Sufjan Stevens / Carrie & Lowell
[Asthmatic Kitty / Differ-Ant]

Carrie & Lowell Sufjan StevensPour ne rien cacher, on était prêt à tremper notre plume dans l’acide à l’heure de chroniquer le dixième album de Sufjan Stevens. La faute à la montée de bile provoquée par les dernières productions de l’Américain : l’indigeste bande-son The BQE (2009) puis le fastidieux Run Rabbit Run avec l’ensemble à cordes Osso (2009). Depuis le prolifique compositeur a également abreuvé ses fans de monceaux de chants de Noël et autres comptines catholiques barbantes. Alors même s’il avait tenté de trouver un compromis entre la pop symphonique de ses débuts et ses appétences expérimentales sur le fort compliqué The Age Of Adz (2010), au moment de piocher dans la discothèque, on revient naturellement à Come On Feel The Illinoise (2004) dès les premiers rayons de soleil ou à Seven Swans (2005) quand l’automne pointe son nez. On voudrait se prétendre plus aventureux que cela, mais ce qu’on préfère chez lui, c’est cette douceur mélodique qui s’enflamme dans une ferveur doucereuse.

Carrie & Lowell (Ashmatic Kitty Records) est à cet égard une surprise réjouissante. Sufjan a rangé son missel et ses machines : retour à une écriture classique et une orchestration acoustique et symphonique. C’est aussi un album très personnel, jusque dans son titre (les prénoms de sa mère et de son beau-père nous raconte-t-on). Les confidences prennent donc le dessus sur les jérémiades pétries de bonne conscience chrétienne. L’Américain retrouve une justesse qui rend ses chansons universelles, sa voix d’ange magnifiant l’évocation des souvenirs par petites touches impressionnistes. La plupart des chansons avancent ainsi, avec modestie et humilité, loin de tout embrasement emphatique. Le son est assez dépouillé, sans excès polyphonique. Assez folk finalement. Mais du folk rond, ample, élégant, doux. Les musiciens talentueux réunis à ses côtés (Casey Foubert, Laura Veirs, Nedelle Torrisi, Sean Carey, Ben Lester et Thomas Barlett) se montrent discrets. Tout est à sa place sur cet album aux ambitions domestiques.

On l’attendait prêts à le railler et nous voilà à l’accueillir les bras ouverts, avec une pointe de compassion qu’on essaie de dissimuler derrière le sourire que nous insuffle sa musique.

Tracklist
01 . Death with Dignity
02. Should Have Known Better
03. All of Me Wants All of You
04. Drawn to the Blood
05. Fourth of July
06. The Only Thing
07. Carrie & Lowell
08. Eugene
09. John My Beloved
10. No Shade In the Shadow of the Cross
11. Blue Bucket of Gold
Écouter Sufjan Stevens - No Shade in the Shadow of the Cross

Liens
Le site dédié à l’album
Le site d’Ashmatic Kitty Records
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