Sous le charme de Shana Cleveland, la Princesse de Sable

Shana by Rebecca BridgeOn a eu le béguin instantané pour Shana Cleveland (photo : Rebecca Bridge) il y a quelques années lorsqu’on l’a, pour la première fois, croisée à la tête du duo Curious Mystery, l’un de ces groupes de post-post musique qui avait de faux airs de Pavement et des Dresden Dolls. Maintenant, c’est une femme (un peu) importante et une compositrice (de plus en plus) reconnue dans les milieux indépendants, même si on se situe ici au cœur souterrain et palpitant d’une galaxie indépendante qu’on aperçoit à peine au télescope grand public.

English version below.

Alors que sort cet été le deuxième album du meilleur groupe de surf rock du monde, La Luz, son groupe composé exclusivement de filles, Shana Cleveland a aussi lancé au printemps son Oh Man, Cover The Ground (en écoute ci-dessous), un album de folk hors du temps en solo sous le nom de Shana Cleveland & The SandCastles. Shana est une sorte de fantasme pour n’importe quel fan de rock à guitares, l’incarnation quasi parfaite de ce que serait une rockeuse poétesse (qui ne sentirait pas le bouc comme Patti Smith). Shana est mystérieuse, divinement timide, jolie, inspirée et animée par cette dynamique forte/fragile qui fait chavirer les cœurs. Son album de folk intimiste rappelle la musique folk des années 60 et une époque où l’on pouvait regarder tranquillement le ciel, boire du thé et tirer sur un joint sans qu’on nous rappelle que la Grèce va quitter l’euro. L’album est envoûtant, entêtant et joué avec une grâce extraordinaire. C’est un album cool et divin, féminin jusqu’au bout des cordes mais pas si paisible qu’il en a l’air. A dire la vérité, nous n’avions pas été hypnotisés de cette façon par un disque débranché depuis des années. Si vous avez jamais rêvé de vous endormir sous la lune au bras (et à la queue) d’une sirène, alors cet album est fait pour vous.

C’est plutôt bizarre et risqué de sortir un album solo de folk juste deux mois avant l’album très attendu de votre groupe La Luz. Personne ne vous a dit que c’était n’importe quoi ?

Non, personne ne m’a dit que cela ne se faisait pas. Et si on me l’avait dit, je ne l’aurais pas cru. Je pense que les gens sont suffisamment intelligents pour comprendre que deux albums très différents peuvent provenir du même cerveau et sortir au même moment.

Je suis désolé de remuer ce mauvais souvenir mais cela fait deux ans jour pour jour que vous avez eu ce terrible accident de bus en revenant d’un concert avec La Luz. Comment allez-vous aujourd’hui ? Est-ce que vous et les filles avez complètement récupéré?

Ça n’a pas été facile de reprendre la route aussi rapidement après une expérience aussi traumatisante. J’aimerais dire que les choses s’améliorent jour après jour mais je ne suis pas certaine que ce soit la vérité, en ce moment notamment. Mais il faut faire avec. Je suis sur terre pour jouer de la musique. C’est quelque chose dont je suis pleinement consciente maintenant et qui est ce que je peux faire de plus naturel dans la vie. Alors je joue de la musique et cela n’est pas un choix que je peux faire ou défaire. Et puis je suis entourée par chance par des amies qui sont aussi motivées que moi par ce que nous faisons. Elles sont aussi motivées et dingues que moi et nous travaillons sur ces choses-là ensemble.

Shana Cleveland et les Sandcastles est un projet qui est plus ancien que La Luz. Vous pouvez nous dire quand cela a démarré et comment cela s’est articulé avec votre travail sur Curious Mystery jusqu’à devenir ce projet très personnel ?

J’ai commencé à travailler sur les chansons qui composent l’album de SC & The SandCastles il y a à peu près six ans. J’étais à l’époque encore avec Curious Mystery. Le processus de composition est beaucoup plus lent qu’avec La Luz et c’est intéressant de travailler sur un projet où il n’y a pas d’impératif de temps. S’il me faut dix années pour écrire le prochain album de Shana Cleveland, il n’y aura personne pour me le reprocher et ça m’ira tout autant. Avec la Luz, j’éprouve une grande satisfaction à travailler vite. Je m’assieds souvent avec une idée en tête. Je prends quelques jours pour lui donner une consistance. Lorsque j’estime que c’est suffisamment abouti, je l’amène et la joue au groupe qui va choisir ou pas de la retravailler, de l’étoffer encore. Et le tour est joué.

Avez-vous besoin de conditions particulières pour composer justement ? Comment est-ce que cela se passe pour vous ?

J’essaie d’avoir une certaine discipline lorsque je suis à la maison car j’ai du mal à écrire en tournée. Et je suis si souvent en tournée… Dans un bon jour, je travaille pendant plusieurs heures. J’écoute de vieilles chansons et je brode autour des parties de guitares. Au fil de l’eau, j’enregistre de petites idées, des riffs avec le dictaphone de mon téléphone. Et si j’ai un peu de chance, une chanson pourra émerger de tout ça.

Depuis la France, j’ai tendance à vous imaginer comme une hipster girl parfaite : en train de travailler dans une atmosphère cosy, sous le porche d’une petite maison à Seattle, du thé vert dans le mug et des légumes bio dans le réfrigérateur. Je me trompe ?

Ca serait vraiment bien si c’était la vérité. Mais ce n’est pas tout à fait ça. Je vis dans un tout petit appartement pas cher, dont des morceaux de plafond se détachent régulièrement et tombent depuis le plafond dans la salle à manager. Il y a une bonne lumière cependant. C’est très important ici la lumière, car il fait un temps pourri et gris une grande partie de l’année. J’aime cet endroit. Je suis plutôt timide et je passe pas mal de temps à traîner dans les parcs de la ville, à écouter de la musique, à peindre et même à coudre. C’est une existence confortable et plutôt agréable c’est vrai. Lorsque je suis à la maison, je chéris vraiment le temps que je passe toute seule.

Le disque évoque la pop des années 60 et 70, Fairport Convention ou Nick Drake, Bridget St John. C’est assez original et un peu désuet. Il y a un côté mélancolique mais on ne sait pas au juste si c’est un disque triste ou lumineux. Quels genres de sentiments ou de sensations est-ce que votre musique éveille chez vous ?

Ces chansons me font l’effet d’un rayon de soleil sur les paupières. Ou alors cette sensation que l’on a lorsqu’on écoute de la musique dans une pièce très sombre. Elles me paraissent très introspectives. Mais une introspection qui serait très paisible, détendue, comme lorsque vous êtes assise et réfléchissez aux grandes choses que vous allez faire. Vous vous sentez bien et vous êtes finalement plutôt à l’aise avec l’idée que vous n’aurez aucun contrôle sur ce qui va se passer. La musique que je compose est assez répétitive. La musique répétitive a ce pouvoir de vous absorber assez facilement, de vous faire plonger à l’intérieur d’elle-même. Quand vous êtes immergée, nichée au cœur de la musique, tous les autres bruits et les distractions de la vie vous paraissent lointaines et commencent à se dissoudre.

J’ai lu un paquet d’interviews de vous mais aucune ne parle de votre enfance. Que faisaient vos parents dans la vie ? Est-ce que vous avez trouvé une malle mystérieuse dans le grenier avec mille disques de surf rock ?

Mes parents sont tous les deux musiciens. Ils se sont rencontrés dans le Colorado où ma mère vivait alors. Mon père est passé dans cette ville avec son groupe. Ils se sont rencontrés. Il est revenu plusieurs fois et ils sont tombés amoureux au point de décider de voyager et de tourner ensemble. Mon père lui a appris à s’occuper de la console afin qu’elle puisse travailler avec lui, puis elle s’est mise à faire les chœurs tout en se tenant derrière la console avant de passer sur scène et de chanter pour de bon. Elle ne s’est pas arrêtée depuis. Lorsque j’étais gamine, je n’arrêtais pas de chanter et d’inventer des chansons. Je passais mon temps à enrôler mes amis pour qu’ils fassent partie de mon « groupe » (band). Je suis fille unique et j’ai passé énormément de temps à écouter de la musique et à dessiner. Mes parents écoutaient surtout de la country, du blues, de la soul et un peu de rock n’roll mais la seule chose dans tout ça sur laquelle j’ai vraiment accroché, c’était les Beatles. Ce n’est que bien plus tard, alors que j’étais déjà à la fac, que j’ai commencé à apprécier la majorité des disques qui étaient dans leur collection. C’est à ce moment que je me suis plongée dans la folk des années 60, comme The Incredible String Band.

Quand est-ce que vous avez commencé vous-même à jouer ? Qu’est-ce que vous recherchiez dans le fait de jouer de la musique ?

J’ai commencé à jouer toute petite il me semble et à écrire des chansons quand j’ai appris vraiment à jouer de la guitare, autour de l’âge de 15 ans. Je me suis alignée sur quelques « scènes ouvertes » à l’école, ce genre de manifestations où n’importe qui peut se saisir du micro. C’était lorsque j’étais au lycée. Mais je n’ai joué dans un groupe que lorsque je me suis installée à Seattle. Comme je suis assez introvertie, ce n’est jamais simple pour moi de m’exprimer devant les autres et bizarrement j’ai toujours trouvé plus facile de monter sur une scène que de parler avec des gens en face à face. Je me sens plus en sécurité sur scène, c’est beaucoup plus confortable pour moi, peut-être parce que j’ai une petite voix et qu’en me servant d’un micro je sais que les gens vont m’entendre.

Si on suit votre itinéraire, on est épaté par votre détermination et la manière dont vous avez assumé ce que vous vouliez faire : vous avez déménagé, monté des groupes, en êtes sortie, avez recommencé. Vous êtes quelqu’un qui sait ce qu’il veut…
C’est gentil de le faire remarquer ! J’ai une chance dans la vie qui est d’avoir toujours su ce que je voulais faire. Et ce que je voulais faire, c’était jouer de la musique, être une artiste et voyager. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre. Cela ne m’intéresse pas. Et c’est assez facile d’être determinée et de rester concentrée sur ce qu’on veut faire, quand les buts qu’on s’est fixés sont aussi simples et invariables.

Qu’est-ce que vous avez étudié à la fac ? Qu’est-ce que vous auriez pu faire d’autre que jouer de la musique ?

J’ai étudié la photo et la poésie. En fait, j’ai considéré que c’était débile d’étudier la musique parce que je savais que je ferais de la musique en sortant de l’école. Et je ne voulais pas m’embarrasser de trop de théories quand il s’agirait de passer aux choses sérieuses. La théorie est sûrement une bonne chose mais je savais que cela ne serait pas bon pour moi. La musique, c’est juste la meilleure façon d’entrer en contact avec les autres personnes et le monde entier. C’est probablement ce qui me donne ce côté déterminé. Ma vision des choses est très claire et très simple. Je fais juste ce qui me paraît naturel et je laisse tout le reste de côté. Cela fait gagner du temps.

Je ne trouve pas cette classification tout à fait satisfaisante mais est-ce qu’on peut dire que La Luz représente votre “moi” punk rock et sûr de vous et Shana & SC celui qui doute, est plus fragile et sentimental ? C’est une caricature…

Oh oui, je crois que c’est vraiment une caricature… Ta ! A vrai dire, je ne crois pas que l’un ou l’autre des groupes soit une meilleure représentation de ce que je suis. Ce sont deux choses qui correspondent à des moments ou à des aspects de ma vie.

Vous étiez quel type d’adolescente ou de jeune fille ? Est-ce que votre personnalité a changé depuis ces années là ?
J’étais une nerd. Je passais beaucoup beaucoup de temps à écrire de la poésie au sujet des… arbres, à écouter Bach ET Nirvana. A regarder des films étrangers. Je suis probablement encore une nerd et je ne suis pas sûre que les choses aient vraiment changé. Maintenant j’écoute Bach, Little Anne et Ty Segall et j’écris plus de chansons que je n’écris de poèmes. C’est tout.

Votre album « Oh Man Cover the Ground » a été finalisé avant que vous ne démarriez le deuxième album de La Luz, n’est-ce pas ?
Oui, quatre ans avant ! L’album a juste été remastérisé et j’ai ajouté une nouvelle chanson mais il n’a pas bougé pendant quatre années entières.

Ma chanson préférée est peut-être « Rounding The Block ». Vous pouvez m’en dire un peu plus sur cette chanson ?

Je considère que c’est ma chanson « à la Paul Mc Cartney ». Quand j’étais gamine, j’aimais les personnages bizarres qui figuraient dans les chansons des Beatles, comme Lovely Rita, Mean Mister Mustard, Sexy Sadie. Alors plutôt de faire parler un « tu » dans cette chanson, j’ai décidé d’utiliser comme sujet un de ces noms ridicules. Et ça a donné Sweet Percy Purdue.

L’idée de se faire la malle, d’aller de ville en ville est très présente sur le disque. C’est vraiment une caractéristique de la musique américaine. On ne la retrouve pas avec cette force chez les Anglais…

Oui, c’est un thème central dans la chanson américaine, depuis que la folk existe et aussi dans le blues. Les Etats Unis sont un pays si vaste. J’aime voyager aux Etats-Unis. Les différences sont tellement marquées d’une côte à l’autre, d’un Etat à l’autre. C’est assez rassurant de se dire que si la vie qu’on mène ne nous plaît pas, on pourra s’en aller et s’en inventer une autre dans un état où les lois et la culture seront différentes, et que c’est relativement facile à faire. Tu peux te réinventer autant que tu veux.

Le disque est ébloui par votre jeu de guitare. Vous avez le chic pour trouver des arrangements étranges, des réglages et des séquences qui sortent de l’ordinaire. J’ai lu quelques critiques qui critiquaient la monotonie de vos chansons. Je ne suis pas du tout d’accord. Ceux qui s’y connaissent un peu en guitares ne découvriront pas forcément une virtuose mais quelqu’un qui a une certaine technique et qui a un son original. Votre jeu de guitares est très différent de ce que vous faites chez La Luz ?

Oui, c’est très différent. Après avoir terminé le lycée à Chicago, j’ai passé une année en solitaire dans la vallée de San Fernando à Los Angeles et j’ai appris un peu toute seule à jouer du banjo, ce qui a fini par considérablement influencer ma technique de picking à la guitare. La principale différence entre La Luz et mon album solo, c’est qu’avec La Luz j’utilise un médiator tandis que j’utilise les doigts pour les Sandcastles. J’utilise aussi des accords ouverts car je pense que les accords ouverts sont particulièrement adaptés pour suggérer la notion d’évasion, dans le cadre d’une musique répétitive.

Est-ce que vous allez tourner en Europe avec cet album ?

Non, il n’y a rien de prévu d’autre que la tournée avec la Luz pour l’Europe. Mais si on me propose quelque chose, je me laisserais facilement persuader. La Luz devrait me libérer à compter de septembre 2015.

Vous avez justement tourné pour la première fois en Europe et dans le monde avec La Luz et le premier album du groupe. Qu’est-ce que vous en avez retenu de meilleur ? (Et vous n’êtes pas obligée de me dire que Paris est la plus belle ville que vous avez traversée)

La Luz a effectué deux tournées complètes l’année dernière et c’était génial. Je vais peut-être passer pour quelqu’un d’ennuyeux mais mon truc préféré ça a été de voir tous les vieux bâtiments. Seattle est entourée d’une nature formidable mais l’architecture est principalement récente et très moche ! Une nuit après un concert à Leuven, j’étais crevée et pressée de revenir à l’hôtel quand mon petit ami Will (qui voyageait avec nous) m’a convaincu de le suivre en descendant la rue jusqu’à l’hôtel de ville. Waoh ! Tout était illuminé et il y avait ces ornements, ces bâtiments gothiques. C’était incroyable. Ces sculptures étaient comme empilées les unes sur les autres. Je n’avais jamais rien vu de tel aux Etats-Unis.

Qu’est-ce que vous faites dans le bus en tournée ? Vous lisez, vous écoutez de la musique ? Qu’est-ce qui vous préserve de l’ennui ? Et pendant que vous y êtes si vous avez un conseil « musique » à nous donner….

Dans le bus, je me contente généralement de regarder par la fenêtre et de rêver éveillée. L’une des artistes que j’écoute souvent au casque s’appelle Caethua. Elle écrit une musique folk très sombre, étrange et que je trouve magnifique. Je l’écoute quasi exclusivement au casque car je suis sûre que mes amies du groupe n’apprécieraient pas trop ce qu’elle fait mais c’est vraiment quelque chose que j’adore en ce moment. Vous pouvez écouter les albums « « The long afternoon on earth », « the Summer is Over Before it’s Begun », and « Village of the Damned ».


Shana ClevelandA crush for Shana Cleveland, Princess of the Sand

We had a crush on Shana Cleveland a few years ago when she fronted the Curious Mystery band, a strange and remarkable duo making crazy post-post something music. Now she’s playing and composing for the greatest all girl-surf rock band in the world, La Luz, who is coming back with album n°2 this summer and has just written a solo folk album under her own name, Shana Cleveland and The SandCastles. She is the guitar player every man fan would like to associate rock music with and the modern embodiment of what a poetess should be: mysterious, shy, inspired and with her own strong/fragile dynamics. Her country folk album reminds us of English and American 60s folk music when we could gaze at the sky, drink tea, smoke pot and (being) play(ed) guitar without being told how bad crisis is in Greece. It is haunting, charming and magically crafted. The music is just as repetitive and comfortable as a dream should be but also a deep exploration of Shana’s mind and intimacy. It is both cool, divine, feminine, smooth but unquiet. To say the least, we had not been hypnotized by such a record for a while. It doesn’t mean we’ve put big electric guitars aside but if you’ve ever dreamt being lulled by a siren on your way to sleep, this is what you need.

It is a strange move to have this Shana Cleveland & Sandcastles CD out just a few months before La Luz 2nd album? Haven’t you got any commercial adviser who told you it was risky business?

Haha, no one told me that it might be risky actually, and I don’t think I would have believed them if they did. I think people can handle the idea of two different sounding albums coming from one person’s brain.

Sorry to remind you about this but it is almost day for day, the 2nd anniversary of this terrible bus accident you had with the band on your way back home. Have all of you girls fully recovered from the accident?

It has been difficult being on the road so much after such a traumatic experience. I’d like to say it gets easier everyday but so far I’m not sure that it has been true. Playing music for people seems to be what I’m here on earth to do, it’s the thing that feels most natural to me, so I have no choice really. Luckily I have bandmates who are as driven (or crazy) as am I and we just work through it together.

As we know it, SC & Sandcastles is an older project than La Luz. Can you tell us more about how you started with this solo project and when? Was it something you kept going through your Curious Mystery adventure as a special and very personal project?

I started playing songs in the style of the Sandcastles album about 6 years ago while I was still in my old band. It’s a slower writing process that with La Luz. It’s nice to have a project that is uninterested in time. If it takes a decade to write the next Sandcastles album that’s ok with me. With La Luz it’s fun to work quickly. I usually sit down with an idea in mind and flesh it out for a few days, if I think it’s good, I’ll bring it to the band to work flesh it out and then it’s done.

How do you work and compose by the way? I assume you are the one who brings most La Luz songs in the studio and Sandcastles is all yours of course. Can you describe the usual SC mode of composing?

I try to be disciplined when I’m home because it’s hard to write on tour, and I’m on tour so often. On a good day I play for a few hours, listening to old songs and picking apart the guitar parts, recording little ideas and riffs into the voice recorder of my phone, and, if I’m lucky, a song will emerge.

From France, I imagine you as a perfect hipster girl: working in a cool atmosphere under a cosy Seattle porch penthouse, green tea in a mug etc. Am I wrong?

That’s lovely, but not quite! I live in a tiny, cheap, apartment in an old building where chunks of the ceiling occasionally crumble down into the living room. It gets great light though (very important in Seattle since it’s dreary for much of the year) and I like it here. I’m fairly shy and mostly hang out in parks and listen to records and paint or sew. It is a pretty cozy existence actually. When I’m home I revel in alone time.

What feelings or sensations would you associate with the LP ? Is it sad or happy, or happy/sad music ?

I feel that these songs are like sun on your eyelids. Or like listening to music in a dark room alone. They feel very introspective to me, a relaxed type of introspection, like when you’re thinking about big things and are at ease with the idea that you can’t control what will happen. Repetitive music has a nice way of drawing you inside of it, and when you’re inside of music the other noises and distractions of life begin to melt away.

I’ve read a thousand interviews about you but haven’t read much about your childhood. What were your parents doing in life? Was there a secret treasure box in the attic with a perfect surf rock LP collection?

My parents are both musicians. They met when my mom was living in Colorado and my dad passed through town with his band. He kept coming though and they fell in love and eventually she started traveling with them. My dad taught her how to run the sound board so she would be useful at shows, and she sang backup vocals behind the sound board and eventually started singing on stage and never stopped. I was always singing and making up songs as a kid, and trying to get my friends to be in my « band ». I don’t have any siblings and spent a lot of time alone listening to music and drawing. My parents mostly listened to country, blues, soul, and rock and roll, but the only music of theirs that stuck with me as a kid was the Beatles. It wasn’t until high school that I started to appreciate any other music in their record collection, then I got really into 60s folk like the Incredible String Band.

When did you start playing music? And what were your motivations at the time?

Well I started playing music as a kid I guess, and started writing songs when I learned to play guitar at the age of 15. I played a few open mic type things in college, but didn’t play in a band until I moved to Seattle a couple years out of school. As an introvert I don’t always find it easy to express myself to other people and I’ve always felt more comfortable on stage, maybe because I have a quiet voice and with a microphone I know I’ll be heard.

What is fascinating for me is the way you always seemed to have been in charge of your life from a young age. You’ve decided a few moves as a student or teenage which brought you in Seattle a few years ago now? You’ve decided how and when to start new bands or disband them. You look a bit shy and discreet sometime but you must be a very strong woman with a very strong “creative instinct”…

That’s nice of you to say. I’m lucky because I’ve always known what I wanted to do in life: play music, make art, and travel around. I don’t need a lot of money. It’s easy to stay focused when you keep your goals simple.

What did you study at school and university? What could have been your career if you had not decided to become a musician?

In school I studied photography and poetry. I thought it seemed silly to study music because I knew that’s what I would do when I got out of school. And I didn’t want to have a bunch of music theory in my head, that works for some people but it didn’t sound good to me. Playing music is the best way I’ve found to relate to the world and other people. I guess I seem driven because my vision is clear, I just do what feels natural to me and I don’t spend time on what doesn’t.

It is not fully satisfying to say La Luz reflects your self-assured, feminine punk rock self and SC & Sandcastles is your intimate mode sharing inner thoughts, weakness and sentimentality, is it ? Does it sound like a caricature?

Yes, I think that sounds like a caricature. Ha!

What kind of a teenage girl were you? What has changed according to you through the years in your personality?

I was a nerd. I spent a lot of time writing poetry about trees, listening to Bach and Nirvana, and watching foreign films. I’m probably still a nerd. Not sure what has changed. Now I listen to Bach and Little Anne and Ty Segall, and write more songs than poems.

Was “Oh Man Cover The Ground” ready before you’ve started working on La Luz’ second album?

Yes, it was recorded about 4 years ago! It was remastered and one new track was added, but it was pretty much sitting around for 4 years.

My favorite song on the LP is “Rounding The Block”. Can you tell us more about this particular song? Do you remember when you found out the melody?

I always think of that song as my Paul McCartney song. As a kid I liked how there were always characters on Beatles records, like Lovely Rita, Mean Mister Mustard, Sexy Sadie. So instead of just having a « you » in that song I decided to give the subject a goofy name: « Sweet Percy Purdue ».

The idea of leaving, of moving from city to city, from one love to another is very present here along the record. This idea of moving from a place to another is typical of American indie rock and folk. We don’t have this idea of transhumance in British indie rock…

Yeah, that’s a traditional topic in American song, way back to early folk and blues. The US is so huge as a country, I love travelling here because you go through so many different cultures from one side to the other. And it’s nice to know that if you don’t like where your life is you can pick up and move somewhere else with different laws and a different culture fairly easily. You can reinvent yourself as much as you’d like.

What is amazing on the LP is your guitar playing. You are really good at finding strange arrangements and chord sequences or tuning. I’ve read a few reviews who criticized the relative monotony of your songs and they sounding all alike. I totally disagree on this. People who know what guitar playing (and guitar tuning) is wont discover a guitar virtuoso album but a very well-crafted and original sound. Was the work on this album very different from the way you play on La Luz for example ?

The guitar playing style is really different with the two bands. After graduating from college in Chicago, I spent a lonely year in the San Fernando Valley in Los Angeles and I taught myself to play banjo which ended up influencing my style of fingerpicking. The biggest difference is using a pick on the La Luz records, and fingerpicking on the solo record and using open tunings. I think that open tunings lend themselves nicely to repetitive, wandering music.

There is a highly feminine content in your prose with maternal, nourishing or water figures and a very particular way of singing (we don’t find on your La Luz work). Siren songs. Would you say you are more yourself here? No make-up. No tough girls around you.

I don’t feel that either of the bands is a more accurate representation of me, more like two different times in my life.

Will you tour with this album in Europe or will the promo be swallowed up by La Luz upcoming LP ?

I don’t have plans to tour this album in Europe, but if I was offered a good tour I could be persuaded. La Luz will be over in September.

You had your first European tour with La Luz for your first LP. What’s your best memory of that leg of the tour? (and i don’t expect you saying Paris was the best place in the world !!!)

La Luz toured over there twice last year, it was great! It probably sounds boring, but my favorite thing was seeing all of the old buildings. Seattle has beautiful natural areas but the architecture is mostly new and ugly! One night after a show in Leuven I was tired and planning to just go back to our hotel or something but my boyfriend Will (who was travelling with us) convinced me to follow him down the street to the city hall. It was all lit up, all gothic and ornate and incredible. All those amazing sculptures piled on top of each other. I had never seen anything like that in the States.

What are you doing in the tour bus? Reading, writing, watching TV ? What is your secret weapon against boredom? Can you give us a reading advice before summer? A
CD you’ve discovered and want to share with us ?

In the van I usually just look out the window and daydream. One artist who I listen to often on my headphones is Caethua. She writes gorgeous, strange, dark folk music. I always listen to her on headphones because I don’t think my bandmates would like it but it’s my favorite. Checkout the albums: « The long afternoon on earth », « the Summer is Over Before it’s Begun », and « Village of the Damned ».

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