Weval / Weval
[Kompakt]

5.5 La note de l'auteur
5.5

WevalLe duo de compositeurs hollandais déboule avec un premier album qui devrait finir de les imposer au sommet de la pyramide (sociale) électronique. Il faut dire que Weval, à coups d’EPs et de titres imparables, n’en était déjà pas très loin et ce avant même d’avoir sorti le moindre album. L’emprunt d’un de leurs morceaux par Scwheppes pour une publicité a beaucoup fait pour cela, projetant Harm Coolen et Merijn Scholte Albers, les deux compères, dans une autre dimension. Pour ceux qui ne s’y connaissent pas plus que ça, on se situe ici dans un registre plutôt « tout public » de l’électro cérébrale, à savoir un espace où l’électro est à la fois répétitive et intellectualisée mais en même temps suffisamment ouverte (et commerciale) pour incorporer des motifs semi-dansants, voire quelques voix (trafiquées, cela va sans dire).

Dans ce registre-là qu’on ne fréquente pas d’ordinaire, Weval excelle depuis quelques années, ce que confirme cet album. L’intérêt de ces douze pistes est de savoir et pouvoir naviguer à la perfection entre une forme de radicalisme et probablement une volonté, tout aussi prononcée, d’ouvrir les vannes et d’intéresser le chaland (et les annonceurs ?). La légèreté du morceau d’ouverture, Intro, pose assez bien le débat. Le motif est séduisant mais également d’une remarquable élégance. C’est évidemment là que se situe la touche Weval et ce qui les distingue de compositions plus putassières et tape à l’œil comme celles d’un Moby. Ici, la subtilité est de mise même quand on aligne à la fois un motif vocal et un motif semi-tribal aussi séduisant que sur The Battle. L’électro, il ne faut pas se cacher, prend parfois des caractères lounge qu’on n’apprécie pas forcément ailleurs, mais cela reste fait avec beaucoup de retenue et de maîtrise des effets ici.

La musique de Weval est intelligente, intéressante à explorer dans ses replis et ses rebondissements mais paradoxalement un peu avare en surprises et en motifs vraiment vigoureux et emballants. Une boucle attire notre attention à la fin de Square People, une autre nous ensorcèle sur le splendide Ways To Go, notre titre préféré, mais on doit se fader pour cela des trucs aussi prévisibles et ennuyeux que Madness ou You’re Mine. Un morceau tel que Days concentre à lui tout seul les contradictions et les limites de ce premier album. Le tapis électronique introductif est sans intérêt quand on atterrit sur une belle séquence pop dont on se demande si elle est vraiment envoûtante (la confrontation de la voix féminine et des machines produit toujours un effet sensuel troublant) ou complètement bidon. On peut se laisser faire par le groupe et considérer que les intentions sont bonnes mais aussi penser qu’on peut trouver mieux ailleurs. Just In Case est agaçant mais on aime l’exigence et le caractère expérimental des deux pièces intitulées You Made It Part I & II. Weval n’est jamais meilleur que lorsqu’il ne cherche pas à minauder et à trop en faire. Ces deux morceaux, qui forment un ensemble de plus de dix minutes, sont somptueux, enivrants et exploratoires. On est ici dans une électro galactique de premier plan, à la fois tortueuse, brute et passionnante sur chaque note. Years To Build, placé en plage 12, nous achève et nous laisse quelques regrets. Le morceau, chanté, est irrésistible et constitue l’aboutissement redoutable d’une démarche qui consiste à mêler l’exigence du minimalisme électro et l’attractivité des musiques populaires. On se situe ici au croisement de l’électro et du funk, du RnB et de l’electronica, à un endroit bizarre où on ne sait plus trop si on aime ou si on déteste. Malheureusement, l’album de Weval ne nous conduit pas suffisamment à ce moment précis où nos repères sont bousculés et où notre jugement se trouble.

On est donc à peu près certains d’avoir été confrontés à un album de l’entre-deux, ni vraiment raté, ni complètement convaincant. Il faudra revoir les hollandais sur la longueur et continuer, comme on le faisait jusqu’à présent, de les adorer single après single.

Tracklist
01- Intro
02- The Battle
03- I Dont Need It
04- Square People
05- Madness
06- Ways To Go
07- You’re Mine
08- 8 Days
09 – Just In Case
10- You Made It (Part I)
11- You Made It (Part II)
12- Years To Build
Liens

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

More from Benjamin Berton
Madonna / Madame X
[Interscope]
Voici une jeune artiste dont le travail mérite une oreille attentive. Américaine,...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *