On a écouté et réécouté Hyperboréen, le premier album d’Audoynaud, et on n’est toujours pas tout à fait remis de son pouvoir immersif, de la puissance fulgurante de cette poésie encapsulée dans un écrin mélodique et organique qui nous rappelle le charme et la force inspirante des premiers Hood, au point d’attendre avec impatience de voir et d’entendre comme ses deux architectes en chef, Pierre et Romain Audoynaud, vont réussir à l’interpréter sur scène. Autour de leur label Eaux Sombres, les deux frères ont organisé, avec leur soeur et leurs amis, une première soirée expérimentale sur leurs terres du côté de Toucy. Claire#1, c’était son nom d’appel et il semble que les choses se sont passées correctement. Vidéo, musique, arts visuels. L’ambition Audoynaud est désormais de vous plonger au coeur d’un environnement où se mêlent poésie, sons, chant, échos, ambiance, indépendance etc. S’ils seront seuls sur scène ce mercredi, après Chasseur et avant le trio Aim/Niko/Mikey D.O.N, les Audoynaud seront en réalité une multitude de mots et de notes. Incarnation pure et quasi parfaite de l’esprit de ce festival : embrassant, ouvert et fier d’y être.
Que signifie le mot “outsider” pour vous ?
Pour nous, le terme outsider évoque la marge, ce qui est à l’écart, dans l’ombre. Être outsider, c’est aussi se donner la liberté de proposer quelque chose de différent, sans chercher à s’inscrire dans un style ou un courant dominant.
Est-ce que tu penses qu’Audoynaud est aujourd’hui un groupe d’outsiders ?
Étant invités sur le festival, nous pensons que oui. Nous nous reconnaissons dans cette position d’outsider, parce que notre musique se situe à la croisée de mondes qui dialoguent rarement entre eux : la chanson, la folk avec les musiques concrètes et expérimentales voir noise.
Vous avez eu l’occasion de vous produire sur scène à quelques reprises ces derniers mois avec Audoynaud. Comment cela s’est-il passé ? Y a-t-il des choses que vous ajustez en vue du concert parisien ?
Nous avons donné trois concerts autour de Hyperboréen, c’est à chaque fois une expérience intense
Quel sera le dispositif à Paris ? Savez-vous déjà ce que vous allez jouer ?
Romain au chant, Pierre aux machines (console, pédalboard, laptop et percussions). Nous jouons les titres de notre album, que le live nous permet de revisiter, avec une part d’improvisation et des effets plus présents, plus mouvants, plus imprévisibles. Il y aura également une réinterprétation d’un morceau de Current 93, le groupe de David Tibet.
Vous évoluiez les années précédentes sous le nom de Gelatine Turner. Est-ce qu’il vous arrive parfois de reprendre des morceaux de cet excellent duo fraternel ? Ou vous l’êtes vous interdit ?
Nous ne reprenons pas de morceaux de Gelatine Turner. Ce n’est pas un interdit, mais Audoynaud est un projet à part. La différence se joue autant dans les sons — plus acoustiques, sans synthétiseurs — que dans l’écriture, désormais tournée vers le récit et le conte, là où Gelatine Turner était plus intime et introspectif.
Le programme du festival mercredi 8 est assez varié avec Chasseur et en tête d’affiche Aim, Niko et Mikey D.O.N qui évoluent dans des registres un peu éloignés de ce que vous faites. Est-ce que vous aimez cette diversité en tant qu’auditeur ?
Oui, nous aimons ces rencontres inattendues. La diversité ouvre des passages, révèle des correspondances qu’on ne perçoit pas toujours d’emblée.
Aim est passé maître dans la musique d’ambiance, le trip hop, la northern soul. Ce ne sont pas des sonorités qui sont complètement étrangères aux ambiances qui figurent sur Hyperboréen. Est-ce que vous diriez que vous faites de la musique ambient, du triphop à la française parfaite ? Ou est-ce que pour vous désormais Audoynaud rime avec organique….
L’ambient a toujours occupé une place centrale dans notre travail, déjà avec Gelatine Turner. On pourrait parler d’une forme de dark ambient mêlée à du dark folk, avec une guitare acoustique omniprésente (classique et flamenco)
Qu’est-ce que vous avez prévu avec Audoynaud et le Label Eaux Sombres ces prochains mois ?
L’objectif du label est de produire et diffuser des musiques libres, tout en partageant une sensibilité commune et en étant réalisées en Puisaye, principalement dans notre studio, le studio Sainte-Reine. Il vise aussi à favoriser rencontres et collaborations entre musiciens, tout en respectant le caractère très personnel de chaque projet. Plusieurs projets sont prévus cette année, et le label se lance également dans l’organisation de concerts et d’événements. Le week-end dernier, nous avons inauguré la Soirée Claire #1 à Toucy, réunissant des artistes musiciens et visuels proches du label.
Qu’est-ce que vous diriez au public pour venir vous voir ? Si vous aviez à développer un argumentaire…. commercial bien sûr !
Nous invitons le publique à un voyage intense et poétique.
Audoynaud sur scène le mercredi 8 octobre : Billetterie.
Photo : Charlotte Audoynaud

