Auteur jadis d’un certain nombre de chroniques chez nous il y a quelques années, le guitariste Rennais Nils Arrec continue de proposer régulièrement sur son site des chansons et des disques. Son dernier album en date fait bien sûr la part belle à son instrument préféré, la guitare, qu’il a enseignée sous toutes ses formes, et se lit comme une variation sur l’état dans lequel se trouve la planète. Autoproduit, mais néanmoins disponible en version CD, Nature Toxique est un disque 100% instrumental assez surprenant pour ses variations de genre, de tempo et d’intensité mais qui offre une palette sans doute assez complète et pour le moins intéressante des talents d’instrumentiste d’Arrec. Le folk est allègre, gracile presque et propose quelques belles pièces pleines de bienveillance et de douceur à l’image de Du Soleil à La Lune, notre morceau préféré.
La mélancolie règne sur le joli Face à l’absence, tandis qu’on s’attend à ce que Nick Drake vienne envahir le bel espace dépouillé et sobre de Marathon de sa voix céleste. Arrec déploie une vraie délicatesse et une grande sensibilité dans ses approches, jouant des accents jazz qui imprègnent sa langue, pour arrondir les angles et faire passer pour part négligeable sa technique hors pair. L’ensemble est léger, érudit et frais comme un petit vent de fin d’après-midi balaie la prairie et les premiers coquelicots.
En se débarrassant du chant qu’il pratiquait en Anglais et en Français, Arrec se recentre avec bonheur sur l’essentiel et signe avec ce disque son album le plus réussi et le plus homogène. Disque qui évoque (sans mots, ni voix donc) la planète et les enjeux écologiques, Nature Toxique peut être salué aussi pour son engagement. Ce n’est peut-être pas ce qui compte le plus ici mais cela ajoute au plaisir qu’on a à l’écouter.