On ne devrait jamais se réjouir du malheur des gens, mais que c’est beau, parfois, une jeune femme qui chante ses déboires amoureux.
Derrière le pseudo Black Belt Eagle Scout, que l’on croit pas très saillant avant d’en comprendre le sens en découvrant le parcours de la jeune femme qui a grandi dans une réserve d’indien, se cache Katherine Paul, qui joue d’à peu près tout, écrit et compose en solo, contrairement à ce que la formidablement euphorisante vidéo qui accompagne My Heart Dreams pourrait laisser croire.
Déjà encensé par la blogsphère indie américaine à la parution de Mother Of My Children (Saddle Creek – 2018), Black Belt Eagle Scout publiera un second album, At the Party With My Brown Friends, le 30 août. Et c’est typiquement le genre d’album qu’on commence à écouter distraitement, qu’on laisse filer sans s’en rendre compte, presque par flemme et parce qu’il est somme toute agréable, jusqu’au moment où on arrête de vaquer à nos occupations. On se pose, on monte le son. On écoute cette jeune femme qui chante si bien, si juste, le sourire aux lèvres et la tête haute. Ses compositions sont taillées au plus près de l’os : essentiellement une grosse guitare généreuse avec les pédales d’effets, une rythmique rachitique. Et basta. Le reste n’est qu’affaire d’émotion, de cordes frottées, de léger écho pour planquer les sanglots, de mélodies souvent célestes, toujours pétries d’une jolie mélancolie bienveillante. On a envie de croire aux histoires de Katherine Paul, avec ferveur, avec compassion, avec espoir. Des histoires d’amour bien évidemment, de famille, hautement personnelles, capables de bouleverser, de faire sourire et de faire chialer.
