Manuel Bienvenu / Amanuma
[Sphère France]

Manuel Bienvenu - AmanuraSur l’étagère, peu d’albums peuvent prétendre trôner à côté de ceux de The Sea & Cake dont l’univers puise ses racines dans le même terreau.

Mais tordons le cou immédiatement à la seule remarque fondée qui pourrait être formulée par certains à l’encontre de Manuel Bienvenu : s’il est un compositeur inventif et cultivé, un musicien agile et polyvalent, il ne présente pas des qualités vocales semblables à celles de Sam Prekop pour moduler le ton. Ce disque, comme ses deux précédents albums, est ainsi indéniablement une œuvre francophone quand bien même les textes sont en anglais – excepté un titre qui n’est d’ailleurs pas interprété par Manuel Bienvenu. Le parisien a pris le parti d’égrener la plupart du temps les paroles avec application, jouant sur le contrepoint d’une instrumentation qui se montre parfois véloce.

Il y a donc souvent deux dynamiques qui se croisent au sein d’un même morceau, entre une ligne de chant au petit trot et de fantastiques mélodies musicales qui carambolent dans une grande richesse organique ou qui se font emportées par une rythmique intenable. La forme s’adapte au fond, puisque ici l’habituelle structure couplet-refrain est toujours transcendée. Pour réussir à donner vie à ses compositions, dont on n’est pas prêt de se lasser tant elles fourmillent de créativité, Manuel Bienvenu a profité de l’aide d’une douzaine de musiciens, dont la plupart déjà croisés chez BedAmanuma présente de fait des ressemblances avec les albums de Benoît Burello.

Pour autant et malgré le nombre impressionnant d’instruments employés, point de démonstration éreintante et si on notera des inflexions jazz au détour de certains arrangements ou dans la structure de quelques parties instrumentales, la retenue est de mise pour servir la mélodie. Sur cette base, la production est limpide – l’écoute au casque en révèle la pureté.

Alors même si l’album aurait gagné à se conclure après le contemplatif Shoegrease, et ainsi nous dispenser de la fatigante figure de style, Café Gitane et la savante reprise de Michael Mantler (Seventeen), qui rompent la magie en fin de parcours, Amanuma est de ces albums qu’on prendra plaisir à écouter aujourd’hui, comme dans dix ans, quand le brouhaha général nous fatigue.

Tracklist
01. Landscape
02. Churrigueresque
03. Capital Crowns
04. Call The Devil
05. North Marine Drive
06. Polarised
07. Years To Run
08. Bulb
09. Dark Gardens
10. Summers In Submarines
11. Shoegrease
12. Café Gitane
13. Seventeen
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