Soccer Mommy / Clean
[Fat Possum / Differ-Ant]

7.5 Note de l'auteur
7.5

Soccer Mommy - CleanTout sent ici le mal-être de cette jeunesse américaine qui n’en finit pas de s’autodétruire à force d’ennui désabusé, d’horizon sans ligne de fuite. Sophie Allison pourrait être glamour, mais il n’en est rien : elle se grime en adolescente mal attifée et s’empiffre en s’appliquant à développer un mauvais cholestérol. Elle pourrait minauder mais au lieu de cela elle se met en scène dans des vidéos digne de mauvaise série Z. Elle a aussi adopté le pseudo de Soccer Mommy qui frôle le niveau zéro du romantisme. La jeune femme affiche aussi bien évidemment une esthétique profondément DIY, quand bien même son premier album studio parait sur Fat Possum avec Gabe Wax à la production (qui a pourtant travailler sur le soft-rock ultra policé de The War On Drugs ou les enluminures de Beirut) et Ali Chant au mixage (Perfume Genius, PJ Harvey). Ils ont du s’arracher les cheveux pour formater tout ça et le choix du titre de l’album, Clean, est plutôt amusant de ce point de vue.

Cette fille n’a manifestement pas de plan de carrière, ou alors elle le réfute et s’accapare une posture slacker qui peut faire mouche – comme l’on fait en leur temps Pavement, Sebadoh ou Dinosaur Jr. Car c’est bien de ce côté-là qu’il faudra chercher les parents de la gamine. La nonchalance en étendard et les maux de l’adolescence derrière cette « coolitude » de façade.

Soccer Mommy a traîné ses fonds de culotte dans l’ombre des groupes de Nashville, en enregistrant comme elle pouvait ses petites compositions mal fagotées dans le secret de sa chambre. Quelques clicks plus tard, le tout circulait sur la toile jusqu’à ce quelqu’un ait l’idée de les compiler (Collection – Fat Possum – 2017) et de l’envoyer en tournée avec Slowdive ou The Drums. On l’imagine seule avec sa grande guitare et ses fringues trop larges avant le show des mastodontes… Mais c’est parce qu’elle a réussi à surpasser sa timidité et ses doutes, que les états d’âme de la demoiselle ont désormais le droit de transiter à travers le monde. Tout va bien vite dans ce monde pressé, mais fort heureusement, Sophie Allison a gardé cette fraîcheur et cette spontanéité qui font toute la saveur de ses compositions sur Clean. Elle ouvre l’album dans le plus grand dépouillement sur Still Clean et on sait immédiatement qu’il n’est pas possible de douter de ses talents d’écriture comme d’interprétation. Sophie Allison dispose de cette voix parfaite, claire et fragile, vibrante et immanquablement mélancolique qui métamorphose une simple pop-song à guitares, dans le plus pure registre indie-rock américain, en brûlot romantique. Ca tient à vraiment pas grand-chose et d’ailleurs, niveau instrumentation, son backing band sait faire ce qu’il faut : juste l’essentiel. Pas le moindre plan démonstratif, pas d’arrangement de cordes ou de synthés. Du rock simple, sans bander les muscles inutilement mais avec un peu d’intensité quand il faut. Comme pour son compatriote Day Wave, On pense à mille et un groupes des années 90 et probablement qu’on oubliera Soccer Mommy d’ici peu, sous les flots de nouveautés. En attendant, on se prend à réécouter Clean encore et encore, préférant l’honnêteté et la sensibilité aux postures des soit-disant faiseurs de tendances.

Soccer Mommy – Cool

Tracklist
01. Still Clean
02. Cool
03. Your Dog
04. Flaw
05. Blossom (Wasting All My Time)
06. Last Girl
07. Skin
08. Scorpio Rising
09. Interlude
10. Wildflowers
Ecouter Soccer Mommy - Clean

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