Alors que l’été est à son zénith, Denis nous envoie sa troisième carte postale musicale. Les deux premières sont à (re)découvrir par ici et par là.
01 – Cold Cave – Hourglass
C’est bien simple : la ligne de démarcation entre les groupes qui s’apparentent à l’actuelle scène post-punk de ceux qui défendent une approche synthwave se situe entre Movement (1981) et Power Corruption and Lies (1983). Dans tous les cas, il s’agit de descendants de New Order parmi lesquels le duo californien Cold Cave claque de temps à autre de sautillantes adaptations contemporaines.
02 – Social Order – Sometimes
Mais avant de se déboiter un genou, Social Order annihile toute envie de danser béatement. Après des premiers pas dans le sillage de leur copain Johnny Dynamite avec une synth-pop romantique, le groupe de Las Vegas se retrouve, les nerfs à vif, à mettre des coups de tatane dans les clichés 80’s.
03 – Lurve – Run, Get Drunk & Fall In Love Again
De l’autre côté de la planète, dans un monde dont on a bien du mal à imaginer le quotidien, les russes de Lurve continuent à se débattre. Le titre de leur second album (et de ce single) résonne comme le programme de leur dérives nocturnes. Ils ont fait fi de leur amour de l’anorak-pop pour durcir très significativement le ton.
04 – Wings Of Desire – Forgive and Forget
Pour Wings Of Desire, en revanche, pas de changement majeur à l’horizon. Chloe Little et James Taylor continuent à développer une formule ultra-efficace sur leur nouvel EP 4 titres : une base rythmique toujours ultra-tendue, les Anglais roucoulent pour bâtir des hymnes à l’amour avec des chœurs énormes et des punchlines imparables.
05 – Sculpture Club – Never Have I Ever
Il faut savoir admettre qu’on ne peut jamais vraiment se remettre de l’écoute de Kiss Me Kiss Me Kiss Me quand on est un jeune adolescent en quête de romance. Donc même si Sculpture Club pourrait être taxés d’énièmes suiveurs de The Cure, cela n’empêche pas aujourd’hui de s’enivrer de ce tube bubble-gum issu de leurs 3éme album sur Born Losers Records (Night Sins, Johnny Dynamite, Korine, etc.).
06 – Castlebeat – Goodbye
Josh Hwang échafaude des chansons de bedroom pop dans l’anonymat de son appartement new-yorkais et ses productions sont diffusées au rythme d’un nouvel album tous les 2 ans par Spirit Goth sans que grand monde n’en fasse état. De temps à autre, il s’ouvre au monde et le temps d’une chanson, Sonia Gadhia l’a rejoint au sein de son projet Castlebeat. C’est tout beau tout mignon.
07 – Quivers – Oyster Cults
Il est des groupes malaimés pour des raisons inconnues. Il est déjà arrivé que Quivers atteigne nos enceintes au détour du formidable You’re Not Always On My Mind (2021). Et pour autant, je n’ai guère cherché à en écouter plus et je n’en sais toujours pas plus sur ces Australiens. Aujourd’hui, cette nouvelle balade mid-tempo révèle le même charme vénéneux qu’un vieux morceau de L’Altra.
08 – SOHN – Oblivion
Après avoir labouré des années durant tout ce que la scène néo-classique pouvait offrir, SOHN reste trois coudées au-dessus de la concurrence. Si son dernier album, Trust (2022) ouvrait une voix plus folk, l’Anglais balance un nouveau morceau dont on ne sait s’il annonce un lendemain crépusculaire. Là, alors qu’une doucereuse mélancolie commençait à nous anesthésier, une ligne de piano se fait renverser par le chant d’un ange.
09 – Cool Heat – Litte Romance
Cool Heat fait partie de ces artistes interchangeables, affublés d’un patronyme anecdotique, dont on peinerait à retrouver le nom lors d’un blind test. Pour peu, on pourrait le confondre avec d’autres projets de bedroom-pop, parmi lesquels Jaguar Sun se distingue par son optimisme quand Cemeteries pleurait sous la lune. Ici, le Chicagoan fait preuve des mêmes qualités pour trousser des mélodies ascensionnelles, se dressant sur les pédales à 2mn30 pour donner un coup de rein imparable.
10 – Male Tears – Talk To Me
Costumes et maquillages accablants, Male Tears joue avec tous les clichés du mauvais goût. Décidément, il reste une faille spatio-temporelle en Italie dans laquelle se sont réfugiés quelques zigotos qui refusent de voir le monde (mal) tourner. Ceux-là ont trouvé refuge sur le label AVANT! pour leur premier album de synthwave sur lequel Paul Buchanan (The Blue Nile) donne la réplique aux Pet Shop Boys.
11 – Washed Out – Running Away
Dans le registre régressif usités par ceux qui prône l’économie circulaire et le réemploi, Washed Out a trouvé sa voie(x) après avoir pas mal expérimenté les édifices brinquebalants du chillwave. Désormais, Ernest Greene affirme ses talents de maître d’œuvre pour les architectures électroniques, le chant trafiqué et les mélodies qui collent aux oreilles.
12 – The Reds, Pinks and Purples – All Night
Glenn Donaldson produit énormément mais jamais trop. C’est à peine croyable que ce type parvienne à délivrer autant de compositions sous son pseudo The Reds, Pinks and Purples sans tomber succomber à la redondance voire la vacuité du propos. All Night est un nouveau prodige (issu d’un énième album uniquement disponible en digital) en exposant un registre presque slowcore que l’Américain n’avait jusqu’alors guère exploré. Comme si Bedhead s’était fendu d’une reprise de Galaxie 500 en fin de soirée.
13 – Forest Fallows – Palisades
Parce que John McEntire est au générique, les algorithmes ont œuvré pour mettre Forest Fallows dans les oreilles d’un ami qui me l’a conseillé à son tour. Parce que Palisades fait grandement penser à The Sea And Cake et State River Widening. Soit autant de marottes du siècle dernier. C’est un bel instrumental à la rythmique forcément chaloupée qui emprunte en son milieu un chemin de traverse pour s’en aller gambader vers une ligne d’horizon fuyante. Le morceau pourrait ainsi se poursuivre indéfiniment.
14 – One True Pairing – Be Strong
Mais déjà One True Pairing nous cueille, avec sa guitare sèche en mode mineur et sa voix de baroudeur au cœur d’artichaut. A la première comme à la millième écoute, Be Strong est une balade dont la profondeur mélodique bouleverse, transperçant la carapace sans même avoir à bander les muscles.
