Cet été, comme tout le monde, on s’est enquillé les huit épisodes de la série Stranger Things en deux jours. Dans sa surabondance de référents 80’s (cependant placés dans une noirceur très contemporaine), la création des frères Duffer possédait un inoubliable générique d’introduction : ambient électro façon John Carpenter (dont l’affiche du film The Thing ornait le sous-sol dans lequel les ados y concoctaient leurs plans), ce titre de SURVIVE (groupe texan alors inconnu de nos services) s’arrimait violemment dans les esprits. Drogue dure.
D’où l’envie de jeter une oreille attentive sur leur troisième album, nommé (tel un code à la J.J. Abrams) RR7349.
Mauvaise pioche : ce qui se conçoit en images peine à convaincre dans sa nudité musicale. Très daté, trop 80’s, ce disque assemble les sonorités carpenteriennes à une emphase teutonic difficilement acceptable. Pas un hasard si un morceau s’intitule Sorcerer (en référence au chef-d’œuvre de William Friedkin et à sa B.O. démoniaque imaginée par Tangerine Dream) et un autre Low Fog (Carpenter, donc) : c’est bel et bien dans la musique d’Edgar Froese que puise le quatuor texan – en y injectant des petites rasades Escape From New York et Christine.
Mais de Tangerine Dream, SURVIVE a moins retenu les atmosphères élégiaques ou inquiétantes concoctées pour Friedkin et Mann que l’héroïsme pompeux des productions Golan – Globus. Gorgé de synthés baveux, cet album se veut hollywoodien et conquérant. L’émotion y est absente, les clichés mastodontes se taillent la part du lion. Indigestion assurée au bout de trois morceaux…