Marble Sounds et Pieter Van Dessel : Pop et Partout

Pieter Van DesselLes bons compositeurs pop viennent d’une planète à part comme les peintres et les grands joueurs de foot : ces types ont des yeux derrière la tête, des yeux qui passent à travers les murs, des yeux dans les oreilles qui n’en font pas pour autant des créatures de Jérôme Bosch ou de complets extraterrestres. Ils savent à l’instinct ce que vous pensez et ce que vous avez de plus cher dans la vie Les compositeurs pop sont des connaisseurs hors pair de la biogéographie du cerveau. Dans leur domaine, cela veut dire qu’ils savent quelle musique et quelles notes vous devez écouter pour qu’elles s’insinuent au fond de vous et ne vous laissent plus respirer, si bien que vous chanterez leurs mélodies bien après qu’elles aient disparu. Ces types sont à leur façon des experts absolus dans ce qu’on appelle désormais le Mind Management (la manipulation mentale – peut-être est-ce que vous avez lu la BD de Matt Kindt sur le sujet – vous devriez si ce n’est pas le cas). Les compositeurs pop peuvent envoyer des gens au Paradis ou en Enfer avec une chanson de deux minutes.
Au sein du Bénélux (cette construction étrange qu’ils ont inventé après la Seconde Guerre Mondiale pour décrire de petits pays exotiques dont les français n’ont rien à f***), Pieter Van Dessel est l’un des meilleurs chanteurs et compositeurs de pop music. Son groupe Marble Sounds a rendu l’année 2016 meilleure (et elle en avait besoin) avec son album Tautou. Marble Sounds est probablement le meilleur groupe de pop traditionnelle que vous entendrez cette année et Pieter Van Dessel, qui signe tous les titres, a fait sur ce troisième album un travail admirable. Tautou est gracieux et délicat. C’est un album subtil et qui modifie votre perception du temps. Changer la perception du temps (de l’époque même) est exactement ce que doit et peut faire la pop à son meilleur : elle transforme le temps en émotions. Elle change le temps en amour et en mélancolie. La pop peut changer votre vie quotidienne et vous faire croire que le monde dans lequel vous vivez n’est pas aussi désastreux qu’il en a l’air. Dans le pays de nos rêves, Pieter Van Dessel aurait rejoint les Avengers (ou les Beach Boys) à la place de Spiderman (ou d’Al Jardine). Peu importe l’idéal : Marble Sounds reste un beau champion poids coq du rock indé. Pieter Van Dessel est un type charmant. Il est temps de l’écouter causer de lui et de sa musique, du temps qui passe et d’Audrey Tautou.

English version below

Comment ça se passe avec Tautou, votre nouvel album ? Les critiques semblent bonnes. Est-ce que l’accueil est à la hauteur de vos espérances.

Je me défie toujours de formuler trop d’espérances. Je me l’interdisais d’ailleurs complètement après avoir sorti un premier EP et les deux premiers albums. Mon objectif était de terminer l’album. Ce qui arrive ensuite ne m’appartient pas vraiment. Mais quand j’ai mis la dernière main à Tautou, l’album m’est apparu si juste et spécial que j’ai pensé que cet album pourrait faire et devenir « quelque chose ». C’était assez difficile de dire ce que ça signifiait ou ce que je mettais derrière ça mais j’ai senti quelque chose de particulier. Je ne m’attendais pas à des ventes phénoménales ou à remplir des stades entiers mais j’ai réalisé alors que c’était probablement la chose la plus réussie que j’avais faite jusqu’ici et j’espère que de nombreuses personnes sont aujourd’hui de mon avis.

Tautou sort huit ans après le premier EP que vous avez publié sous le nom de Marble Sounds. Le chemin a été long jusqu’à ce troisième album ?

Non, cela ne m’a paru si long. Il n’y a que lorsque je regarde les photos d’il y a huit ans que je me dis que le temps a passé.

Il s’est passé quelque chose autour de vous autour de l’album précédent, Dear Me, Look Up. Les vents sont devenus favorables. Vous avez eu un nombre de vues sur youtube incroyable et il y a eu un buzz énorme en Belgique et aux Pays Bas. C’était nouveau pour vous de toucher ainsi du doigt le succès ou ce qui en tient lieu ?

En fait, il ne s’est pas passé grand-chose quand l’album est sorti en mars 2010. Et puis, 9 mois plus tard, au moment de Noël, nous avons sorti un quatrième single, Leave A Light On. Et immédiatement, nous avons senti que ce single était différent. Le morceau s’est mis à passer sur toutes les radios de Belgique. C’est devenu un vrai hit sur les ondes aux Pays Bas. Et on a eu des tas de propositions pour des shows et des concerts. On a eu droit à un été de festivals, plus d’un an après la sortie du disque. Et oui, ce type de succès était à la fois nouveau et presque inespéré. Comme le disque passait énormément à la radio, nous avons invités dans des tas d’émissions de télé avec des célébrités du monde flamand, des gens vraiment populaires. C’était assez bizarre par moment mais aussi drôle et fascinant. J’ai adoré ça.

Est-ce que cet engouement tardif a modifié votre façon d’aborder le travail sur ce troisième album ?

J’ai eu la chance d’écrire la plupart des chansons avant que Leave A Light On ne devienne un tube en Belgique. Entre la sortie de Dear Me Look Up et la sortie de ce quatrième single, j’ai eu le temps d’écrire et d’enregistrer la grande majorité des démos de l’album à un moment où je n’avais pas vraiment la pression.

J’ai eu un peu peur en découvrant le premier single, The Ins And Outs, car j’ai trouvé que la chanson était beaucoup moins personnelle que ce que vous aviez fait avant. C’est un morceau qui sonne très « mainstream » à votre échelle. Est-ce selon vous une fausse impression ou est-ce qu’il y a bien un son particulier sur ce titre ?

Pour moi, ce morceau n’avait pas vocation à être un « gros single » mais une sorte d’introduction à l’album. Il introduit les éléments clés de l’album : le piano, les cordes et la batterie qui est aux commandes…. C’est bien sûr le premier morceau du disque et ce n’est pas non plus une coïncidence. Et c’est accessoirement la chanson préférée de Geert de Zealrecords, le label qui nous accompagne depuis nos débuts, et qui place nos chansons sur la playlist des radios !

Commencons par le début et les choses importantes ! Vous êtes amoureux d’Audrey Tautou ? Quelle est l’histoire derrière le titre ? J’espère au moins que vous lui avez envoyé l’album et qu’elle a réagi….

Non, je n’ai pas le béguin pour elle. Mais j’aime beaucoup son charisme et sa beauté. Elle représente la naïveté et l’innocence que j’aime. Les films dans lesquels elle joue sont généralement très colorés et oniriques, idéaux et pleins de fantaisie. C’est d’une certaine façon, aussi le monde de Marble Sounds. Tautou est aussi un très joli nom. C’est un mot qui sonne bien et cela a son importance. Non, je ne lui ai même pas envoyé l’album encore. Je ne suis pas sûr qu’il lui parviendrait. Et elle penserait peut-être que je suis fou d’elle ou que je suis un dingo, un maniaque, qui sait ?

Je trouve aussi qu’Audrey Tautou ou ce qu’elle représente incarne assez justement la façon dont sonne la musique de Marble Sounds. Bienveillante et sexy, sensuelle et intime mais jamais agressive. Une beauté hors du temps, à la fois moderne et classique. Cela vous convient ?

Je suis heureux que vous aimiez aussi le titre. Avant la sortie de l’album, pas mal de gens m’ont dit qu’ils trouvaient le titre étrange, et ce d’autant plus que l’album ne parle pas d’elle. Mais j’étais déterminé et sûr de mon coup. En un sens, j’aimais bien cette idée d’un titre particulier et qui ne plairait pas forcément à tout le monde.

Audrey TautouComment est-ce que Marble Sounds fonctionne en tant que groupe ? Est-ce que les musiciens qui travaillent avec vous ont un impact sur les chansons ? On a l’impression que vous aimez aussi être surpris et accueillir des invites en studio…

On travaille toujours de la même manière depuis nos débuts. J’enregistre des démos et parfois celles-ci intègrent des repères pour la batterie, les riffs de guitares et les lignes de clavier. Mais parfois, elles sont justes vides et le groupe doit tout remplir. Dans les deux cas, les musiciens ont une grande importance car ce sont eux qui donnent aux chansons leur tonalité. Et oui, j’aime qu’il y ait aussi des éléments de surprise. De temps en temps, j’essaie de faire en sorte qu’une chanson n’aille pas forcément dans la direction qu’on imaginerait la plus évidente pour elle. J’essaie volontairement de l’emmener ailleurs. C’est le cas de Present Continuous sur l’album. Je ne voulais pas qu’elle sonne comme une chanson pop jouée par un groupe de rock de 5 personnes. Parfois, c’est le contraire, je veux qu’on entende le groupe et jouer comme un groupe de rock. J’étais comme cela même quand je n’avais pas encore de groupe derrière moi. En 2008, j’ai enregistré et joué sur le premier EP avec l’idée que j’étais un groupe de cinq personnes à moi tout seul !

Il semble à l’écoute du disque que vous avez eu plus de moyens pour enregistrer cet album et que vous avez donc eu plus de temps pour travailler en studio. Le son est plus profond, plus travaillé et plus complexe. Vous confirmez cela ?

Je voulais que l’album sonne comme autre chose qu’une « collection de chansons ». C’est pourquoi j’ai tenu à ce qu’il y ait des cordes sur tous les titres et aussi choisi de ne pas jouer de guitare dessus (c’est Gianni qui s’en charge), seulement du piano et des claviers. C’est un album qui a effectivement coûté plus cher que le précédent. Il faut dire que notre premier album, Nice Is Good, a été réalisé avec très peu d’argent. J’ai tout fait moi-même à la maison. Il y avait donc une marge de progression ! Sur Tautou, on a fait équipe avec Jasper Maekelberg (Faces on TV) qui a fait les enregistrements principaux pour la batterie, la base, les cordes, le piano et ce qu’il restait de guitars. Il a aussi mixé l’album.

KVS

Vous pouvez nous dire un mot de K.V qui est vraiment une chanson splendide ? Quelle est l’histoire de K.V ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ces initiales ?

Cette chanson parle de Kathrine V. Switzer. Je ne la connaissais pas avant de tomber par hasard sur une photo étrange en noir et blanc : une coureuse de marathon y était poussée en dehors de la course par un officiel, tandis qu’un autre coureur la poussait dans l’autre sens. Cela m’a intrigué et je me suis documenté sur l’histoire de cette photo. La coureuse de marathon s’appelait Kathrine V. Switzer qui s’était engagée avec les initiales K.V Switzer au marathon de Boston en 1967. En ces temps-là, les femmes n’avaient pas encore le droit de participer à une telle épreuve qui était réservée aux hommes. Mais comme Kathrine avait utilisé ses initiales, aucun officiel ne s’en était rendu compte qu’il s’agissait d’une femme, jusqu’au moment bien sûr où elle a pris le départ de la course. Et c’est pour cette raison qu’un officiel essaie de la chasser de la course (littéralement !) sur la photo. Mais il n’a pas réussi et Kathrine a ainsi été la première femme à commencer et à finir le marathon de Boston. Il a fallu attendre quelques années encore pour que les femmes aient le droit de s’aligner sur la course.

Certaines chansons sont construites de façon très ambitieuse. Comme de petites symphonies. Vous vous confrontez aussi à des sujets plus graves ou élevés comme le temps qui passe, l’univers, la fin du monde. D’une certaine façon, l’album est aussi plus inquiet et concerné par le monde dans lequel on vit. C’est mélancolique et les textes sont peut-être plus sombres que la musique qui les accompagne. Vous êtes d’accord avec ça ?

Un album de Marble Sounds n’a jamais un message unique et transparent. Chaque chanson a des choses à dire qui sont différentes. La première partie de l’album parle de la persévérance, du besoin d’être actif, en mouvement. Elle parle du changement et des nouveaux défis qu’on peut ou doit se donner. C’est un thème qui n’est pas nouveau chez Marble Sounds mais il a pris de l’importance sur cet album. La cinquième chanson, Present Continuous, est une ode au désir. Puis l’album devient plus mélancolique. Cela démarre avec Tout Et Partout, une chanson sur les gens qui se séparent mais qui continuent de penser l’un à l’autre. Les paroles ont été écrites par un ami à moi qui vit à Montréal et qui s’appelle Jean Baudouin. C’est la première fois que quelque d’autre m’écrit des paroles, mais il a tellement de talent qu’il pourrait tout aussi bien m’écrire tous mes textes à l’avenir ! Mais malheureusement, je crois qu’il a au moins autant de peine et de difficultés à écrire des paroles de chansons que moi !

Sur l’album précédent, vous avez fait une reprise de Sophia, Ship In The Sand. Vous êtes fan de Robin Proper-Sheppard ? Est-ce parce que vous avez des points communs comme celui d’être inquiété par pas mal de choses ?

J’adore Sophia depuis leur premier album. Et puis ce groupe a une importance particulière dans ma vie personnelle. Le premier rendez-vous que j’ai partagé avec celle qui est devenue ma femme, c’était un concert de Sophia au Botanique à Bruxelles. Je l’ai ensuite demandé en mariage lors d’un autre concert du groupe… au même endroit.

Vous avez rencontré Robin Proper-Sheppard à Bruxelles ? Je sais qu’il y a vécu un moment…

Oui, nous nous connaissons et il vit toujours là-bas. Quand nous avons sorti la reprise de Ship In The Sand, je sais qu’il l’a trouvé très bien et il me l’a fait dire. Et puis plus tard, je l’ai rencontré. Il est venu nous voir jouer à Gand et aussi à l’Ancienne Belgique à Bruxelles et nous avons discuté après.

Vous diriez que vous êtes quelqu’un d’optimiste au sujet de la vie et de la nature humaine ?

Oui, résolument optimiste. En même temps, je suis très conscient de la fragilité de l’existence et j’ai tendance à toujours imaginer les pires scénarios. Mais j’essaie de m’en tenir à une sorte de « carpe diem ». Jouis du temps présent. Et je relativise énormément (un peu trop souvent).

Je voulais insister sur les deux derniers morceaux du disque qui se complètent remarquablement bien. Est-ce que vous les avez enregistrées en même temps et surtout est-ce que vous aviez le dessein d’emblée de les jouer à la suite sur le disque ?

Pour moi l’ordre des titres est essentiel et particulièrement en ce qui concerne les premières et dernières chansons. Je veux que les gens écoutent notre album en boucle. Au final, je voudrais qu’il ait tellement aimé le disque qu’ils éprouvent le besoin de le réécouter immédiatement. C’est pour cela que je place souvent mes chansons favorites à la fin du disque. De cette manière, on a l’impression que l’album est bien meilleur dans son ensemble. Si vous mettez toutes les meilleures chansons au début, vous retenez que l’album a quelques bonnes chansons mais qu’il est un peu faiblard ou constitué de pas mal de chansons de remplissage !

(How It’s going to) end était bien sûr un choix évident en tant que dernier morceau. Mais il nous arrive assez souvent de démarrer le set live par cette chanson. De toute façon, c’est typiquement le genre de chansons que vous ne pouvez pas mettre au milieu d’un set ou d’un album.

J’aime bien poser des questions sur l’origine sociale des artistes. Que faisaient votre père et votre mère ? Est-ce que vous avez des frères et sœurs et qui vous a amené à faire de la musique ?

J’ai découvert la musique à l’école de musique de mon village lorsque j’étais enfant. Je suis le seul à jouer de la musique dans ma famille. Mes parents et ma sœur travaillent dans le domaine médical. Mon père faisait un peu de guitare quand il était plus jeune mais je ne l’ai vu jouer que très très occasionnellement car son travail lui laissait très peu de temps pour autre chose. Il est probable que j’ai attrapé le virus de la musique par son intermédiaire. Son père, mon grand-père donc, était un très bon joueur d’accordéon.

J’ai toujours cru que vous aviez suivi une éducation musicale classique….

Oui, c’est le cas mais je ne suis pas allé très loin. J’ai d’abord étudié le piano et terminé le premier cycle de 9 ans, jusqu’à l’âge de 18 ans. Je n’étais pas assez bon, ni assez ambitieux pour intégrer le conservatoire. J’ai aussi étudié la flûte, joué dans des orchestres amateurs et c’est ce qui me plaisait. Etre partie intégrante d’un ensemble plus imposant est assez enivrant. Quand j’ai eu 20 ans, j’ai fait du violon pendant trois ans. Mais je n’ai pas eu la patience d’apprendre à en jouer correctement. C’est un instrument vraiment très très difficile.

Qui étaient vos compositeurs favoris ?

Je n’avais pas vraiment de compositeurs favoris. J’aimais mieux improviser. Mais je me souviens que j’aimais bien Debussy. Quand j’étais gamin, mon disque de musique “classique” préférée était un disque de Philip Glass. C’était un best of autour de trois de ces albums dont Einstein On The Beach. C’était un disque absolument fabuleux.

synthesizer greatest volume 1 compilationComment vous vous êtes retrouvés à composer de la pop et de la musique électronique ? Quels étaient vos groupes préférés quand vous étiez ado ?

J’ai totalement craqué pour la musique électronique. Ca a été mon vrai premier amour. Je me souviens particulièrement d’une compilation sans doute un peu bas de gamme qui s’appelait Synthesizer greatest volume 1 avec des reprises de chansons de Jean-Michel Jarre, Vangelis et Kraftwerk…. Ce disque m’a familiarisé avec toute la musique électro. Je crois bien que j’ai tous les premiers disques de Jean-Michel Jarre, mais je m’en suis détaché depuis une éternité. Il y avait bien sûr le Tubular Bells de Mike Oldfield sur cette compil. C’est un type qui m’a aussi inspiré quand j’étais gamin et qui, depuis 20 ans, a produit des choses tellement immondes !

Parlez nous de Plastic Operator. Vous avez signé quelques grands singles et deux albums avec Mathieu Gendreau ? D’où venait ce groupe ?

Nous étudiions tous les deux la production audio à l’université de Westminster à Londres et nous avons écrit le single Folder. L’animateur et DJ de la BBC Rob Da Bank l’a sorti sur son label Sunday Best et c’est comme cela que tout a commencé…

Vous étiez dans la culture club à cette époque ? Vous buviez, vous sortez, etc.

Pas du tout. Je ne sors jamais dans les clubs et les boîtes. C’était quelque chose de très très exotique pour moi quand nous sommes parvenir à percer sur cette scène là avec Plastic Operator. Je suis allé dans des fêtes, dans des soirées, des endroits où je n’aurais jamais mis les pieds sinon.

Est-ce qu’on peut espérer un autre disque de Plastic Operator ou est-ce que vous êtes tout entier dédié et accaparé par Marble Sounds ?

Nous ne sommes pas officiellement séparés. Mais je suis clairement du côté de Marble Sounds aujourd’hui et probablement pour les années qui viennent.

Vous composez encore de la musique électronique chez vous ?

Parfois je compose de la musique pour des publicités. C’est mon travail. Et il est important de pouvoir, lorsqu’on fait ça, composer toute sorte de morceaux. S’il faut faire un morceau électronique, je le fais et je m’amuse bien en le faisant. Je travaille aussi avec un ami hollandais sur un groupe électronique avec des influences hip-hop. Mais on ne se voit pas très souvent et le processus est très lent. Je suis sûr qu’on sortira quelque chose ensemble un jour, quand le moment sera venu.

Quand vous avez formé Marble Sounds en 2007, c’était quoi l’idée ? Faire un groupe pop ?

Je voulais juste composer la musique qui était la plus proche de moi à cette époque. J’aime les groupes américains comme Pinback, Wheat et Sparklehorse. Ce genre de musique indé ne pouvait pas coller avec ce qu’on faisait sur Plastic Operator alors je me suis inventé un autre vecteur pour développer ce répertoire.

Vous avez mis pas mal de temps entre le premier single et le premier album. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Juste quelques années en fait. Pour moi, c’était le temps nécessaire pour faire en sorte de démarrer sur quelque chose de bien. Je me donne généralement trois années entre deux disques pour faire la meilleure musique possible et aller au fond des choses.

Quand est-ce que vous avez décidé que Marble Sounds serait un groupe plutôt que Pieter Van Dessel solo ?

Ça ne s’est pas posé. Je n’ai jamais pensé sortir un disque sous le nom de Pieter Van Dessel. Je n’avais pas suffisamment confiance en moi pour imaginer seulement cette option. Je préférais me cacher un peu.

Quelle est votre ambition pour le groupe aujourd’hui ? Vous aimeriez devenir un groupe populaire en Belgique ou internationalement ? Parfois vous avez l’air un peu timide mais vous semblez avoir gagné en assurance sur scène…

J’ai appris à gagner en assurance sur scène et à me sentir tranquille. Maintenant j’adore vraiment être sur scène et je suis en manque quand nous ne sommes pas en tournée. Mon ambition est devenue principalement de donner des concerts et de jouer notre musique devant de plus en plus de gens. Et si c’est en dehors de la Belgique, c’est tout aussi bien. Mais on verra. On ne peut pas forcer le destin. Et comme je dis toujours : si tu n’attends rien…

Quel genre d’homme êtes vous quand vous n’êtes pas en studio ou en tournée ? Vous travaillez à la maison ? Vous êtes très famille ?

Je travaille principalement à la maison ce qui fait que oui, je suis très présent auprès de ma famille. Je ne joue pas dans d’autres groupes que Marble Sounds, ce que font d’autres musiciens. Et je ne suis donc pas en tournée très très souvent. J’aime bien travailler dans mon studio à des heures qui sont plus ou moins régulières. Je compose donc de la musique pour des films et des publicités. C’est plutôt un bon équilibre : je suis mon propre patron et je peux vivre de la musique tout en faisant en sorte que la pression sur Marble Sounds soit minimum.

Qu’est-ce que vous projetez dans les mois qui viennent ? Des concerts donc…

Cette année nous avons joué en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Turquie. L’année dernière, nous sommes allés au Koweit, et nous avons aussi joué en Chine. Je suis persuadé que d’autres aventures nous attendent. Lorsque le deuxième album est sorti, je me suis tout de suite atteler à Tautou. Cette fois-ci, avec la sortie de Tautou, je ne ressens pas la même urgence de m’y remettre. Tautou est vraiment une étape importante pour moi et je ne suis pas encore complètement certain de ce que je veux dire et faire ensuite avec Marble Sounds, quelle histoire on va raconter après celle-ci. Je profite de l’instant sans me torturer l’esprit sur l’étape d’après. Je dis ça mais cette semaine, j’ai enregistré quelques nouvelles démos…. Je crois bien que je ne peux pas m’en empêcher !

Good pop composers are from a different planet like major football players or painters : they have big see-through eyes, eyes everywhere and eyes in your ears which isn’t just a Jerome Bosch fantasy nor another alien theory. They know from instinct what is inside your head and have a perfect intuitive knowledge of brain geography. As far as it gets, it means they know how to make music sound so you can’t escape it and have to sing the melody long after they are dead and gone. Those guys are experts in what we now call Mind Management. (maybe you’ve read Matt Kindt’s comics, otherwise you should) They can send people to Hell or Heaven within two minutes and thirty seconds. Mostly Heaven but it depends on how good they are.
Within the Benelux, this strange entity they’ve invented sometime after WWII to describe some exotic small countries French don’t give a sh*t about, Pieter Van Dessel is one of the best pop singer and composer. His five piece band Marble Sounds has made 2016 a better year (and you know it needed it so much) with his album Tautou. Marble Sounds is the best indie pop you’ll probably hear this year and Pieter Van Dessel has done a wonderful job on this one LP. It is full of grace and delicacy. It is subtle and time changing. Time changing is exactly what pop music is due to. It can make your heart beat differently and it can get as far as to break it. Pieter Van Dessel can change Time into feelings. He can change Time into love and melancholy. He can help you face your everyday life and think it is not such a mess. In our dream world, Pieter Van Dessel would have join the Avengers (or the Beach Boys) instead of Spiderman (or Al Jardine). Nevermind, Marble Sounds is also a real indie lightweight band, though he has mostly lost his guitars on that one. And he is a great man so it is time to let him have a say about things done and gone and Audrey Tautou.

How is it going with Tautou? The LP has received mostly good reviews …Does the reception meet your expectations?

I’m always careful with expectations. I didn’t dare to have them after releasing the first EP and the two first albums. My goal was to finish the album and what happens after that is not in my hands anyway. But when Tautou was finished, it felt so right and special that I thought that this album could become “something”. Although i couldn’t exactly pinpoint what… i didn’t expect huge sales or full stadions, but i thought this album is the best thing i’ve ever done (artistically speaking) and i hoped more people would agree.

Tautou is out something like 8 years after your first EP under the name Marble Sounds. Was it a long way to this 3rd LP? Have you seen time pass during those years ?

Yes, it doesn’t feel like a long period of time. It’s only when i see pictures of 8 years ago that i think it’s a long time!

We felt something had happened with your previous LP, Dear Me, Look Up. Something in the air was favorable. There was so many views on youtube and what seemed like a “buzz” in Belgium and Nederlands, etc. Was it new for the band to contemplate success as a palatable thing?

Not much happened when that album came out in march 2010. But 9 months later, around Christmas, we released a fourth single, Leave a light on. Immediately we realised this single was different. It’s been played on all radio stations in Belgium, and it was a radio hit in the Netherlands too. Suddenly we could play shows again, and we had a great festival season more than a year after the release. That kind of success was new, yes. And since the song played on commercial mainstream radio stations as well, we were invited to shows with Flemish celebrities. It felt weird sometimes, but it’s been fun in the first place. I enjoyed it.

I guess, because of that, there were higher expectations around you with this 3rd LP. Did it change something to the way you’ve started working on those new compositions?

I was lucky that i wrote most of the songs before leave a light on became a hit in Belgium. In between the previous album and that single there was time enough to write demos for this album. No pressure there.

I was afraid at the time when the first single The Ins and Outs was out because I found the sound and this particular song were less intimate and personal than what you used to do. It is a song which sounds very “mainstream” in a way. Was that single special to you sonically or is it just a false impression I got?

I didn’t think of that single as the big single, but more like an introduction to the album. I think in a way it introduces us to key elements of the album: the piano, the strings, the driving drums… It’s the first track of the album too: no coincidence. And it’s the favourite song of Geert of Zealrecords (Note : their label since their beginning), who plugs our songs to radio stations.

Let’s start by the beginning on this one, then we ll talk about you…. Are you in love with Audrey Tautou ? What is the story behind the title? I guess you’ve sent her the LP…. Did you get any reaction ?

No, i don’t have a crush on her. but I do like her charisma and beauty. She has that innocence and naivity which i like too. The movies she plays in are very colourful and dreamy and full of fantasy. I think that’s Marble Sounds’ world too. Tautou is also just a great name. The sound of a title is important too. I didn’t send an album yet. Not sure it would reach her. And she might think i’m obsessed with her and that I’m a creep, who knows!

It’s funny because Audrey Tautou sounds to me the perfect role model to embody what your music sounds like. Kind and sexy, sensual and intimate but not aggressive. Timeless beauty, both modern and classical. Would it suit you ?

Glad you like the title! Before the album came out, some people told me it was a weird title since the album is not really about her. But it felt right to me. And in a way i wanted a particular title, and it didn’t have to please everyone.

How is Marble Sounds functioning as a band ? Is the band important to your way of composing ? It seems you like to get surprised in the studio and bring guests etc.

The process didn’t change much since the first LP. I make the demos, and sometimes they include key drum patterns, guitar riffs and keyboard lines, but sometimes they’re empty and the others fill in. But in both cases everyone colours the songs.
You’re right, i like an element of surprise, and sometimes i block off a song from influence before recording them. Present continuous on the new record is a song like that. i didn’t want it to sound like a 5-piece-rock band. But sometimes i want a song to sound like a band playing it. Even in the days when i had no band. Back in 2008 i recorded and played the EP with a 5-piece-band in mind.

My impression on The Ins and Outs, first, then the rest of the album was you had more money to spend, more time in the studio this time. The sound is deeper and more complex to my ears. Was it the case ? What have you tried to build sonically ?

I wanted more than just ‘a collection of songs’ on one record. That’s why i decided to have strings on every song, and to play no guitar on this record (Gianni plays guitar, of course), but only piano and keyboards. And yes, our album cost more than the previous one. But i have to add that our first album was made with hardly no budget. I recorded Nice is good myself. so there was room for progress. With Tautou we teamed up with Jasper Maekelberg (faces on tv) who did the key recordings like drums,bass, strings, piano and guitars. He also mixed the album.

Can you tell us a word about K.V which is really an amazing song? What’s the particular history of that song? What does K. V refer to?

The song is about Kathrine V. Switzer. I didn’t know her until i saw a black & white picture of a strange situation: a female marathon runner was pushed out of the race by an official, but a guy running next to her pushed him back. I checked the story and it intrigued me. The female runner was Kathrine V. Switzer who enrolled with her initials K.V. Switzer to the Boston marathon in 1967. in that year it was still forbidden for women to participate. but since she used her initials the officials weren’t aware of the fact that she was a woman! until she started running of course… that’s why an official tried to push her out of the race (literally!). But he didn’t succeed and Kathrine was the first woman ever to finish the Boston marathon. A few years later women were allowed to participate.

It seems you’ve tried to build here more ambitious songs than before. Like mini pop symphonies. You’ve tacled higher subjects such as time passing, universe, stars, end of the world. The whole LP is seeing you getting worried about the world we live in, about Time passing. It is quite melancholic and probably darker than the music itself tends to express it. Am I Right ?

A marble sounds album never has one clear message. Each song stands on its own. But in general the first half is about persevering, about being active, about changing and looking for new challenges. it’s a theme that’s not new in marble sounds, but it’s very present now. Then the fifth song, present continuous is my ode to desire. And then the album gets more melancholic, first of all with Tout et Partout, a song about people who broke up but still think of each other. Those lyrics were written by my good friend from Montreal, Jean Baudouin. it’s the first time somebody else writes my lyrics, but he’s so talented he can write all the songs in the future! Unfortunately writing lyrics is a painstaking process for him, just like for me.

You had made a cover of Sophia on the next LP. Are you a fan of Robin Proper-Sheppard ? It could be you two have a few things in common, such as this being worried about stuffs?

I’m into Sophia since their debut album. Sophia is also very connected with my personal life. My first date with my wife was a sophia show in le botanique in brussels. And i proposed her after another Sophia concert at the same place.

Have you met him up in Brussels ? I know he used to stay there for a while.

We did, yes. He still lives in Brussels. When we released ship in the sand i knew he loved our version. So we were in touch. Later i met him. He saw us live in de vooruit (ghent) and the ancienne belgique (brussels) back then and we talked afterwards.

Would you say you are optimistic about life and human nature?

I am, yes. at the same time i know how vulnerable life is and sometimes i think about worst case scenarios. But i folllow the “carpe diem”-principle. And i tend to put everything in perspective (maybe too much sometimes).

I wanted to insist on the 2 last songs of the LP which are completing themselves remarkably. Did you record them at the same time? Was it planned to have them both close the LP before you entered the studio ? How did you get the running order ?

For me, the order is important and especially the first and last songs are crucial. i want people to listen to our album in loop. At the end i want them to have enjoyed the record so much that they want to listen again. Maybe that’s why i often put my most favorite songs at the end of a record. That way the album works better as a whole. If you put all the best songs at the beginning, the album can sound like a few good songs with a lot of fillers.
(How it’s going to) end was an obvious choice as the last track. Although we sometimes start the show with that one. it’s that kind of song you can’t really put in the middle of a set or album.

I like questions about social background. What were your mum and dad doing? Any brothers and sisters? Who brought you to music?

It started with music school in my hometown. I’m the only one playing music in my family. My parents and sister are in the medical sector. My father used to play some guitar when he was younger but i saw him playing very occasionally since his job didn’t leave much spare time. But i definitely have the musical genes from him. His father (my grandfather) was a very good accordeon player.

I’ve always thought you had been through a classical musical education. Am I wrong ?

I did, but not on a high level. i studied piano in the first place, and completed the course of 9 years, until i was 18. i wasn’t good and ambitious enough for the ‘conservatoire’. i also studied flute, played in some amateur orchestras and i really enjoyed it. Being a tiny part of a big ensemble is a great feeling. When i was 20 i picked up the violin for three years, but didn’t have the patience to learn to play it properly. It’s such a hard instrument.

What were you favorite composers?

I didn’t have big favorites. I liked improvizing more. Although i remember enjoying Debussy. As a kid my favorite ‘classical’ cd was Philip Glass. it was a best of of 3 albums, including his Einstein on the Beach. Absolutely beautiful.

How did you start playing pop and electronic music ? What were you favorite bands as a teen?

Electronic music was my first love. I remember a cheesy compilation called “synthesizer greatest volume 1” with covers of tracks by Jean-Michel Jarre, Vangelis and Kraftwerk … that cd introduced me to a lot of electronic stuff. I think i have the complete early discography of Jean-Michel Jarre, but i lost track of him since a long time. Mike Oldfield’s Tubular Bells was on that compilation too. He inspired me so much as a kid… unfortunately the last 20 years he released some terrible stuff…

Can you tell us about Plastic Operator? You’ve achieved a few great singles (and 2 LPs) with Matthieu Gendreau ? How was the band born?

We both studied Audio Production at Westminster University in London and made a single called Folder. BBC Radio DJ Rob da Bank released it on his label “Sunday Best” and that’s how things got started.

Were you into club culture at the time? Drinking, going out, etc.

I never got into clubbing. So it was very exotic for me when we hit that scene with Plastic Operator. I went to places and parties I never would have gone.
Will there be another run with Plastic Operator or is the band on hiatus and your whole time working on Marble Sounds now?
We never split up but it’s clear that my mind is on Marble Sounds these years.

Do you still compose complete electronic songs at home?

Sometimes I make music for commercials and if in that job it’s important to be able to tackle a lot of genres. So if there’s need for an electronic track it’s fun to do that. I’m also working with a friend from the Netherlands on something electronic with hiphop influences, but since we don’t see each other often, it’s a slow process. But i’m sure we’ll release something later, when the time is right.

What was the idea with forming Marble Sounds in 2007? Was it a way to express your taste for classical pop music?

I wanted to play the genre of music that was the closest to me. I’m a fan of American bands like Pinback, Wheat and Sparklehorse. Those indie songs didn’t fit in Plastic Operator so i needed a vehicle for that repertoire.

There was a lot of time between first single and first LP. What did happen then?

Only a few years though. To me it’s a necessary phase to make the best debut you can. I give myself 3 years in between albums, to make the best LP we can.

When did you decide Marble Sounds would be a full band and not Pieter Van Dessel solo ?

It wasn’t a decision ‘cause releasing stuff as “Pieter Van Dessel” was never an option. I think i wasn’t confident enough to see that as an option. I preferred to hide myself a bit.

What is your ambition today with the band? Would you like to develop it as a popular band? Belgian Band or International Pop band…. Is it something you wish? You look a bit shy sometime…. But you are very easy on stage.

I learnt to be easy on stage. Now i really enjoy playing live and I miss it when we’re not touring. So the ambition is to play live for many people. And if that’s outside of Belgium: great! But we’ll see. You can’t force everything. And as i said: low expectations…

What kind of man are you when you are not in studio ? Do you work at home? Are you a family man? What do you like besides music ?

i work at home which makes me a partly a family man. i don’t play in other bands like a lot of musicians, so i’m not on the road that much. i prefer working in the studio with more or less regular hours. i compose music for film and commercials. it’s a great combination: i’m self-employed, can make a living with music while keeping the commercial pressure on Marble Sounds to a minimum.

What are your next plans ? Intensive touring I guess ? Other things ?

This year we played in Belgium, The Netherlands, Germany and Turkey. Last year we were in Kuwait, and we played in China. i’m sure there are other adventures around the corner. When the second album came out, i started working on Tautou immediately. Now with tautou just out, i didn’t have the urge to work on new stuff. i feel Tautou is an important step, i’m not sure yet what i want to say next in marble sounds’ story. i’ve been enjoying the moment, without thinking about the next step. but this week i made some new demos…I guess i can’t help it!

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