Mick Harvey s’intoxique avec les femmes de Gainsbourg

Mick HarveyOn ne sait pas pourquoi la sortie de l’album a été repoussée de quelques mois mais c’est tant mieux car on avait oublié d’en parler jusqu’ici. Prévu pour début novembre, c’est finalement fin janvier que sortira la 4ème et dernière des adaptations/traductions de Gainsbourg par l’ancien Bad Seeds Mick Harvey. Dénommé Intoxicated Women, l’album chez Mute Records, se concentrera cette fois sur les adaptations de duos, féminins pour la plupart, qui occupèrent pas mal notre vedette française dans les années 60. En guise de teaser, le label a livré ce Baby Teeth, Wolfy Teeth, (pas très) connu ici sous le nom de Dents de Lait, Dents de Loup, mais assez sympathique.

Au programme de cette initiative qui nous occupe (comme lui) depuis quasiment 20 ans, on retrouvera ainsi une version des Sucettes (All Day Suckers), une très attendue relecture en… allemand de Je T’aime Moi Non Plus avec la chanteuse ultra hot hot hot Andrea Schroeder, ainsi que la célèbre Poupée de Cire, Poupée de son. Ich Liebe Dich (ich dich auch nicht…). Vous non plus ? Des Petits Boudins aux Amours Perdus, il y a suffisamment de joyaux originaux pour que Mick Harvey s’amuse et nous divertisse avec son habituelle classe et sa nonchalance de crooner aviné. Pour ceux qui connaissent les volumes de la série, Intoxicated Man étant le plus fameux (on peut toujours trouver le tome 3 sorti en début d’année dans les bons supermarchés du disque), les versions de Mick Harvey sont intéressantes à plusieurs titres. Par leur fidélité aux originaux souvent. Et par leur patine club, ensuite. Au piano, sans les outrances stylistiques et les sautes d’humeur (passionnantes) du Grand Serge, elles affichent une allure plus homogène qui leur donne une densité supplémentaire. Les plus exigeants diront que la qualité de Gainsbourg reposait aussi sur sa façon de sauter du coq à l’âne et de faire n’importe quoi. Ce n’est pas faux. Trop respectueux peut-être, Mick Harvey traite chaque chanson comme s’il s’agissait d’un classique, perdant parfois en cherchant à leur conférer une noblesse académique, la pétillante légèreté de certaines folies de Gainsbourg.

On ne boudera pas notre plaisir néanmoins. A côté des traductions de Brel de Scott Walker, ces quatre albums figureront dans les livres d’histoire (de la variété française) comme les plus précieuses et appliquées transcriptions de la pop française en langue anglaise. Rien que pour ça, Harvey mérite la Légion d’honneur des mains d’Alain Juppé, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron enfin de qui vous voudrez.

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