. Ça emballe mais cela repose sur le son de deux basses distordues et un marimba. Et puis les paroles sont extrêmement irrespectueuses envers le gouvernement. Ce que je fais de plus pop a toujours une grosse part de mauvais esprit comme cela. C’est ainsi. Et je ne peux pas me plaindre du coup de ne pas en avoir fait un tube. Il faudrait pour cela accepter d’adoucir certaines choses, de gommer les aspérités. Mais je ne dirais pas non à un bon gros tube.

Il est plus simple aujourd’hui de reformer un vieux groupe que d’en monter un nouveau ? Vous avez assisté à des reformations ? Ca vous inspire quoi ?

J’ai vu The Stooges lorsqu’ils se sont reformés en 2005 avec leur line-up original. Ils ont joué Fun House en intégralité et c’était incroyable. J’ai aussi vu The Grandmothers of Invention quand j’étais adolescent, ce qui m’a permis de me faire une idée de ce qu’était un concert de Frank Zappa. J’ai vu The Pogues à plusieurs reprises et j’aimerais vraiment voir The Damned avec Captain Sensible. J’aime penser que lorsque les groupes se reforment, c’est parce qu’ils ont envie de se retrouver et de jouer sur scène ensemble, même si je sais que c’est souvent uniquement pour l’argent.

Ce qui est assez marrant avec vous, c’est que vous naviguez entre les genres : Hey You est carrément grunge. None of The Above s’apparente à de la musique hardcore. Le One Long Drag ep sonne comme du lo-fi à la Pavement. Il y a de la pop aussi. C’est quoi votre créneau ? J’ai l’impression aussi que vous êtes ce genre de type qui avez eu une longue période gothique à l’adolescence ?

Je considère que je fais du punk rock. Ça résume tout ce que je fais à mon sens. J’aime bien détourner les trucs, tourner les règles. J’aime bien chanter des chansons enlevées et séduisantes mais qui ont des textes tordues ou carrément bizarres et pour moi, c’est souvent beaucoup plus punk que de mettre l’ampli de guitare sur 11 et d’exploser la batterie. Même si je ne crache pas sur une petite destruction de temps en temps et une orgie bruitiste. Quand j’étais ado, j’ai écouté beaucoup Frank Zappa et les derniers morceaux de The Beatles, mais aussi les groupes punk qui marchaient fort à l’époque comme Nirvana, Rage Against The Machine, Primus ou les Butthole Surfers. Je ne suis jamais allé plus loin dans le gothique que Ministry. Par contre, là où vous n’avez pas tort sur le gothique, c’est que j’adore les films d’horreur et les films de série Z depuis toujours.

Vous êtes un compositeur très mélodique, quelqu’un qui prête beaucoup d’attention aux ritournelles, aux refrains. Est-ce que vous avez cultivé ces influences pop ou est-ce une qualité qu’on a d’instinct ?

Mon père était musicien professionnel. J’ai toujours eu de la musique autour de moi. En fait, quand j’étais gamin, je trouvais que la musique était un truc super chiant qui était fait par des vieux pour des vieux comme mon père, vous voyez. Je n’ai vraiment écouté ce qu’il faisait qu’à partir de 10 ans. J’ai trouvé I Am The Walrus de The Beatles parmi les disques de mon père et je l’ai écouté, écouté et écouté encore et cela m’a répondu complètement dingue. C’est à ce moment précis que j’ai réalisé que la musique pouvait être quelque chose d’amusant à écouter et à faire. Et puis, je crois que c’était à peu près à ce moment qu’est sorti le premier album des Beasty Boys. Je l’ai adoré et je continue de considérer que c’est un excellent album.

Comment êtes-vous passé aux travaux pratiques dès lors ? Vous avez joué du jazz, c’est ça ?  

Ce n’était pas vraiment du jazz en tant que jazz. Mais j’ai démarré à l’école par la basse double. J’en ai joué pendant deux ans puis le prof m’a retiré l’instrument pour le donner à un gamin qui était plus méritant selon lui. Apparemment, je ne me donnais pas assez sérieusement. Je crois qu’il n’aimait pas mes versions des Beastie Boys. C’est là qu’un ami de mon père m’a offert une basse à la place. Et j’ai accroché tout de suite. Et mon père m’a appris à jouer. Il ne voulait forcer aucun de ses enfants à faire de la musique, pour ne pas qu’on lui reproche de nous avoir appris parce que lui était musicien. Il voulait attendre qu’on lui demande parce qu’on était vraiment intéressé et parce qu’on en avait envie et c’est ce qui s’est produit avec moi. Je crois qu’il m’a montré l’essentiel de ce que je devais savoir sur la basse pop/rock en l’espace de quelques semaines. C’était à la fois pratique et génial.

Qu’est-ce qui a fait que vous êtes resté sur la basse ?

Je ne sais pas. C’est un instrument qui me semble sonner comme il faut. Je joue assez bien de la guitare mais cela ne me paraît pas sonner aussi… juste. Et puis quand je joue de la guitare lorsque je suis bourré, je me prends les doigts dans les cordes et ça fait un mal de chien. Cela m’arrive moins lorsque je joue de la basse en étant saoul. Et puis, je suis laid, physiquement laid. Quand on est laid, on joue de la basse, pas autre chose. C’est la loi !

Vos chansons sont souvent très politiques. Le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’aimez pas trop les hommes politiques. Qui les aime au fond ? C’est important pour vous d’exprimer des choses à travers votre musique ?    

Oui, absolument. La musique reste un bon moyen pour exprimer et porter une opinion. Surtout sur les grands sujets qui nous touchent directement : la politique, la religion, la culture populaire en général. C’est plutôt drôle de ruer dans les brancards sur ces jouets et d’exprimer du rejet ou de la colère. Et puis les politiques le méritent amplement ! Ils ne l’ont pas volé.

Votre groupe actuel s’appelle Heads off. Vous avez mis en ligne une vingtaine de morceaux. Vous produisez, écrivez et jouez à peu près tous les instruments, n’est-ce pas ?

Pour le moment, oui, mais les choses vont changer rapidement car je vais donner des concerts très vite. Cela va m’aider à évoluer et à ramener des gens avec leurs personnalités et leurs talents autour de la table. Je garderai la basse et le chant.

Quel est votre programme avec Heads Off ? La musique a pas mal changé entre les premiers et les derniers eps. Vous avez démarré dans un registre psychédélique expérimental avant d’arriver à quelque chose de plutôt pop rock (si ce n’est pas un gros mot)….

Ce n’est pas du tout un gros mot. Avec Heads Off, je suis revenu au point de départ. Cela faisait un bail que je n’avais pas composé une chanson où je passais mon temps à hurler comme un taré en parlant de poulets et de volaille (NDT : référence à l’un des morceaux du Long Drag ep)! J’avais besoin de repasser par là. Au début, j’ai eu l’impression que les gens étaient un peu moins réceptifs à ce genre de choses, à ces premières chansons mais ce n’était pas le cas et peu à peu j’ai reçu beaucoup d’intérêt pour ces premiers morceaux. Puis je suis repassé à autre chose. Et puis, j’ai aussi presque accidentellement appris comment on produisait de meilleurs titres. Et ça, c’était une avancée. J’en suis au point où je pense pouvoir apporter mon aide à d’autres et être en capacité de produire un autre artiste.

Votre musique a un aspect très généreux : les paroles sont engagées, marrantes et sarcastiques. Le travail de guitares est inspiré. On sent beaucoup de plaisir de jouer derrière, en même temps qu’une énorme liberté. Vous allez l’air d’un type qui aimez avoir le contrôle total de ce qu’il fait, non ?

Je comprends pourquoi vous pensez cela mais généralement les gens sont surpris car je suis quelqu’un avec lequel il est très facile de travailler et on s’en aperçoit dès qu’on se met à jouer avec moi. J’aime être seul et au calme lorsque je compose et j’aime aussi partir d’une structure établie, avoir écrit un texte qui tient la route avant de me mettre à jouer avec quelqu’un mais à partir de là, je suis vraiment heureux de découvrir ce qu’apportent les autres. Je les laisse libre de jouer ce qu’ils veulent et faire n’importe quoi s’ils pensent que cela sert le morceau. Je ne suis pas du tout fanatique ou précieux lorsqu’il s’agit de musique. Ce qui m’intéresse, c’est que cela sonne bien. C’est à peu près tout. C’est même plutôt bien d’avoir du monde autour pour savoir si ce qu’on a pensé fonctionne ou non. Si vous faites tout tout seul, le risque c’est qu’à la fin vous vous retrouviez à porter votre slip dégueu par-dessus le pantalon en trouvant que c’est une chouette idée. Il n’y a pas de contrôle de la qualité suffisant ! Mais évidemment, on peut débattre pour ou contre cette manière de voir pendant des siècles !

Parmi vos eps, Customer Focused Discharge Rant ep est probablement le plus sophistiqué du lot. Cela sonne comme du post-Boo Radleys rencontre Denim ! C’est sarcastique et vraiment vraiment efficace. Fresh Elvis Swan’s Neck a tout d’un tube dingo. Vous avez joué avec Babybird qui est aussi fort que vous pour trousser des chansons au troisième degré imparables. Vous aimeriez que votre musique devienne populaire ?

Bien sûr que j’aimerais ça. C’est cette reconnaissance qui t’ouvre des portes et te permet de créer de nouvelles opportunités. J’ai beaucoup de chance de travailler et de tourner auprès de Stephen Jones. C’est comme une master class en direct. J’ai appris des tas de choses. Sur l’alcool principalement ! Je plaisante, des tas de choses. Avec le EP Customer Focused Discharge Rant, l’idée était vraiment de créer un ensemble de chansons qui sonne comme de la musique indé branchée et très populaire, mainstream, tout en me moquant de la culture actuelle de la célébrité et de nos outrances dans les textes. Et la chanson sur Elvis est au cœur de cette expression. Selon la légende, lorsqu’il allait aux toilettes, Elvis Presley s’essuyait le derrière avec des cous de cygne fraîchement tranchés qu’il conservait dans un seau à côté de la cuvette. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais ça méritait bien une chanson.

Si le diable vous proposait un contrat : votre âme contre un tube ?

Oui, je signerais sans hésiter. Et puis je continuerais ma carrière en faisant tout ce qu’il me plaît.

Faire de la musique aujourd’hui est tout de même assez cruel. Vous devez faire autant d’efforts que par le passé et vous n’avez même pu droit aux récompenses : la gloire, les filles et la vie rock n’roll….

Peut-être est-ce que c’est devenu moins glamour aujourd’hui pour les artistes indépendants. Plus personne ne vous offre 500 000 livres en guise d’avance et un bol de cocaïne en vous découvrant. Mais je n’ai pas connu cette époque alors je n’en souffre pas plus que ça même si j’ai désespérément besoin d’argent !

Votre chanson We Want to Be Famous sonne comme un hymne Britpop. Vous pensez vraiment que les jeunes d’aujourd’hui ne sont intéressés que par la célébrité et la richesse ?

Je crois que cette obsession de la célébrité a atteint le summum du ridicule avec la télé-réalité. Et je trouve ça très intéressant. C’est époustouflant de voir comment quelqu’un qui n’a aucun talent et le QI d’une huître deviant tout à coup l’objet d’une sorte d’adoration en tant que célébrité. Je fais référence à des programmes immensément populaires comme Big Brother, Towie, ou Geordie Shores etc. Cette débilité m’intrigue. Le grand cirque médiatique. Dans le domaine musical, j’ai remarqué que plus le groupe était motivé et ambitieux, plus sa musique était généralement pourrie.

Vous parlez pas mal de ces notions de succès et de développement économique dans l’art. Est-ce que cela cache des regrets par rapport à votre propre itinéraire jusqu’ici ?

Par chance, j’ai assez peu de regrets. Peut-être est-ce que plus jeune, j’ai gâché quelques occasions que j’aurais dû considérer avec un peu plus de sérieux. Mais bon….. Depuis quelques années, des sociétés se sont créées en ligne qui prétendent avoir les clés pour que des groupes non signés décrochent des contrats dans les maisons de disques. En échange d’une petite participation bien sûr ! Il y en a qui se font un maximum d’argent en tirant profit de la crédulité de jeunes artistes vulnérables alors qu’en fait, ce qui fait qu’un artiste va émerger ou pas n’a pas vraiment changé : il faut du travail, une conviction totale pour ce qu’on fait, et beaucoup beaucoup de chance. Je ne pense pas qu’il faille assister à un séminaire à 150 livres pour savoir comment construire sa carrière, développer son audience sur Facebook et calibrer son business model. Gardez votre argent. Mettez le de côté pour enregistrer une démo. Je me réjouis de petites choses insignifiantes comme lorsque Steve Lamaq est tombé sur une démo de l’une de nos chansons et l’a jouée sur les ondes de la BBC. Une démo que j’avais enregistrée à la maison sur mon ordinateur pourri. Tous les autres groupes ce jour-là avaient fourni des enregistrements studio de première qualité. Ce sont des choses comme cela qui me donnent la foi.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour les prochains mois ? Un premier album ? Des concerts ?  

Oui, il y aura un clip puis l’album. Et nous allons tourner. Je pense même qu’on viendra faire un tour en France avant la fin de l’année.

Big Bad Wow - Danny LowePulp’s Sheffield Sex City is probably the best song ever written about the town. But since Jarvis Cocker has deserted the place, musicians haven’t stopped thriving there, prolonging an ongoing tradition of solid proletarian bands from Artic Monkeys or Longpigs to Joe Cocker (!), WARP label of course and synth pop dinosaurs such as The Human League or Cabaret Voltaire. Sheffield is fine for snooker and football. But it has stayed a city with good ears and hosts a collection of maverick musicians who would make Paris rock scene blush with envy. Sheffield is a city where it is easy to starve and sing, or sing and starve, where every musician seems to have his day… behind him and therefore his chance to shine again. Because success is like love, something you crave for all your life and you never get when you deserve it.

Among those musicians is Danny Lowe, who nobody probably knows in our country but a few ones, leader of a few bands and omnipotent songwriter of his own music, probably one of the most talented pop punk rockers at the time, operating as one man (ethylic) lo-fi unit, through his many band vehicles, Big Bad Wow, LoveBoat, Rumpus or Heads off. This guy played bass for Stephen Jones’ Babybird and has seen it all. His songs are political, intimate and wonderfully written. He’s got irony, anger and soul and he knows how to write a should-be-a-huge-hit-song with, for example, Governmental Blues. His last Eps with Heads Off are fantastic and could earn him the opportunity to record a proper album soon. He has answered all our questions for first-timers and we thank you for it and his art!

You are a man of many projects and bands: Big Bad Wow, LoveBoat, Heads Off, Rumpus,…. Is it you like new band names for new music or you are still looking for the right vehicle band for your music?

It seems like a lot but it is just chronological really. Things always change with bands, people come and go and move on. Rumpus was the first Sheffield band for me, and the three of us are best friends, so that band keeps coming back as an ongoing thing. I think we are on our third reunion now.

Could you introduce yourself in a few words for people who don’t know you?

My name is Danny and I have been suffering from the mentally incapacitating condition known as musician for many years now.

From continental Europe, you are associated to Sheffield music scene. How did you get there? Is there such a rock scene there? There was this last month documentary Jarvis Cocker made about the town. Have you seen that film?

I saw the Pulp film, and I enjoyed it. You will have noted from the film that Sheffield is a very welcoming laid back place. I’m actually from Chesterfield a small market town nearby, and so my friends and I moved to Sheffield to get involved with a more substantial music scene. This was in 1999. And we are still here. I’ll give you an example of what is typically Sheffield – My friend runs a night called Rough Shag, he books punk/rock/alternative bands from Sheffield and around the UK, and they get to play in the most central bar in the busiest part of town on a Friday night, to a lot of people who wouldn’t normally think about going to see those kind of bands. This kind of thing interests me far more these days than trying to create a scene or be part of a scene. There are also a lot of art spaces around the city that put on gigs and parties. There is always something interesting going on in Sheffield.

What is Sheffield for you? Do you like this town? Why haven’t you moved to London like everyone else?

Sheffield is my home; it is where my family and friends live, and it is right next to the countryside. So to me it has a good city/rural balance. Having said that though, I don’t feel a strong bond to any particular city or country. I’m happy to be where I need to be. It is not unusual for musicians to be ambitious and want to move to bigger places like London though. I do like London so I wouldn’t rule it out. I’d like to live in America for a bit and tour like crazy.

Do you live as a professional musician or do you need a steady job or something to pay your rent?   At the moment I have to work part-time, I have done bar work, and gardening part time to help pay the rent over the years. I could never take on a serious full time profession though. I find it hard to take real life seriously. If I was a surgeon or something, I would probably end up grafting some bodies arse on to their elbow. If I can get to the end of my life without having to work full time, I will feel like I have really achieved something.

How do you explain it seems so difficult for a band to get a record deal these days? People would have killed to sign you for a song like “Governmental blues” 15 or 20 years ago?

I think it can be hard to function as a musician successfully nowadays, and even harder still if you’re creating music that could be considered alternative. That song is very catchy, but then again it is two distorted basses and a marimba. The lyrics are also rather demeaning of the government too. My pop songs tend to be a bit risky like that. But that’s the way I like it. Likewise, you cannot really complain that something isn’t a massive hit if you refuse to smooth the edges off. It would be great if it was a big hit though.

It seems it is easier today to have an old band back together than to set a new one. What do you think about reformations? Have you seen new reformed… old bands on stage recently?

I saw The Stooges after they reformed with the original line-up around 2005. They played Fun House in its entirety, it was unbelievable. I also saw the Grandmothers of Invention when I was a teenager, which for me was the closest thing to Frank Zappa I could hope to get. And The Pogues several times. I’d love to see The Damned with Captain Sensible. I’d like to think bands reform because they miss it, and they miss performing with each other, but I’m sure it sometimes happens just for the money

What is amazing with you is you don’t belong to any particular genre of music : Hey You is a grunge like song. You can do hardcore like music (None of the Above for example), then lo-fi Pavement like noise on One Long Drag ep. Pop music. Where do you belong to? I would bet you had a long hardcore post-gothic heritage from your teenage years?

It all just feels like punk rock to me. That is at the essence of everything I do. I like to twist things; I like to sing really catchy songs with unusual or lyrics. To me that can be far more punk rock than turning the guitars up to 11 and smashing the shit out of a drum kit. Though I do like to do all that as well. As a teenager I mainly listened to Frank Zappa and late Beatles, alongside the punk bands that were big at that time, mainly Nirvana, Rage Against The Machine, Primus, and Butthole Surfers. Ministry is perhaps as dark/gothic as I go. Though you are right about the gothic thing being an influence, as I love horror movies, and old B-movies.

You are at the same time a very melodic artist. We can hear big pop influences in what you write and an instinctive gift for catchy melodies and choruses. Was there a lot of music at your place when you were young?

My dad was a professional musician, so music was always around me. In my early childhood, I just thought music was something really boring that your dad did, so it wasn’t until I was about 10 years old that I started really listening. I remember finding “I am the walrus”, by the Beatles in dad’s record collection, and listening to it over and over again in hysterics. That was when I first started to think that music could be fun. That was also around about the time the first Beastie Boys LP came out too which I loved, and I still do.

How did you come to make music first? You were into jazz, weren’t you?

I wasn’t into jazz as such, but I did start on the double bass at school. I played it for about 2 years, but the teacher took it away from me and gave it to a “more deserving” child. Apparently I wasn’t taking it serious enough. I don’t think he appreciated my interpretations of The Beastie Boys. My dad’s friend then offered me a bass guitar as a replacement, and I was hooked. That was when my dad started teaching me how to play. I don’t think he wanted to force his children to play just because he did; he wanted to wait for us to ask and show a real interest first. He showed me everything you need to know about pop/rock guitar in a matter of weeks. This was very handy!

Can you tell us about how you’ve adopted the bass guitar as your main instrument? Why did you choose this very instrument?

It just seems to feel right. I can play guitar well enough, but it’s just not right. Also if I play the guitar when I’ve been drinking, my fingers get tangled up in the strings, but with bass not so much. Also I’m ugly, so bass it is!

Your songs are often very political. You don’t seem to have a very good opinion of politicians. Who does anyway? Is it important to carry a few opinions in your music?  

Absolutely. Music is a great platform for opinion. Especially for the big topics that affect us all like politics, religion, and popular culture. It’s fun to kick against those things, and vent some anger. They all deserve it anyway!

Let’s talk about Heads Off which is your last project. You’ve got something like 20 songs on line. It doesn’t seem that much a band project. It is you writing and producing and playing most of the instruments isn’t it?

It is at the moment yes. I expect all that to change now there are gigs on the horizon. It will help move things along having other people bringing their personalities to the table. I will be playing bass and singing.

What’s the idea behind the band? Music has evolved a lot from ep to ep. It started like psychedelic experimental music and now it is more pop rock (if we consider pop rock is not a bad word)?        

Not a bad word to me. It started out as a return to my roots. It seemed like I hadn’t done anything crazy like screaming about poultry for a while, and I felt like I needed to do that. I think people feel less engaged though with the early songs, so it was a nice surprise when people started showing an interest with the later EP’s. Also, I have accidently started to get better at music production, which is nice. It’s getting to the point now where I might look at producing another artist.

It sounds like music you really fancy offering people: engaged and witty lyrics, funny things, fabulous guitar work….. We feel pleasure in it. A lot of freedom also. I have the impression you are a guy who likes nothing more than being on his own and having absolute control of his music. Am I wrong?  

I understand why you would think that, but usually people comment how easy going I am to work with once we start playing together. I need some peace and quiet by myself to write the basic song structures and lyrics, but beyond that I’m happy for people to play whatever they want, or whatever they think works best. I’m not too precious about music, as long as it basically sounds good.

You’ve stated recently you had the intention to form a real band for Heads Off and to get in a studio or on stage to exist as a band. Is a band a way to put discipline in your creativity?

Yes. It’s good to get people involved, and get some other perspectives on what works and what doesn’t. If you do the whole thing by yourself, it ends up being a bit like wearing your dirty underpants on the outside of your trousers, as there is no quality control. There are pros and cons to that though.

Customer Focused Discharge Rant ep is probably the most sophisticated music of the lot. It sounds like post-Boo Radleys meets Denim kind of ep. It sounds both sarcastic and really really efficient. Fresh Elvis could be a real hit. You’ve worked with Babybird who is maybe as gifted as you are for catchy, bittersweet songs… Would you like your music to become popular?

I’d love my music to become popular. That’s what opens doors and creates new opportunities. I’m very lucky to work and tour with BabyBird. It’s a bit like having a master class- I’ve learned things, mostly about alcohol, but I have learned things. With the Customer Focused Discharge Rant EP, I was trying to create something that sounded like popular indie/rock music that mocked popular celebrity culture lyrically. Apparently Elvis Presley would only wipe his arse on freshly cut Swan’s necks, which he would keep in a wet bucket by the toilet. I don’t know how true that really is though.

Would you sign up (deal with the devil?) to be a one-hit wonder?

Yes I would. Then I’d carry on doing what the hell I like.

Don’t you find being an independent musician those days a very cruel position? It is all about the efforts and nothing much of yesterday’s rewards : honours, girls and rock n’roll lifestyle…

Perhaps life isn’t as glamorous these days for independent artists, in the sense that nobody will be handing you 500 grand advances and a huge bowl of cocaine on being discovered. Having said that, I’ve never gone with out, so I personally don’t feel hard done by. I do need more money though!

There is this very funny rant called “We Want to Be Famous”. Sounds like a britpop hymn. Do you really think young people are obsessed with being famous and… rich? How do you work with such a song? It is always difficult to criticize other bands when… you are a band yourself. Where do you draw the line between compromission or opportunism and trying to make it?

I think the obsession with fame has reached ridiculous lengths now with reality TV, and to me that is interesting. It’s funny how somebody can be completely talentless, with a very low IQ, and yet be worshiped as a celebrity. I’m talking about TV programs we have in the UK like Big Brother, Towie, and Geordie Shores etc. It’s kind of dumb, and yet kind of intriguing at the same time. I suppose its all part of the media freak show. As far as bands go though, I have noticed that generally the more motivated and ambitious they are, the worse the music seems to be.

You quite often talk about the way music business works. Have you got regrets about your career until now? On the contrary, which musical achievement are you most proud of?

Luckily I have few regrets. Maybe there were a few situations when I was younger that I should have taken a bit more seriously, but we will never know. I’ve noticed in recent years there seems to be a constant flurry of online companies professing to have all the answers for getting unsigned artists signed. All for a small fee of course! There seems to be a lot of money being made by taking advantage of young vulnerable artists, when really it takes hard work, dedication, and a massive amount of luck, same as it ever was. You definitely don’t need to spend £150 to attend a seminar on how to be motivated within the industry, or how to gain more followers within an ever shifting business model. Save your money and demo a song instead! The little things make me smile, like when Steve Lamaq picked and played our Demo track on BBC Radio that we recorded at my house on a rubbish computer. All the other bands up for selection had recorded at professional studios. Things like that give me faith. Touring with BabyBird is always fun, so some more of that would be nice.

What can I wish you for the end of the year? Physical release ? A full gig agenda ?

You can expect a video coming soon, and an album. There will also be gigs. We may even make it to France before the year is done.

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