L’actualité musicale est dense, ça n’est pas une nouveauté. Les artistes, groupes, labels, pour exister, doivent occuper le terrain et depuis plusieurs années maintenant, bien aidés par les plateformes et le streaming, n’hésitent pas à sortir entre 2 albums des tas de singles, parfois voués à rester inédits mais le plus souvent destinés à prendre place dans le tracklisting d’une future production plus conséquente. Alors comme il est difficile, pour ne pas dire impossible de parler de tout, on vous propose une petite sélection, histoire de repiquer votre curiosité ou pourquoi pas rattraper un petit loupé, ça arrive à tous le monde, rassurez-vous !
1. Slowdive – Kisses (remixes)
On en parlait il y a plus d’un an, le cinquième album du groupe de Reading montrait un Slowdive bien vivant, peut-être décevant pour les fans de la première heure, compteur bloqué sur Souvlaki voire Just For A Day alors que le groupe, dans sa première ou seconde partie de carrière a toujours montré ses capacités d’invention et d’évolution. Le lumineux single Kisses qui portait Everything Is Alive fait aujourd’hui l’objet d’une série de remixes dont le plus étonnant est signé Daniel Avery. Fidèle à son style, le DJ britannique qui entend faire vivre l’esprit de la jungle pose son beat effréné (on doit bien tourner autour des 170/180 bpm) sur le single de le plus pop du groupe et, reconnaissons-le, cela fonctionne parfaitement. Pas dit quand même que l’on en attende un album complet mais cette petite régression vers l’an de grâce 1997 quand Roni Size et Adam F se tiraient la bourre avec ce qui reste probablement deux des meilleurs albums du genre, New Forms et Colours, est tout simplement jouissive.
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2. Soleá Morente & Guille Milkyway – Ahora O Nunca
On en parlait en avril dernier, le nouvel album de l’espagnole se profile, enregistré par Guille Milkyway de La Casa Azul. Il était alors évident que ces deux artistes, sans doute les plus reconnus du label Eléfant finiraient sur un duo en bonne et due forme. Ahora o Nunca joue clairement sur les souvenirs de ces duos latinos de la fin des années 70, souvent italiens ou espagnols et qui chantaient non sans un certain érotisme désuet les amours impossibles, ceux des amants d’un soir qui s’achevaient dans une tristesse infinie. Le morceau, émouvant et délicat, laisse entrevoir le registre d’une Soleá Morente qui ne cesse de s’élargir pour découvrir de nouveaux horizons et devrait donc figurer sur les albums respectifs des deux amants d’un duo.
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3. Dog Park – Live At Heat Studio
C’est toujours en avril dernier que l’on parlait avec pas mal d’enthousiasme partagé au sein de la rédaction de Sun Burns Out du premier album des parisiens de Dog Park qui achevait de nous convaincre après une tripotée de singles annonciateurs que l’on retrouvait tous sur Festina Lente. Alors, pour ne pas trop aller dans le redite, c’est cette fois sous forme de session live enregistrée au Heat Studio à Montreuil, aux portes de Paris, que le groupe nous livre deux très jolies versions de Lalala et Kaleidoscope, issus du premier album. Le quatuor y délivre toute son infinie délicatesse qui enveloppent ces deux compositions quasiment intemporelles ou qu’en tout cas on aurait bien vues sur un label anglais de twee pop dans les années 1990. Preuve s’il en faut aussi que cette « bedroom pop » n’a rien d’une musique de chambre et s’accorde aussi à merveille du son ample d’un studio.
(Illustration: capture d’écran You Tube)
4. Morgane Imbeaud – Mistakes & Failures
On vous en a déjà parlé, les plus assidus ici se souviennent probablement de l’incroyable coup de cœur pour le magnifique troisième album de Morgane Imbeaud, The Lake, conçu entre Finistère et Puy de Dôme en compagnie du musicien anglais Robin Foster. Depuis, la clermontoise distille ce qui ressemble à quelques chutes de studio, morceaux n’ayant pas trouvé leur place sur The Lake mais qui peuvent, à un moment donné, espérer s’envoler de leurs propres ailes. On découvre donc une jolie reprise toute en douceur du tube énergique des Cardigans, My Favourite Game ou encore le tourbillonnant et émouvant Pills qui évoque de façon frontale la maladie dont la chanteuse a souffert il y a quelques années et contre laquelle elle lutte encore. Mais le morceau qui retient le plus l’attention est ce singulier Mistakes & Failures, tout un programme de nouveau. Le morceau détonne par cette superposition d’une rythmique absolument plombée et d’un texte pesant porté par la voix de Morgane Imbeaud dans son mode le plus grave et assuré tandis que des guitares complétement aériennes font littéralement s’envoler le morceau en compagnie d’un chœur d’anges. S’il est en effet assez clair que ces morceaux n’avaient pas tellement leur place sur l’album, il eut été bien dommage de les enfouir au fin fond d’un tiroir.
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5. SCHØØL – The End
C’est alors que l’été commençait à pointer le bout de son nez que l’on évoquait pour la première fois, et pour cause, le premier single d’un tout jeune groupe parisien, SCHØØL, qui prenait un malin plaisir à refaire vivre les années 90 des caméscopes et du rock bruyant, qu’il nous vienne d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique. Alors que le premier album du groupe devrait paraitre début 2025 sur le label Géographie, le quatuor dévoile un second titre, The End, à l’esprit plus brut, plus américain dirons-nous éventuellement, avec sa rythmique pesante et ses guitares acérées alors que le premier extrait nous envoyait tout droit dans l’Angleterre post-madchester. Malgré la date de péremption, on est de toute évidence face à une musique que le temps n’affecte pas et qui semble au contraire bénéficier d’un second souffle drôlement salvateur avec cette nouvelle jeunesse sonique. Mamie Kim et papy Kevin peuvent se coucher tranquille, SCHØØL a été à bonne école.
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6. Chloé Slater – Tiny Screens
C’est au beau milieu de l’été que l’on vous parlait de la comète Chloe Slater qui déboulait sur le Royaume-Uni et vous nous ferez le plaisir de vous souvenir, un jour, que la première fois que vous en aurez entendu parler de ce côté-ci de la Manche, ça sera chez Sun Burns Out. Et de toute évidence, ce jour ne devrait plus trop trainer. Tiny Screen, nouveau single à peine sorti en toute indépendance début octobre a déjà été alpagué par tous les radars britanniques et bénéficie en quelques jours du soutien officiel des plus grandes plateformes, entrant directement dans les charts d’Amazon music UK ou de Spotify UK et dans les recommandations « alt-rock » chez Apple Music et You Tube Music. Oui, cela fait mal de dire autant de gros mots dans une seule phrase mais il va falloir s’y faire, tant au poids des streamers qu’à la présence de Chloe Slater qui a tout pour elle. Tiny Screen est une sacrée chanson et la jeune femme a tout compris de la façon de concevoir un tube en 2024 : la puissance de basses décuplées par la compression numérique, une mélodie parfaite qui explose au refrain, des gimmicks ravageurs mais elle a surtout pour elle, pourtant si jeune, une voix géniale, puissante et racée. Nulle doute que la puissance des réseaux avec lesquels, c’est bien de son âge, elle joue abondamment, asseyant ainsi sa notoriété naissante, fera très bientôt de Chloe Slater la future star du rock indé anglais ; nous, on espère juste qu’elle ne laissera pas en route son incroyable fraicheur et ça, d’expérience, c’est pas gagné. Alors Carpe Diem comme on dit.
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7. Angeladorrrm – Tinc Un Desig
Enfin, on vous en parlait il n’y a pas plus tard que quelques jours, Angeladorrrm est le joli coup de cœur du moment. On savait que le groupe catalan travaillait sur de nouveaux morceaux et il n’aura finalement pas fallu attendre bien longtemps pour découvrir Tinc Un Desig (J’ai Un Souhait). Si le line-up du groupe évolue sensiblement de départs en arrivées autour d’Àngela Balcells, la musique elle ne change pas vraiment de registre et rappelle toujours avec autant de plaisir à la fois le rock américain et la pop anglaise. On pourrait penser que le croisement entre Built To Spill et Heavenly serait complétement improbable voire même contre-nature mais ça serait oublier qu’il s’agit véritablement d’une seule et même famille musicale ; on se rappelera d’ailleurs pour la petite histoire que les deux (enfin, Marine Research, le groupe post-Heavenly) avaient même partagé un split single sur K records jadis. Bref, tout ceci nous éloigne de la Catalogne mais inscrit Angeladorrrm dans une filiation plutôt sûre et passionnante. Sur un rythme saccadé qui fait dangereusement dodeliner de la tête, les guitares rivalisent et se rendent coup pour coup quand au mur du son distordu répondent des lignes virevoltantes qui tourbillonnent à l’infini sur une voix toujours aussi personnelles et enivrante.
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Avis aux promoteurs mais une soirée avec comme affiche SCHØØL, Dog Park et Angeladorrrm aurait sacrément bonne figure.