The Men / New York City
[Fuzz Club Records]

7.9 Note de l'auteur
7.9

The Men - New York CityOn entre dans ce nouvel album de The Men comme on entrerait dans une capsule spatio-temporelle. Direction : New York dans les années 70. L’immersion punk rock est totale avec l’épatant Hard Livin’ d’ouverture qui fait immanquablement penser à un single perdu des New York Dolls. Ca envoie, ça pétille et on croit même reconnaître Johnny Thunders, revenu d’entre les morts, qui balance dans son coin des lignes de guitare à tomber. Même pas la peine de changer de riff pour embrayer sur Peace of Mind qui n’est autre chose qu’une prolongation du titre précédent, si bien qu’on sort déjà essoré après cinq ou six minutes quand on se prend Echo comme un mur ou une montagne à toute vitesse dans la tronche.

Cette fois, on serait plus du côté agressif et crasseux des Dead Boys, voix nasillarde de Stiv Bators incluse. Les guitares se rapprochent dangereusement d’un son hard rock qui cogne et électrise l’atmosphère. Le groupe de Marck Perro et de Nick Chiericozzi signe avec ce neuvième album, New York City, une copie magistrale des grands disques punk rock de cette période fantasmée de la Grosse Pomme. Cela tombe bien : le groupe est de Brooklyn et fait peu ou prou la même chose depuis une douzaine d’années. On ne peut pas les accuser de se répéter ou de copier qui que ce soit, tant cette musique fait partie de leur ADN et a donné sens à leur réunion.

Les textes sont aussi bons et précis que ceux de l’époque, mettant à jour les sources de colère qui avaient animé les grands anciens (God Bless the USA « there’s a fire burning in the USA » et son intro Pistolienne). Il faudrait vraiment être idiot pour dire du mal d’un tel groupe et d’une telle musique alors qu’on passe une partie de notre temps à encenser ceux dont ils s’inspirent et dont ils égalent à la fois la maîtrise et l’engagement. D’aucuns se demanderont à quoi ça sert de refaire EXACTEMENT la même chose, mais c’est une question qui ne vaut que si l’on considère qu’il doit y avoir une progression en toute chose ou que les voyages dans le temps sont impossibles.

Ce New York City est de très bonne facture, poisseux (Eye), parfois presque pop rock (le gentillet Eternal Recurrence), ennuyeux (Round The Corner) et déchaîné (l’excellent Through The Night notre titre préféré). Il suffit de fermer les yeux pour s’y croire, imaginer la faune qui se presse au CBGB sur les coups de minuit. Il y a les Ramones à l’affiche ce soir là. On est à l’automne 1974. Pas né et on a dix-huit ans à la fois. Tout le monde a ce qu’il faut sur lui. Ca sent le cuir, le vomi et la poussière d’ange. Il y a des filles de Brooklyn qui s’ébrouent sur le romantique Anyway I Find You. Le temps s’est arrêté sur la fin ou le début d’un monde. C’est vers ce point de l’Histoire que tout converge désormais. Le début du monde moderne. La fin du rêve américain. Cinquante ans plus tard, on ne sait toujours pas.

Tracklist
01. Hard Livin’
02. Peace of Mind
03. Echo
04. God Bless The USA
05. Eye
06. Eternal Recurrence
07. Round the Corner
08. Through The Night
09. Anyway I Find You
10. River Flow
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