The Underground Youth / The Falling
[Fuzz Club Records]

A l’heure de découvrir The Falling, le (déjà) onzième album de The Underground Youth, on réalise bien vite que nous avons du rater quelques épisodes dans la vie discographique de Craig Dyer.

Dans les épisodes précédents, on avait tôt eu vite fait de classer ce faux-groupe bâti autour du leader demiurge dans un registre post-punk hérité d’une longue lignée locale pour un groupe venant de Manchester. La signature de longue date avec Fuzz Club Records corroborait la filiation.

Dans la nouvelle saison, le décor est tout autre. Le groupe / couple s’est relocalisé à Berlin et pourtant, il ne faut (vraiment) pas s’attendre à percevoir l’influence de la capitale allemande dans ce nouvel album. Pour déceler des influences et références, mieux vaudrait lorgner vers un pub perdu au milieu de la lande irlandaise… à moins que ce ne soit autour d’un feu de camp sur les rives du lac Baïkal ? La mondialisation et la dématérialisation anéantissent le déterminisme géographique. Le click ayant remplacé la boussole, chacun peut effectuer son voyage mental sans même changer de pièce.

Dépourvues de tout apport rythmique, un comble pour un groupe qui composait tout autour de sa section basse-batterie, les chansons sont essentiellement (exclusivement ?) acoustiques, bâties autour d’une guitare sèche et laissent une large place à un accordéon, un piano droit, des violons et surtout, surtout, la voix de bariton de Dyer qui surnage au-dessus de mélodies pub-rock essoufflées. Ça tangue, ça brasse, ça doit emmener – pour qui aura l’opportunité de découvrir ces chansons au bon endroit, au bon moment, dans les bonnes conditions (un endroit enfumé, un air chaud et moite, baigné par l’odeur de l’alcool et de la sueur). The Falling relève de l’exercice de style, ouvert par un geste magistral (le grandiloquent morceau-titre) et clos au son du tocsin. Pour célébrer la fin d’une escapade ou pour célébrer le départ définitif de The Undergound Youth vers ce nouveau monde ?