Avec un nom qui pourrait servir de marque à une bière de hard-discounter alimentaire, on espère toujours que Karl Blau se lance un jour dans une reprise de « Du rhum, des femmes et d’la bière, nom de Dieu« , une belle chanson de pochtrons signée Soldat Louis. Ce n’est pas encore pour maintenant mais l’Américain s’attaque à d’autres relectures toutes autant improbables pour ce crooner romantico-loufoque.
Aussi, pour annoncer la sortie de son album Introducing Karl Blau, celui qu’on a déjà croisé aux côtés de Laura Veirs, Mount Eerie, The Mircophones, Matthew E. Smith, Earth et bien d’autres, dévoile une reprise d’une chanson des Bee Gees figurant sur leur premier album paru en 1967 : To Love Somebody. Karl Blau la rend méconnaissable, bien loin de la version proposée par ceux qui deviendront les rois du disco.
Mais parmi les dix reprises qui constituent Introducing Karl Blau, déjà disponible aux Etats-Unis sur Raven Marching Band Records (le label fondé par Laura Veirs) et en Europe grâce à Bella Union (un label fondé aussi par un autre musicien, Simon Raymonde), notre préférence va toujours à sa version du classique de Link Wray, Fallin’ Rain (1971) qu’on vous avait déjà conseillé d’écouter.
Si on sait de longue date que Karl Blau est un chanteur-compositeur prolixe et un musicien accompli (il joue de la guitare, de la basse, de la batterie, des synthétiseurs, et même du saxophone), donc un musicien capable de vampiriser le répertoire des autres, en revanche, l’univers visuel du bonhomme laisse toujours dubitatif.
Pour comprendre le cas Karl Blau, il faut voir (ci-dessous) le clip édifiant de Fallin’ Rain que viennent de livrer Royal Malloy et Dave Matthies de Fallin’ Rain : c’est l’un des plus farfelus qu’on ait vu depuis longtemps (ce scénario, ces effets tout pourris… et ce tee-shirt !). Ou comment se poiler pendant dix bonnes minutes en écoutant un classique américain.