One, Deux… Le retour de Blueboy

Blueboy - DeuxEn cette période de Toussaint, il n’y a pas que les corbeaux qui croassent et s’il est normal d’en profiter pour évoquer la mort et toutes les croyances qui vont avec, certains se saisissent de l’occasion pour apporter des preuves irréfutables : oui, il y a bien une vie après la mort. Bon, c’est évidemment plus facile quand on n’est pas directement décédé soit-même. Le mort en question s’appelle Keith Girdler, inoubliable chanteur de Blueboy décédé en 2007, à 44 ans, des suites d’une longue maladie ; jeune, bien trop jeune évidemment. Blueboy, groupe emblématique de la tribu Sarah records dans les années 1990, peut-être pas complétement légendaire faute d’avoir connu les tous débuts du label mais qui réussit à force de singles d’une classe déconcertante (compilés sur l’indispensable Clearer & Other Singles, 1991-1998) et trois albums magiques à laisser une empreinte indélébile sur la pop britannique des années 1990.

Il aura donc fallu 17 longues années de deuil pour que le désormais quatuor se retrouve pour donner une suite à leurs derniers enregistrements datant de 1998 avec l’album The Bank Of England. Un premier single, One, sorti en mai dernier et maintenant Deux ; trois nouveaux titres en tout et l’idée, on l’espère, d’aller encore un peu plus loin. Dorénavant centré autour du guitariste Paul Stewart et de la chanteuse Gemma Townley, le groupe explore toujours avec autant de bonheur les deux facettes de son art : d’un côté une pop vitaminée à laquelle s’oppose à chaque fois en face B un titre d’une infinie délicatesse (ici, Fading from View). Deux, ce tout nouveau single ne déroge pas à cette règle en se présentant sous les atours d’une pop ouvragée mais assez dense que la rythmique n’a de cesse d’alourdir tandis que Gemma Townley elle, fait tout ce qu’il faut pour faire s’envoler le morceau. On notera l’intrigante présence de couplets en français évoquant de façon assez naïve, mais on le disait, c’est bien de saison, la mort, l’absence et la solitude.

Le seul bémol à ces retrouvailles est qu’elles se font sur le label anglais Precious, spécialisé depuis ses tous débuts il y a 3 ans à peine dans les sorties hors de prix, ou quand il s’agit de faire revivre l’âge d’or du single en se basant d’abord sur le pouvoir d’achat actuel des kids qui avaient 20 ans en 1990 et qui sont maintenant prêts à claquer 10 £ivres Sterling (12€ sans le port) dans un 45 tours, soit plus de 4 fois le prix des singles sortis à l’époque chez Sarah records qui eux, en connaissaient et appliquaient un rayon en matière d’éthique DIY. Espérons tout de même que les nouvelles jolies chansons de Blueboy parviendront à toucher un autre public que celui de leurs vieux admirateurs fortunés.

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