Metro Verlaine / Cut-Up
[Hold On / Wagram Music]

7 Note de l'auteur
7

Metro Verlaine - Cut-UpFin 2016, Tequila Sunrise était un titre plutôt bien senti : Metro Verlaine y affirmait certes une filiation explicite avec l’axe cold-wave / post-punk (comme tout le monde aujourd’hui, du reste), mais le groupe, à l’instar de Requin Chagrin, ne donnait jamais l’impression de piocher dans sa jeunesse gothique. Au contraire : trop mature pour s’adonner au péché de la révérence, Metro Verlaine s’avançait avec certitude, affirmation, et talent.

Initialement destiné pour 2017, Cut-Up, premier album aussi redouté qu’attendu, exigea donc un laps de travail bien plus long que prévu. On comprend pourquoi : au-delà d’une nécessité à confirmer les espoirs placés en Tequila Sunrise, la formation d’Evreux a pris le temps d’affuter son univers, de réfléchir à un Lp qui ne se jaugerait pas dans l’immédiateté mais qui survivrait aux années. Résultat probant : personnel, superbement produit par Charles Rowell, dans un français revendiqué (sans poésie ni baratin, sans frime ni jolies phrases), Cut-Up mériterait une hype beaucoup plus explicite – pour une fois qu’un premier album français, même sous influence, procure fraîcheur et vérité.

Pas question d’embêter Metro Verlaine sur la question du passéisme (un titre s’intitule Richard Hell – c’est clair ?). Car ici, les fantasmes teenagers sont suffisamment ingurgités pour que l’étape adulte réussisse à les exploiter avec pertinence, dans un besoin musical n’ayant finalement rien à voir avec l’allégeance béate. « J’irai crever à Manchester », planifiait le single avant-coureur Manchester : l’hypothèse supplante l’affirmation, la rêverie mortuaire (ou gorgée de spleen) ne revendique rien sinon la possibilité de.

Et l’on voit bien ce qui différencie aujourd’hui les petits malins des bons musiciens : les premiers chantent un présent qu’ils ne connaissent pas mais qu’ils font semblant de vivre (frustration égocentrique), les seconds envisagent l’avenir avec un romantisme maintenant inquiet car inapproprié à l’époque. Metro Verlaine, et c’est aussi pourquoi Cut-Up est un si bon disque, appartient, of course, à la seconde catégorie. Celle des flippés.

Tracklist
01. Polaroïd
02. Manchester
03. La vague
04. Ballade sauvage
05. Crash !
06. Tequila Sunrise
07. Richard Hell
08. Hate
09. Codeïne
10. Crocodile
Écouter Metro Verlaine - Cut-Up

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