Illustration : capture d’écran du film Les Trois Visages de la Peur (Mario Bava, 1963).
Sortir le soir en concert ou boire des pintes entre amis finissent par tellement manquer qu’on en viendrait presque à convoquer sorcières et alchimistes afin d’enrayer le mauvais sort. En attendant recours à la magie blanche ou noire, et manière de ne pas s’attiser l’œil de Cthulhu, on en restera pour l’heure à l’écoute de certains titres sous influence ésotérique – en repensant à cette phrase du libraire Kazanian prononcée en 79 dans le film Inferno (Dario Argento) : « Le seul vrai mystère, c’est que nos vies sont gouvernées par les morts ». On va laisser les lampes allumées, ce soir…
Goblin – Witch
La BOF du Suspiria de Dario Argento personnifie toujours l’ambiance incantatoire préférée des adeptes de la bougie noire, du quartz rose et des algues rouge. Il est vrai que la partition des Goblin, et le film lui-même, semblaient dictés par une entité supérieure. Oui mais laquelle ?! Witch please !
Donovan – Season of the Witch
L’hymne absolu des sorcières provient cependant de Donovan. À un point tel que ce classique éclipsera souvent le reste de la discographie du musicien. George Romero intitulera ainsi l’un de ses premiers films, John Carpenter s’en servira également pour renommer l’excellent troisième volet de la saga Halloween ; et Gus Van Sant, au moment de tourner une version contemporaine du mythe de la sorcière (Prête à tout), associera la diabolique Nicole Kidman à l’étendard de Donovan.
Kate Bush – Waking The Witch
Sacré bréviaire du surnaturel que convoque ici la fée Kate : pierre autour de la jambe, merle, roses rouge, Terre Sainte de l’eau, seigneur des enfers, malédiction, incantation, messages subliminaux… La chanson la plus bizarre du chef-d’œuvre Hounds of Love. Kate Bush n’a heureusement pas vécu sous l’Inquisition !
Depeche Mode – Black Celebration
Lui-même sacrément mystique, Martin Gore ne pouvait manquer de tracer un pentacle inversé afin de conjurer son penchant à la mélancolie. Une messe noire pour célébrer le retour des jours noirs : quand la synth-pop laissait apercevoir une tendance déraisonnée à la corruption de l’âme. Martin se sent beaucoup mieux aujourd’hui.
Taxi Girl – La Femme écarlate
Dans le genre histoires atroces, Seppuku s’impose toujours comme un parangon autodestructeur. Sur La Femme écarlate, Daniel Darc convoque Aldous Huxley et Kenneth Anger, sacrifice de la vierge et visite au cimetière. De la BD pour adultes qui s’invitait chez Sabatier. On se marrait bien durant les années 80 !
Jacques Higelin – Champagne
Higelin fait son Jacques au pays des sarcophages et des marécages. Il n’empêche qu’à cette époque (82), la chanson et l’album tournaient en boucle dans l’appartement familial. Que les fans de La Salsa du démon dégagent, s’il vous plaît !
Morrissey – Ouija Board Ouija Board
Rien ne va plus pour Momo en 1990 : afin de faire revenir fissa Johnny Marr au bercail, l’ex Smiths tâte de la Spirit Board. Hilares, un peu salauds (ou trop lecteurs du NME), les esprits lui répondent par un vachard « Steven, fous le camp ! ». Tout chagriné, le Moz s’en va pleurnicher dans son coin…
Marilyn Manson – I Put a Spell on You
Plein de chansons metal, hardcore, emo qui invitent Belzébuth ou se la jouent satanistes. Tant qu’à faire, autant citer le classique vaudou de Screamin’ Jay Hawkins repris par notre ado gothique préféré (avec citation de Massacre à la tronçonneuse en ouverture, manière de bien plomber l’ambiance).
Mike Oldfield – Tubular Bells
On s’en voudrait de ne pas conclure par un hommage au démon Pazuzu et à la petite Regan de L’Exorciste. Si Morrissey avait vu le classique de William Friedkin, il aurait hésité avant de déplacer la goutte : « Ta mère suce des bites en enfer ! ». Bon, ce soir, finalement, on va boire une camomille et se coucher tôt, hein !
Illustration : capture d’écran du film Les Trois Visages de la Peur (Mario Bava, 1963).