Frédérick Rapilly / New Order – Blue Monday
[Coll. Seveninches / Le Boulon]

7.5 Note de l'auteur
7.5

Frédérick Rapilly - New Order Blue MondayAuteur pour Le Boulon d’une remarquable première biographie consacrée à Mark Hollis en 2021, Frédérick Rapilly revient, chez le même éditeur, après notamment un ouvrage sur Indochine, avec un livre assez bref mais rondement mené sur le Blue Monday de New Order. En une grosse centaine de pages, le journaliste écrivain livre un ouvrage plaisant à lire et extrêmement bien documenté selon le cahier des charges de la nouvelle série seveninches qui prend l’histoire du rock indépendant par le biais des singles.

Le livre est quelque peu sur-préfacé/postfacé puisque précédé et suivi de textes de Mona Soyoc (Kas Product), Dominique Dalcan et Philippe Lomprez (Trisomie 21), pas toujours décisifs (on pense notamment au premier) mais qui permettent de resituer la sortie du single cultissime dans son époque. Le texte de Frédérick Rapilly, en plus de reprendre tout ce qu’on pouvait attendre d’un tel livre, de joyeux détails, connus ou moins, déjà rencontrés au gré des lectures sur le groupe, la Factory et toute cette époque, a le mérite non négligeable de bien positionner le morceau dans l’historicité du groupe (New Order / Joy Division), des musiques contemporaines (en en suivant l’origine et la généalogie électronique mais aussi la portée toute relative), sans en rajouter dans l’emphase et la mythologie. Si on retrouve chez lui, le caractère exceptionnel du morceau (les secrets liés à son titre, ses paroles, sa pochette bien sûr), on lit aussi avec intérêt la réception critique qui permet de relativiser la portée du morceau qui n’aura été en aucune façon une rupture avec quoi que ce soit, ni même un repère historique si particulier.

C’est paradoxalement en ne surestimant pas l’importance de son sujet que Frédérick Rapilly est le plus juste et le plus précieux. Son approche est sobre, servie par un style mi-journalistique, mi-littéraire, soigné, économe et très agréable à lire. L’auteur n’hésite pas à élargir la focale pour restituer Blue Monday dans l’écosystème musical d’une année 1983 riche d’évolutions et qui voit l’essor de la synth pop en même temps que naissent les Smiths, ou prospèrent des groupes comme The Cure, Depeche Mode, Simple Minds ou encore U2. Rapilly fait d’ailleurs un sort à la légende qui veut que Bono et Ian McCulloch aient été envisagés un temps pour remplacer Ian Curtis au chant. Le détail est amusant et côtoie plein d’autres petites informations de ce type là qu’il fait bon relire ou redécouvrir avec le sourire aux lèvres et un brin de nostalgie bien placée.

On ne prendra pas la place de l’auteur pour dire (et c’est l’objet principal du bouquin)…. pourquoi ce titre et pourquoi ce morceau… d’où il vient et où il va. Le contrat est rempli et plutôt très bien. Les experts liront vite et avec plaisir. Les découvreurs y trouveront plus que leur compte. L’enjeu de la collection se tient là : faire connaître et documenter, plutôt que flatter le savoir supposément immense de ceux qui tiennent le Manchester de ces années là pour une terre sainte et ont lu les dizaines de livres qui en recyclent la mythologie.

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