Les filles de septembre (6) : Siouxsie pour l’amour du crime

SiouxsieEn voilà une étrange fin mais que voulez-vous ? On nous a tellement reproché d’avoir voulu appâter la clientèle avec des jeunes filles sexy et tout juste pubères qu’il faut faire taire la rumeur : Sun Burns Out aime TOUTES les chanteuses et aussi les cougars, les sex grannies et les castafiores post-gothiques. Et puis Siouxsie Sioux n’a pas d’âge.  58 ans à l’état civil et alors ? La chanteuse avait disparu de la circulation. Son dernier album, le pas mal Mantaray, est sorti il y a 8 ans et à part deux titres avec le compositeur Angelo Badalamenti (pour une BO), elle n’avait pas donné signe d’activité artistique depuis longtemps. Et puis c’est reparti, comme tout repart tout le temps.

Septembre sonne la fin des haricots et le début des récoltes futures. C’est la clé de l’automne. S’éteindre pour mieux rallumer le feu. Siouxsie Sioux est revenue. En octobre 2014, elle avouait travailler sur de nouveaux morceaux dans une interview. Et le 29 août (disons début septembre), était diffusé le dernier épisode (le Season Finale, comme on dit chez les hipsters) de la série Hannibal sur lequel figurait LA NOUVELLE CHANSON de Siouxsie Sioux composée avec Brian Reitzell. Mais qui c’est Brian Reitzell ? Un compositeur de musique de films et série américain, qui a bossé, entre autres choses, sur Virgin Suicides et les autres films de Coppola fille, sur Red Riding Hood (un film hypercool au demeurant), et sur la série Hannibal justement. Donc Siouxsie et Reitzell sont sur un bateau et le second dit à la première : « Tu aurais pas un titre pour le Season Finale de ma saison 3 de Hannibal? » Et Siouxsie dit : « Hannibal ? Waoh, trop super la série. La vie de ma mère que j’en suis… » Alors le gars dit : « Siouxsie, je t’écris une chanson et je te l’envoie par la poste si tu veux ou même par internet via la messagerie. Tu me files ton email perso, y a pas d’entourloupe?  » Siouxsie fait « ok. Et je pourrai la réécrire un peu et changer le texte comme je veux ? » – Bah oui. – Tope là. » Love Crime était né. Une bluette à l’échelle de la série mais dixit Reitzell toujours « il s’agissait d’offrir aux fans une chanson pour les remercier de leur intense fidélité, un truc pop, inoubliable« . Et vlan, Love Crime, parce que la série parle d’amour et de crime (ne jamais chercher trop loin) et puis le résultat est chouette. Pas forcément aussi chouette que l’interlude de 1994 avec Morrissey mais bien langoureux, inquiétant et tire-sève sur les bords. Siouxsie est la fille de septembre qu’il nous faut. Sensuelle, précise, crépusculaire. On manque de vraies femmes gothiques. Pas des petites gothic girls en maillot de bain et tatouées jusqu’aux genoux. De l’authentique, du genre à dormir avec des chauve souris vampires dans une boîte de chaussures en écoutant du Placebo Manson. Sa voix enivrante rend cette sorte de générique iconique, « anatomical and physical » comme dit le texte, et l’on se sent aussi excité que Bill Grundy en décembre 1976, après avoir un peu picolé. A un cheveu près, on se laisserait presque tenter par le coffret DVD, si notre religion nous autorisait à regarder des séries télé.

Le 20 septembre 1976, Siouxsie montait pour la première fois sur scène et se rendait compte qu’elle n’avait absolument aucune chanson à jouer…. Histoire de meubler, elle récitait des poèmes et des prières qui étaient tout ce qu’elle avait alors en mémoire. Cela ne l’empêcha pas de produire une vraie impression sur le public venu voir les Sex Pistols et The Clash. Juste avant Vic Godard s’était produit avec Subway Sect mais tout le monde s’en fout. Ce jour là est probablement l’un des plus importants pour l’histoire du rock indé féminin. Le vrai jour où tout a commencé. L’heure H. J zéro. 20 septembre 1976. C’est une date qu’on ne retrouve pas encore dans les bouquins d’histoire. Le concert de Siouxsie au 100 Club Punk Festival organisé par Malcolm Mc Laren dura une vingtaine de minutes. Il n’y en avait à l’époque pas une de trop. Avec ses 4 minutes et 25 secondes, ce joli Love Crime montre que, comme tout le monde, elle a perdu un peu le sens de la mesure. Pour le reste, les choses n’ont pas changé.

Il n’y a pas assez de jours en septembre pour rendre hommage à toutes les filles qui chantent. Les gars de décembre ont tout faux. December boys got it bad. Et nous aussi.  I loved you, well, never mind / I’ve been crying all the time. Fallait pas commencer.

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7 Comments

  1. says: Carl

    C’est plutôt curieux de voir un article sur elle où pas une seule fois le nom de son groupe n’est mentionné. Siouxsie And The Banshees, vous connaissez ? Vaguement peut-être. Il est vrai que Benjamin Berton, ne connaît point ce groupe ou si peu; on se souvient de ses petites saillies en carton pâte lorsqu’il officiait sur Fluctuat. Manque de pot pour lui, Siouxsie and the Banshees est un des groupes les influents de ces 40 dernières années, plus influent encore que Cure.Mais ici les Banshees sont associés par on ne sait quel raccourci, ou disposition d’esprit de l’auteur, à Placebo et Marilyn Manson avec l’affreux adjectif gothique accolé. Erreur encore, Placebo ne cite pas en interview Siouxsie mais le groupe préféré de Benji, Cure comme leur ultime référence tout comme Marilyn Manson du reste. Cure, un groupe pour lequel Benji n’a jamais utilisé le qualificatif gothique. Problème de cécité sans doute.

  2. says: Alfredo

    Il ne s’agit pas de moi, David. Le dénommé « Carl » a été censuré aussi : agissait-il en « troll » lui aussi ? Je ne crois pas. Plus grave : vous m’avez fait une promesse (la revoici en toutes lettres : « écrivez-la votre chronique de cet album des Pixies et on la publiera ») et j’attends qu’elle soit tenue. Benjamin Berton n’est que la victime collatérale de votre malhonnêteté.

  3. says: woovee

    Benjamin Berton fait dans la misogynie la plus rance qui soit: associer Siouxsie aux cougars, les sex grannies et autres castafiores post-gothiques. Chapeau bas l’artiste. Quand l’avait dit un intervenant précédent, Benjamin Berton est un fan de Cure membre du forum apinkdream: le jour où un détracteur de Siouxsie comme lui raillera Robert Smith sur sa musique gothique et son look gothique, il pourra être pris pour un journaliste.

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