Pour leur 12ème album studio, dont la sortie a été décalée à début septembre, les Elysian Fields se mettent à l’heure chinoise. Le disque, qui est tout sauf déroutant sur le plan musical, est en effet inspiré du célèbre roman chinois Le Rêve dans le Pavillon Rouge, signé Cao Xueqin au XVIIIème siècle. Transience of Life (c’est son nom) est un album concept qui suit donc l’intrigue de ce roman-monde classique qui porte la technique de la mise en abîme et du récit enchâssé à son zénith. On se gardera bien d’en rendre compte ici (on n’a lu que des extraits et c’était il y a une éternité) mais le livre parle d’un Roc (de sagesse, de jeunesse) transcendant incarné dans un jeune homme d’une quinzaine d’années baptisé Baoyu. Dans notre souvenir, il y était question de spiritualité mais aussi de voyage dans le temps, d’éducation et d’amour. C’est à peu près tout ce qu’on en a retenu, si ce n’est que la lecture nous avait semblé infiniment compliquée et lointaine à l’époque. Il faut dire qu’on est pas très portés sur les arts asiatiques en général.
On ne sait pas trop pourquoi ni comment l’attention d’Elysian Fields s’est fixée sur ce livre là en particulier mais le résultat est plutôt intéressant. Les 11 titres du disque ressemblent à du… Elysian Fields, en mode éthéré, new age, mais sans qu’on perde de vue l’impact sensuel et le charme de Jennifer Charles, qui, avec ses qualités vocales, constitue, au fil des années, le principal atout du groupe. Les arrangements portés par la guitare éternelle d’Oren Bloedow résonnent de sonorités asiatiques, conférant à l’ensemble une texture exotique qui pourrait, avec un peu d’imagination, confiner à la nouveauté. Le disque est plus acoustique que d’habitude mais comporte son lot d’emballements et de titres plus percutants à l’image du rentre-dedans A Life Misspent qui mêle musique chinoise et rock new-yorkais à la quasi (et surprenante) perfection.
Pour une raison qu’on ignore, on ne cachera pas que cette musique nous plaît moins qu’à une certaine époque. Est-ce parce que l’effet de surprise ne joue plus ? Est-ce qu’on s’est lassés ? Transience of Life est tout de même sacrément curieux et de nature à ce que ceux qui ignoraient les récentes livraisons du groupe aillent y reprêter un oreille. La dernière chanson, The Birds Scatter To The Wood, mérite à elle seule le détour. Elle est sublime et invite à réécouter le disque avec une plus grande attention qu’on ne l’a fait jusqu’ici.