Parra for Cuva / Majouré
[Lenient Tales Recordings / La baleine]

Même si quelques morceaux étaient déjà disponibles sur la toile, c’est en 2014 que le nom de Parra for Cuva circule un peu partout pour la première fois, à l’occasion d’une reprise de cette scie indémodable qu’est Wicked Games de Chris Issak (voir ci-dessous). Voilà une carte de visite qui aurait pu griller Nicolas Demuth. Mais il s’est bien tiré de ce périlleux exercice et les portes se sont ouvertes pour lui aux quatre coins du monde avec une tournée internationale à la clé. On comprend aussi à l’écoute de son premier album ce choix connoté et référencé. S’il n’est âgé que d’une petite vingtaine d’années, l’Allemand affectionne pourtant des sonorités qui étaient particulièrement prisées dans les années 90. Quand on découvre Majouré, on pense aussi immédiatement à des productions électroniques plus anciennes, mais sans pouvoir immédiatement les identifier tant elles sont bigarrées et réappropriées. Bien éduqué et malicieusement inspiré, le garçon a suivi une formation classique de piano et montre de vrai talent de « soundmaker ». L’album se révèle être un petit chef d’œuvre de production contemporaine. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter Champa, sur lequel le chanteur indien Monsoonsiren donne la réplique à une jolie guitare tout en piquée comme chez Tycho. Ou encore We Could, lorsque une cascade de harpe rebondit sur un cliquetis délicat. Majouré fourmille ainsi de détails organiques qui scintillent par la limpidité des sonorités et la grande délicatesse des arrangements. Une belle découverte.