Stick, Vorace, se colle à la Grande Bouffe

Stick - Boulevard des allongés Entre le Carnivore sanglant et légendaire des Garcons Bouchers (1988) et la Grande Bouffe de Marco Ferreri (1973), Stick célèbre son amour de la bonne chère et de tout ce qui s’ingère dans l’un des premiers morceaux tiré de sa nouvelle mixtape Boulevard des Allongés, sortie il y a quelques jours. En 13 titres plutôt marrants et survitaminés, le rappeur qu’on avait laissé il y a quelques mois sur le magistral dAMEbLANCHE, sature son écriture de punchlines assassines et de formules vachardes pour un disque sans véritable thématique (la loose, les destins foirés ?) et qui serpente entre les genres.

Sans grand souci de cohérence musicale, l’ensemble dégage comme souvent un sentiment de désespoir et de fin de vie qui finit par secouer et bouleverser. Stick alterne les grands titres comme Funerarium, magnifique à l’ouverture, ou l’émouvant Adiable, autour de sa carrière de rappeur raté, et des moments plus golri ou dérisoires (la Raie du Plombier) mais qui, tels qu’ils sont interprétés, foutent quand même les jetons et créent au final un certain malaise. C’est le cas de ce Vorace, à la mise en scène inventive, où la tête de Stick chante son addiction au gras, posée sur une table de réception d’où un bras mystérieux vient le nourrir régulièrement. Entre les références culturelles et pop, empruntées au cinéma, les références junk food/life (kebab) et les petites piques sociologiques, Stick se paie une chanson qui n’est pas parmi ses plus ambitieuses mais qui déclenche un petit effet de fascination. L’ensemble de la mixtape agit dans ce registre : ironique, acide et en même temps percutante et critique quant à notre façon de vivre. Il y a 1001 manières de se ramasser la gueule. Stick n’aura de cesse qu’il les aura chantées une à une.

La mixtape est disponible en CD sur le Bandcamp de l’artiste ou en version numérique sur les plateformes.

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