Bienvenue dans le futur : May Roosevelt est-elle la Björk de l’ère digitale ?

Junea May RooseveltOubliez Björk, sa voix invasive et sa présentation tape à l’œil. Oubliez les plans 3.0 et ouvrez grand les oreilles : le nouvel album de la jeune chanteuse grecque May Roosevelt est sorti lundi et il devrait mettre le monde digital à ses genoux, tant elle augure d’un futur spacieux et grandiose pour les nouvelles musiques.

Croisée il y a quelques années (en 2011 ou 2012) à l’occasion d’un single tiré de son album Haunted, Maria Pseftoga (son vrai nom) est une virtuose un peu particulière dont l’instrument de prédilection a longtemps été le Thérémine, cet instrument singulier inventé par le Russe Termen en 1919 et qu’on considère généralement comme le premier instrument électronique de l’histoire. May Roosevelt évolue évidemment sur un instrument quelque peu modifié depuis que Lénine en jouait pour accompagner la Révolution Russe (fait scientifique) mais le charme de ce bijou reste intact. Passée depuis peu à des sonorités darkwave plus complexes, des couches électro savantes et tarabiscotées, May Roosevelt réussit avec ce nouvel album, dont on connaît pour le moment, deux titres officiels, PA et Air, tous les deux splendides, un véritable prodige : mêler un tissu électronique léger comme l’air et fin comme une toile d’araignée, des vocaux célestes et une structure mélodique entre pop/rock et musique classique.

L’album s’appelle Junea et renvoie autant à la mythologique grecque qu’à une balade alpine : l’air y est pur, le sentiment de solitude désolée presque total. La voix de May Roosevelt est présentée comme une créature du future qui rappellera une synthèse de Stina Nordenstam, pour son évanescence, la virtuosité de Björk ou les arabesques chantantes d’un Klaus Nomi au féminin. Plus que ces références, c’est l’ambiance générale qui emporte le morceau, cette sensation d’être projeté dans un univers avancé et d’une beauté spectaculaire. May Roosevelt pourrait incarner ainsi la chanteuse ultime de l’air digitale : réelle et évanescente, terrestre, digitale et pré-raphaélite dans l’âme, désincarnée et en même virtuose, technique et organique. Son profil de discrétion et de légèreté s’établit à des années lumière des méga pop stars de l’ère d’avant dans l’ombre portée et la lumière diffuse d’une normalité stellaire. Bienvenue dans le futur.

May Roosevelt – Junea

Tracklist
01. Air
02. Pa
03. Flowers
04. Be
05. Let’s
06. In Your Eyes 2
07. Ta
08. Tides
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