Certains regrettent pendant toutes leurs carrières d’avoir opté pour un pseudonyme désuet ou potache dans leur prime jeunesse et se trainent un nom de scène qui ne reflète plus leurs évolutions musicales – ou pire, qui les dessert (on se rappelle encore des explications qu’il avait fallu apporter au vendeur de la FNAC qui classait Lali Puna dans le rayon.. musique du monde, à côté des disques de flûte péruvienne). D’autres gardent leur état civil, mais ce n’est guère mieux. Tiens? le dernier en date, ça doit être Roger Goula qu’on imaginerait plutôt comme milieu de terrain de la sélection nationale de foot du Cameroun qu’en compositeur de néo-classique réfrigérant.
Nicholas James Murphy, lui, avait trouvé un nom qui claque : Chet Faker.
Mais peut-être voulait-il faire plaisir à ses parents en leur montrant son disque avec son nom dessus (« tu vois, m’man, j’ai un vrai métier, mon nom est écrit dessus ») ou bien a-t-il été menacé de procès par un les ayants-droits mal-embouchés (attention, gag de jazzeux) de Chet Baker, toujours est-il que l’Australien veut qu’on l’appelle désormais Nick Murphy. Il motive l’abandon de ce pseudo par un recentrage sur lui-même – ce qu’on pourrait appeler avoir une certaine maturité.
Mais n’allez pas imaginer que le garçon a révolutionné son style pour autant.
Pour la reconversion à l’americana, le revirement zouk, ou les plans de folk psychédélique, vous repasserez. Stop Me (Stop You) qui annonce un nouvel album à paraître toujours pour le compte de [PIAS] / Future Classic semble s’inscrire de son premier album, Built On Glass (2014). En huit minutes de montée extatique, Nick Murphy se désape un peu plus à chaque break rythmique et finit à poil sur un tapis de basses en coupé-décalé et sous une pluie de crépitements syncopés. La chanson produite par Dave Harrington (Darkside) est aussi complexe dans sa structure que toxique.