[Musique de l’intime et algorithmes #5] – Aujourd’hui, Haunt Me

Haunt Me - Wish You Were HereEn combinant les hashtags #coldwave #postpunk #tweepop #jangly #darkwave #goth-rock sur les réseaux sociaux musicaux, vous pourriez tomber vous aussi sur Haunt Me. Vive le progrès. Dans d’autres temps, il aurait fallu un article dans un fanzine à la diffusion limitée pour susciter l’attention avec une formule choc du style « Morrissey a été débauché par New Order pour chanter les morceaux pop que Joy Division n’a pas eu le temps d’enregistrer » ou pour être plus être contemporain « Motorama embarque sur le paquebot de La Croisière S’amuse en Mer du Nord ». Quelque soit le média, c’est bien putassier, indéniablement surfait, forcément réducteur, mais il faut bien achalander le client, donner des repères au curieux, faire tourner les algorithmes des moteurs de recherche et puis on ne serait pas très loin de ce à quoi peut faire penser les nouveaux morceaux du duo d’Austin.

Déjà auteur d’un bon nombre de compositions diffusées uniquement sur la page Bandcamp du groupe après seulement 2 années d’existence, Haunt Me présente un nouvel EP digital comprenant 6 titres, une nouvelle fois en autoproduction / autoproduction. On imaginait pourtant que le groupe présentait bien suffisamment de qualités et de garanties sur son implication pour être accompagné par une structure lui apportant appui technique, prise de recul salvatrice pour les choix artistiques et caution. Peut-être cela aurait-il aidé le groupe pour affirmer son esthétique (cette « pochette » …) et permis de mobiliser un peu plus de moyens de production et ainsi gagner en dynamisme et profondeur dans la construction.

Mais même ainsi, Wish You Were Here présente les qualités de ses défauts jusque dans son titre bien tourné qui ne laisse pas de place au doute quant à la tonalité du propos. Pour enfoncer le clou, le premier morceau se nomme Please Stay mais en l’écoutant, on ne pense pas à la chanson du même titre de Kylie Minogue mais plutôt au Stay de The Blue Nile puisqu’il puise aux mêmes sources d’inspirations romantiques. Ah, non, ça c’est certain, les deux Américains ne font pas de la musique pour la gaudriole. Ça fait longtemps qu’on sait que la capitale du Texas abrite des âmes tourmentées qui s’inventent un ailleurs, dans un autre temps à l’ombre de son festival South By Southwest. Haunt Me fait ainsi partie de ses groupes retro-futuristes qui se contrefichent de faire croire en une quelconque originalité et semblent hermétiques aux contingences spatio-temporelles, tout comme nos chouchous TRAITRS avec qui le duo a tourné. Leur instrumentation est basique, sans fioriture ni arrangement, mais s’accommode fort bien à la sincérité et la simplicité des mélodies. La boite à rythme impose une cadence martiale, symbolisant la frénésie extérieure sur laquelle guitares et chant s’entortillent pour exhorter le mal-être romantique des deux jeunes hommes. La formule est entendue, connue par cœur, mais on s’en repait ad libitum parce que ces sentiments sont universels et que cette sensibilité est atemporelle. On la connait depuis le premier pincement ressenti au cœur et elle nous poursuivra jusqu’au dernier souvenir de nos derniers soupirs.

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