Sillyboy ou le petit génie de l’électro-pop grecque

SillyboyLa Grèce est sous les feux de l’actualité. La situation politique et économique du pays est à la une du monde entier. C’est peut être le moment de s’intéresser à ce que ce pays produit peut être de mieux : la musique. Et dans cette scène musicale en ébullition, Sillyboy nous propose une électro-pop stylée et subtile, intelligente et enchanteresse. Rencontre avec ce musicien-producteur talentueux dans sa ville d’Athènes.

Quand as-tu commencé ta carrière musicale ? 

Cela fait déjà presque vingt ans maintenant. J’ai débuté vers 96-97. Avec un ami, nous avons formé un groupe électro dans le style de 2 Many DJ’s : Expect Medecine. Ce groupe n’existe plus désormais, Sillyboy lui a succédé, en 2010. Depuis, j’ai sorti trois albums : Played cette année-là, Nature of things en 2012 et Stalker l’an dernier.

Tu es à la fois musicien et producteur. Ces deux aspects de ton métier sont-ils aussi importants l’un que l’autre ?

Oui, les deux sont importants. Parfois tu as juste envie d’écrire, à d’autres moments de t’occuper d’autres artistes. La balance entre les deux n’est pas toujours évidente. J’aime pouvoir faire les deux. Après, que je compose ou produise pour d’autres ,je travaille toujours de la même façon. Rien n’est laissé au hasard, je suis un control-freak. Je produis ou remixe des groupes, rarement des groupes électro-pop, genre dans lequel j’évolue, car cette scène est toute petite à Athènes. Je produis plutôt des groupes rock ou folk dont tu n’as sans doute pas entendu parler car ils ne sont pas très connus. Quel que soit leur genre musical, je ne travaille qu’avec des groupes dont j’apprécie la musique.

Vis-tu de la musique ?

Oui, j’ai cette chance même si c’est parfois difficile. J’arrive à vivre grâce à la musique que je compose pour la télé grecque mais depuis la crise, les commandes ont diminué. La télé n’a plus d’argent, les boites de production non plus.

La crise touche également le monde de la musique ?  

Bien sûr. Elle a tout contaminé. La crise, tu la sens partout, dans tous les domaines. Tu vis avec. La musique se vend moins cher qu’avant et pour les labels indépendants c’est particulièrement difficile.

Tu penses que Syriza a fait de bonnes choses dans le domaine de la culture depuis leur arrivée au pouvoir ?

Je ne sais pas si cela va aller mieux ou être pire encore. En ce moment, chacun fait ce qu’il veut, dans son coin, pour lui même. La Grèce est dans le total « do it yourself ». Je suis néanmoins optimiste pour la suite mais je pense que ce changement politique doit venir des gens eux mêmes. Syriza fait un effort pour la culture depuis leur arrivée au pouvoir mais cela va être un long travail, qui ne se fera que pas à pas.

Les groupes grecs sont d’ailleurs assez politiques.

La plupart, oui, mais surtout les scènes hip-hop et punk. Les groupes punk sont souvent dans la mouvance anarchiste.

Les groupes grecs sont nombreux et talentueux et évoluent dans des styles très différents. Comment ressens-tu la scène grecque ?  

La scène grecque est toute petite. Souvent, les gens qui vont aux concerts dans telle ou telle scène sont les gens qui la composent. Cela est vrai pour la scène garage, la scène psyché ou la scène électro. Et en plus, souvent, ces scènes sont fermées sur elles mêmes même si depuis quelques années elles ont tendance à s’ouvrir les unes aux autres et que le public va de plus en plus souvent voir des concerts dans des genres différents.

Quel est le genre musical qui marche le mieux en Grèce ?

Dans le milieu rock, ce qui marche le mieux en ce moment c’est le style stoner. Un groupe comme Planet of Zeus commence à vraiment bien marcher.

Et dans ton style musical, l’électro-pop ?

J’aurais tendance à dire que cette scène est encore plus petite que les autres. Je ne sais pas pourquoi le public grec va aux concerts des groupes électro-pop étrangers mais pas à ceux des groupes grecs. Je trouve cela un peu étrange. En même temps, je tourne peu, par exemple je n’ai que quatre concerts prévus cet été.

Comment composes-tu ?

J’ai mon propre studio dans ma maison en banlieue d’Athènes. Souvent, je commence par écrire les paroles avant la musique. Je joue de tous les instruments sur mes albums. Après d’autres musiciens, des amis jouent sur mes disques, un bassiste, un batteur. En live, nous jouons comme un vrai groupe, guitare-basse-batterie, pas d’analogique.

Quelles ont été tes influences musicales ?  

Fleetwood Mac m’a beaucoup influencé pour les mélodies, sinon Bowie. Plus récemment, John Martyn dont j’aime beaucoup les paroles, la façon de chanter.

Tes paroles ne sont pas influencées par le contexte social grec ?

Si, je trouve. Mes paroles sont sociales. Je les écris ainsi. Simplement, elles ne sont pas dans un premier degré social. Je les écris de manière plus abstraite, plus complexe.

Andrew Weatherhall a dit le plus grand bien de toi. Vous vous connaissez ?

Non. Il avait travaillé avec un label pour lequel j’avais produit et j’ai su par eux qu’il aimait ma musique mais nous n’avons jamais eu l’occasion de nous rencontrer. Il faut dire malheureusement que je joue assez peu à l’étranger même si mes disques sont distribués partout dans le monde. J’ai joué récemment en Macédoine mais cela reste assez rare.

A quand le successeur de « Stalker »  et comment sonnera-t-il ?

Je vais débuter la production du prochain album cet hiver. J’ai déjà des morceaux prêts. Cet album s’inscrira dans la continuité de Stalker dont j’étais satisfait au niveau sonorité. C’est ce que j’aime actuellement, je ne vais pas subitement changer de genre !

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