Ainsi, c’est donc ça la sensation du moment.
Fort de leur victoire au Mercury Prize 2014 et du gros buzz médiatique qui va de paire, Young Fathers s’est lancé dans une harassante tournée et annonce, avec tambours, trompettes et majorettes la parution de leur troisième album.
White Men Are Black Men Too : l’intitulé est tout autant programmatique que licencieux. Mais étant donné leurs origines (Libéria, Ecosse, Kenya), le discours et la posture de Young Fathers passent pour une provocation arty matinée d’un manifeste politique – ou l’inverse.
Faute d’avoir réussi à tout décrypter et à comprendre les subtilités, restons-en strictement à une critique musicale de l’album. Et quel album… Rarement on aura eu l’impression d’un aussi gros bordel caco(sym)phonique que celui-ci. Malheureusement, on n’est pas loin de l’indigestion dès les premières bouchées. On ne pourra certes pas reprocher à Alloysius Massaquoi, Graham Hastings et Kayus Bankole d’innover et de tenter. Il y a mille-et-une idées dans chacune de leur chanson, mais, trop souvent, ce « hip hop expérimental » produit un brouet roboratif. Les gimmicks pleuvent, mais il est bien difficile de trouver un fil mélodique conducteur dans cet incroyable amoncellement d’invectives hoquetées, de borborygmes, de cris et de vagissements, de bavardages de chorale passée au vitriol. Comme si TV On The Radio nous faisait une overdose de cholestérol… Intrinsèquement, il y a d’indéniables qualités dans ces compositions à haute teneur calorifiques. Mais à la moitié de l’album, l’épuisement prend le dessus et on se sent trop lourd pour encore tenter de se trémousser. Tout semble compliqué et délibérément poussé à son paroxysme, sans discernement.
White Men Are Black Men Too est une production de son temps, et en porte d’ailleurs les stigmates. Mais ce n’est certainement pas une œuvre contemporaine qui traversera l’épreuve du temps.
02. Shame
03. Feasting
04. 27
05. Rain Or Shine
06. Sirens
07. Old Rock n Roll
08. Nest
09. Liberated
10. John Doe
11. Dare Me
12. Get Started