Dans la surabondance New Romantics qui accable (ou amuse) l’époque contemporaine, il est dorénavant possible de séparer le revival en deux catégories : les magouilleurs et les innocents.
Les magouilleurs espèrent détenir le bon filon, le tube à propulsion, tout en titillant la fibre nostalgique d’un panel d’auditeurs succombant malgré tout aux charmes délétères de Hey Little Girl (Icehouse) ou Promised You a Miracle (Simple Minds). Les innocents, tel n’importe quel naïf vivant l’instant présent comme si le passé n’y apportait aucune conséquence, n’ont peut-être pas connu les années 80 mais en résument les grandes lignes comme s’ils y étaient. D’où parfois une sensation de mélancolie déviante : revivre par soi-même, et sans l’avoir nécessairement vécu, une époque qui sentait bon la liberté esthétique et la promesse d’un avenir radieux (on sait que les 80’s ne purent survivre aux 90’s, mais c’est une autre histoire).
Le Français Rose Tiger (alias Wendy Killmann) appartient à cette seconde catégorie. Car en quatre titres explicites, il joue de l’Ultravox et de l’Human League de façon trop habitée pour que nous puissions croire en une quelconque supercherie. Il serait légitime de rejeter ces sonorités désuètes, de jouer au vieux briscard à qui on ne la fait pas. Sauf que l’intégrité et la passion musicale de Rose Tiger obligent à sérieusement considérer les compositions de l’artiste. Probablement car From Top To Bottom (Greasy Records) rappelle que les années 80 détenaient une part utopique que l’actuelle époque cherche à retrouver (en vain).
