The Apartments / Fête Foraine
[Microcultures]

9 Note de l'auteur
9

The Apartments - Fête ForaineEn 1996, quand parait Fête Foraine (en français dans le texte), le cours mondial de la pop délicate a plongé vers les abîmes et la côte de Peter Milton Walsh a subi une nette déflation. The Apartments, dont l’éclosion date de la parution d’un coup de maître inaugural The Evening Visits….And Stays For Years (1985), les premiers enregistrements qui paraissent dès 1979 n’ayant pas dépassé un cadre local vraiment très restreint. Alors qu’il fricota brièvement avec The Go-Betweens avant de faire quelques allers-retours entre New-York et l’Australie, puis d’échouer à Londres, c’est en France que le songwriter romantique trouve ses plus fidèles aficionados, en particulier au sein des Inrockuptibles (en particulier Emmanuel Tellier) et Bernard Lenoir qui ne cessent de vanter les mérites de Drift (1993) et A Life Full Of Farewells (1995). Paru en catimini en seulement 3000 exemplaires et uniquement disponibles via mail-order, le quatrième album de The Apartments annonçait déjà le chant du cygne scellé par Apart, publié en 1997 avant un long silence de seize ans.

Heureusement, il y a des gens aussi passionnés que pugnaces comme les activistes de Microcultures pour donner une nouvelle vie à cette Fête Foraine, qui constitue avec le recul une œuvre fondamentale dans la discographie d’un artiste majeur. Pourtant, au moment de sa sortie, l’album marque le pas par rapport à la flamboyante ambition de ses prédécesseurs : de fait, on connaît déjà ces dix chansons publiés sur ses précédents disques mais livrées ici dans une version dépouillée. Les chansons semblent manquer de coffre, sans fanfare, ni arrangements de cordes et de cuivres alors qu’on saluait jusqu’alors l’aspiration épique de Milton Walsh. Déjà, What’s The Morning For? placé en ouverture s’avance timidement, drapé d’un piano essoufflé et d’une guitare sèche tout en tension – alors qu’on connaît l’extraordinaire puissance de cette composition. Mais c’est peut-être grâce à ce parti pris radical que Fête Foraine se découvre aujourd’hui sans une ride. L’album ne souffre pas des tics de production et ne porte pas les stigmates de son temps. Tout est juste car il ne reste que l’essentiel. Quand la trompette ouvre Not Every Clown Can Be In The Circus, on croirait entendre un orchestre entier, alors qu’il n’en est rien. De même, Great Fool se résume à un trio chant/guitare sèche/trompette et pourtant la mélodie est d’une puissance euphorisante incroyable, quand Sunset Hotel avec la même formule tout juste rehaussée d’un piano malingre colle le bourdon pour le reste de la nuit. Le mixage compte un nombre de pistes réduit (même pas sûr qu’il y en ait douze !) et grâce au remastering de 2017 par Don Bartley (qui avait œuvré pour la version initiale), on apprécie mieux l’espace entre les instruments. Le chant tragique de l’Australien se détache tel un mirage de la noirceur de l’instrumentation minimale.

On n’a jamais réussi à savoir si Peter Milton Walsh était en avance sur son temps ou en retard sur son époque. Mais peu importe la temporalité, cette réédition de Fête Foraine prouve qu’il a toujours su être cet artiste classe et énigmatique qui fascine encore sur cette photo atemporelle. Vingt après, un tour en sa compagnie dans un grand huit est toujours source d’émotion.

Tracklist
01. What’s The Morning For?
02. Knowing You Were Loved
03. Not Every Clown Can Be In The Circus
04. On Every Corner
05. Great Fool
06. Sunset Hotel
07. End Of Some Fear
08. Thank You For Making Me Beg
09. Things You’ll Keep
10. Paint The Days White
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