Un groupe shaggadelic pour faire le sexe : Brooklyn Funk Essentials is back!

Brooklyn Funk Essentials © Marco Quiroga MarazzatoDepuis que Prince a arrêté d’être le plus sexy des chanteurs et le meilleur des compositeurs, depuis que les gens trouvent Jay Z et Kanye West super cools, depuis que Isaac Hayes est mort et que Lenny Kravitz…non rien…, la funky attitude a pris un sale coup de vieux, au point qu’on était régulièrement obligé de se repasser la bande originale de Shaft (avec ou sans les images, oooh yeah!) ou le coffret collector DVD de Starsky et Hutch pour faire monter notre température avant de sortir en boîte de nuit ou de partir en maraude. C’était sans compter sur le retour de Brooklyn Funk Essentials, le groupe qui peut à lui seul sauver le sexe, le funk et les musiques disco-caliente. Brooklyn Funk, c’est quatre albums indispensables jusqu’ici, dont le dernier il y a plus de six ans, un cinquième qui arrive très prochainement (le 13 novembre, chez Dorado Records) et surtout une manière de faire du funk, de la soul, de la house, du jazz avec une sensualité qui n’existe quasi plus depuis l’invention des musiques digitales.

Pour ce nouvel album, annoncé par ce premier single impeccable, Blast It, on retrouve nombre des membres originels du combo dont Papa Dee, la chanteuse Hanifah Walidah, Stephanie McKay et Everton Sylvester. Le bassiste historique Lati Kronlund qui peut être considéré comme l’âme artistique du groupe se charge de la production et nous rappelle qu’il figure parmi les meilleurs bassistes funk du moment. Avec la qualité des percussions, ce qui frappe ici c’est avant tout l’allégresse, la force du collectif et l’extrême précision des compositions. Le Brooklyn Funk reçoit des tas d’invités, des visiteurs du soir, des chanteurs, des instrumentistes qui ne font que passer mais qui immédiatement apportent leur petite contribution aux morceaux. C’est ce mode de fabrication collégial et à l’ancienne qui confère aux disques du groupe ce charme de l’ancien, cette patine sensuelle et ce petit supplément d’âme qu’il est assez difficile de retrouver ailleurs. Parmi les guests célèbres (et dont on a pas encore écouté la prestation), on retrouvera d’ailleurs la voix (posthume) d’Isaac Hayes et un featuring exceptionnel de Crystal Waters, la grande et généreuse chanteuse house. Si nous n’avons pas encore eu accès à l’album, c’est sans retenue qu’on s’en remettra au groupe et avec ce même enthousiasme désinvolte et chaleureux qu’on accueille les bonnes vibrations envoyées par ce Blast It inaugural. A l’approche de l’hiver, et pour faire face à la sinistrose ambiante, on ne voit rien de mieux et de plus utile que de se replonger dans ces sonorités psychédéliques et rétrofunk venues tout droit des années 70. Alors bien sûr, on pourra arguer que les cuivres ont un goût de crème Chantilly indigeste, que trop de couleur tue la couleur ou que tout ceci fait penser à un titre cultivé dans une vieille éprouvette Stax mais on s’en moque. A défaut de savoir danser le Harlem Shake, on se dandinera comme on peut avec notre slim à boules et notre barbe de hipster.

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