Exploded View / Exploded View
[Sacred Bones / Differ-Ant]

8 Note de l'auteur
8

exploded viewC’est un euphémisme de dire qu’on n’attendait rien d’Exploded View, présenté comme le nouveau projet d’Anika. Il faut dire que le premier album de l’Allemande en 2010 pour le compte d’Invada (le label fondé par Geoff Barrow de Portishead) et Stones Throw nous était bien vite tombé des oreilles, sans parler de ses prestations live sans âme et ânonnantes qui faisaient au mieux bailler, au pire tourner les talons vers la sortie. A part le joli minois de la demoiselle, on ne voyait pas bien pourquoi on a faisait tant état de ce galop d’essai. On attendait donc l’ancienne journaliste politique la sulfateuse à la main.

Mais à peine quarante minutes d’écoute plus tard, répétées à haute fréquence ces derniers jours et  après une prestation à la Route du Rock si ce n’est magistrale du moins révélatrice, on est pourtant prêt à déposer des tombereaux de roses (noires) au pied de la jeune femme. Non pas que ce premier album qui parait cette fois-ci sur le label à la mode Sacred Bones soit un chef d’œuvre absolu. La belle pouliche n’est pas devenue un crack irrésistible, mais Anika a trouvé sa voie et croisé son destin au détour de sessions de répétition lors de sa tournée mexicaine, en mars 2014. En effet, la petite histoire veut que c’est là que la formation s’est crée autour du suédois Martin Thulin (producteur de Crocodiles) et de la paire mexicaine Hugo Quezada (Robota et crédité sur un disque de Lorelle Meets The Obsolete) et Hector Melgarejo. Pas des têtes d’affiche de premier choix, certes, mais de sacrés musiciens dont le feeling a permis l’éclosion du talent d’Anika. Et oui, car la demoiselle n’en manque pas et le prouve – nous faisant ainsi ravaler nos sarcasmes dès Lost Illusions qui installe immédiatement l’ambiance de l’album. Flippée et flippante l’ambiance. Barrée et moite. Abrasive et salement sensuelle. Le chant d’Anika transpire la frousse et l’effroi, la tristesse et le mal-être. Elle se drape dans une sensualité glaciale, faisant d’elle cette femme fatale immaculée qui fascine tant les hommes, face aux coups de butoir d’une basse énorme, des stridences électriques (certains titres vrillent les oreilles et Lark Descending s’avère intenable au casque) et d’une batterie qui tabasse sévère. Lorsque les flingueurs mexicains arrêtent la cavalcade, le fantôme de Broadcast flotte sur Stand Your Ground et Gimme Something, habités, incarnés, à fleur de peau, ou laissent éclater des réminiscences Stereolab-esques en trip drogué (Call On The Gods). Exploded View est aussi capable de sprints haletants, bagarreurs, répétitifs à l’extrême (Disco Glove) et de brûlot post-punk, notamment le single No More Parties In The Attic. Mais c’est l’entraînant et hypnotique Orlando qu’on écoutera en boucle, promettant à Anika de ne plus douter de ses capacités aujourd’hui comme demain.

Exploded View – Lost Illusions


Tracklist
1. Lost Illusions
2. One Too Many
3. Orlando
4. Call On The Gods
5. Disco Glove
6. Stand Your Ground
7. No More Parties In The Attic
8. Lark Descending
9. Gimme Something
10. Beige
11. Killjoy
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