Qu’importe la déconstruction formelle tant que l’on possède l’évidence de l’honnêteté et ce besoin d’en découdre. Sur ce point, les filles de SheWolf se situent clairement dans une allégeance Courtney / Polly Jean (ce ne sont ni les premières ni les dernières), mais la trajectoire est quelque peu biaisée : à l’écoute de leur EP fondateur, on devine que les influences s’imposent par nécessité.
Alice, MC, Diane et Fanny, comme d’autres musiciennes françaises avant elles (ODyL, par exemple), ont pleinement vécu les années 90 grunge et martyres. Il ne s’agit pourtant guère de banalement réciter les leçons du passé, mais d’y revenir, presque par inadvertance, car le propos ici déployé ne correspond à aucun style musical sinon le chant éraillé, le défouloir, les montagnes russes aux accalmies tendues, sournoises, prenantes. (Kurt et Courtney se posaient-ils la question des influences ? Certainement pas.)
SheWolf : bel exemple de groupe dont la personnalité détruit, défonce, les influences dépistées. En fait, on n’entend que cela : cette nécessité à monter une formation rock, à se vider les tripes entre copines (avec plein de guitares), et constater que ça tourne. Logique : quand il y a urgence à s’exprimer, quand la musique se joue instinctive, quand l’histoire du rock n’existe plus, c’est un temps présent qu’enregistre la table de mix.
Un état d’esprit, aussi. Le quatuor éructe, imagine-t-on, un tas de vipères accumulées, des abcès qui n’attendaient qu’une seule chose pour enfin crever : une connivence artistique, une osmose entre musiciennes, la volonté de se lancer dans l’arène.
Qu’importe ainsi la longévité de SheWolf : un disque intègre (même solitaire) vaudra toujours mieux qu’une discographie aux sommets hasardeux.
02. Sally
03. Down the Well
04. Anorexong
05. Fix It
06. Valium
07. October Girl
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