The White Birch / The Weight Of Spring
[Glitterhouse Records]

The White Birch / The Weight Of Spring Hiver 2006-2007, il ne fait pas si froid et nous tentons l’expérience d’un déjeuner en terrasse à Paris avec un ami pas vu depuis longtemps. Nous prenons des nouvelles et en venons à parler musique, découvertes, nouveautés, coups de coeur. De son côté, la réponse ne se fait pas attendre une seconde : The White Birch.
The White Birch, mais comment cela peut-il ne rien m’évoquer du tout ? Ne pas avoir écouté, c’est une chose qui est largement du domaine du possible, mais ne jamais avoir entendu le nom du groupe, j’avoue rester perplexe. Je me ravise quand, rentrant chez moi, je découvre que le groupe est norvégien et que la distribution française reste limitée. Pourtant, sans me poser de questions et sur la foi de cette seule recommandation, je commande le disque dans la semaine.

Depuis, ce disque ne me quitte plus. 10 ans d’un amour total, constant, irrévocable. Je plonge immédiatement dans l’univers d’Ola Fløttum, chef d’orchestre du groupe. C’est que ce disque a de quoi fasciner par son sens mélodique, son sens dramatique, sa production majestueuse et son spleen contagieux. Bien évidemment, je fais alors jouer la machine à remonter le temps pour écouter les trois disques précédents, où je retrouve beaucoup de choses formidables, mais pas la beauté absolue des chansons de Come Up For Air, disque adoré et inclassable (même si beaucoup le compare à tort au travail de Sigur Rós). Et puis les années passent, j’écoute toujours régulièrement ce disque mais j’en arrive à imaginer qu’il n’est qu’un et qu’aucune suite ne sera donnée.

7 ans passent et 2013 puis 2014 nous apportent quelques nouvelles : au détour de deux musiques de film (Oslo, 31 august et Blind d’Eskil Vogt), on apprend qu’Ola est au travail et qu’un album est en cours. Puis la nouvelle tombe officiellement en fin d’année 2014 et voici donc enfin The Weight Of Spring (Glitterhouse Records), cinquième album, successeur difficile d’un précédent chef d’œuvre. Difficile car qu’attendre de plus et de mieux ? Et de mon côté comment vous vendre ce nouvel album aujourd’hui ? Comment faire en sorte que vous fassiez comme moi, il y a presque dix ans, et alliez acheter ce disque dès que vous aurez lu cette chronique, sur la seule foi de ce que je vais vous en dire ?
Peut-être juste en vous proposant une méthode, celle que je propose à tous les amis autour de moi en ce moment. D’abord la base : ne pas être occupé par autre chose, ce disque dure une heure et mérite qu’on lui octroie cette heure exclusivement, du moins lors des premières écoutes, on risque sinon de passer à côté de l’essentiel, de la cohérence de « l’oeuvre ». Ensuite, d’être seul, c’est un disque qui doit s’écouter égoïstement, presque dans le recueillement, pour mieux le partager ensuite (je préconise une écoute au casque, dans le noir, pour faire simple). Et puis enfin de se laisser guider par la voix incroyable d’Ola et ce qu’elle a à vous raconter. Je pense souvent à un instrument à vents quand j’entends ce nouveau disque, on dirait que sa voix, sa mélodie pourrait être une clarinette, ou un hautbois.

Des meilleurs moments de Talk Talk (le spectre de Mark Hollis hante parfois l’album) à Nick Drake (influence qu’on n’avait pas ressentie précédemment), on reste bouche bée, les yeux humides à chaque fin de morceau. Les références s’arrêteront là, tant ce disque est complètement original, d’une maturité déconcertante, d’une sensibilité à fleur de peau, où tout parait si simple et où tout est pourtant orchestré savamment et à la note près.
Je n’en dirai volontairement pas plus car je crois que The Weight Of Spring est une expérience qu’il faut vivre et que les douze titres qui la jalonnent se doivent d’être découverts sans en savoir trop. Mais, croyez moi, si vous devez acheter un disque les yeux fermés cette année et pleurer de bonheur car la vie est dingue d’apporter des instants de musique aussi purs, alors c’est bien celui là.

Tracklist
01. New York
02. The Fall
03. Solid Dirt
04. Lamentation
05. Winter Bride
06. The Weight of Spring
07. The Hours
08. Lantern
09. Love, Lay Me Blind
10. Lay Me by the Shore
11. Mother
12. Spring
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2 Comments

  1. Cher Matthieu,
    Merci pour cette belle chronique… Je suis juste atrocement jaloux que tu aies déjà l’album en écoute, qui n’arrivera chez moi au mieux que vers la toute fin du mois…
    Star Is Just A Sun est depuis sa sortie un de mes albums de chevet, et l’annonce du prochain White Birch est mon bonheur de début d’année. Je recommande aux amoureux de cette musique les albums des Montgolfiers Brothers, notamment The World Is Flat dont le sublime morceau de fin « Inches Away » ne serait pas renié par Ola… Et il y a le side-project (à mettre en parallèle avec Portrait Of David) At Swim Two Birds dont l’album « Quigley’s Point » (2003) est assez proche de cet esprit de pure poésie mélancolique et chuchotée…

  2. says: denis

    Nous avions chroniqué d’ailleurs At Swim Two Birds en son temps :

    Et les frères Montgolfier !

    Dans le même genre, je trouve que le dernier The White Birch présente aussi des accointances avec le projet des gars de State River Widening :

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