En décembre 2013, John Dwyer annonçait la fin de son projet Thee Oh Sees pour une durée indéterminée, après seize années d’activité, douze albums studio, un disque live et trois compilations de singles. On commence tout juste à croire que l’américain se moquait de nous, puisque l’année dernière déjà paraissait Drop et que voici venir, un an plus tard, le nouvel album Mutilator Defeated At Last.
Autant le dire d’emblée et ça n’étonnera personne: rien n’a changé sur ce 18e format long du groupe de San Francisco. La formule est bien connue et on s’interroge d’ailleurs sur les raisons qui font qu’elle fonctionne pourtant toujours aussi bien. C’est assurément là le talent premier de John Dwyer et sa bande : ne jamais vraiment se renouveler mais continuer à sortir des disques passionnants, des disques qui racontent une histoire dans une sorte de mouvement perpétuel hypnotisant.
Après l’introduction Web en forme d’instant classic du groupe, vient le brûlot Withered Hand et ses pluies dégoulinantes de guitares qui risquent de donner chaud au public cet été dans les festivals (mention au plan de guitare final, qui semble un hommage direct à Joy Division). Avec Poor Queen, on reste du côté des stades, tant les mélodies font figure d’hymne national (façon The Edge sur les ponts).
Le propos se calme ensuite et lorgne vers l’Angleterre avec Turned Out Light, où guitares et batteries semblent droit sorties d’un inédit des Beatles.
Puis vient un des sommets du disque, le formidable Lupine Ossuary, suite logique du Lupine Dominus, présent sur l’album Putrifiers II, et manifeste de soli diaboliques, aux sons de guitare reconnaissables entre mille. C’est d’ailleurs un peu le tournant du disque dans une sorte de virage psychédélique, voire quasi prog rock par instants (le solo de clavier et les enchainements d’accords de Sticky Hulks).
On pense étrangement à Dark Captain sur le titre suivant Holy Smoke (l’emploi de la guitare sèche – rarissime pour le groupe – y est pour quelque chose) et le riff de Rogue Planet est nirvanesque en diable. L’album, neuf titres et trente trois minutes s’achève avec Palace Doctor, seul moment d’accalmie complète du disque, où flotte l’ombre de Wire.
Aucun doute, c’est une nouvelle fois un sans faute et j’ai beau connaître la formule, je succombe une fois de plus aux charmes soniques du nouveau disque de Thee Oh Sees. Jusqu’au prochain, l’année prochaine.
02. Withered Hand
03. Poor Queen
04. Turned Out Light
05. Lupine Ossuary
06. Sticky Hulks
07. Holy Smoke
08. Rogue Planet
09. Palace Doctor