Au fil d’une discographie généreuse, Eluvium s’est construit une solide notoriété dans le petit monde l’ambient, faisant de lui une valeur sûre (et « bankable » pour Temporary Residence ?). On découvre d’ailleurs chacun de ses albums avec la ferveur d’un ami prenant des nouvelles d’un vieux compagnon de route qu’on ne croise que de temps à autre, mais qu’on oublie jamais. Bien que pour False Readings On Matthew Cooper dit s’être inspiré des thèmes de la dissonance cognitive dans la société moderne (whouahou, quel programme !), Eluvium semble surtout servir d’exutoire à ses songes, ses doutes, ses angoisses et ses espoirs et chaque disque constitue ainsi le récit intime de ses derniers mois. Comme à l’accoutumée, l’Américain ne laisse à personne d’autre le soin de réaliser son œuvre. Seul dans son home-studio, la nuit, il compose, arrange, interprète et produit ses compositions fantomatiques. Il va même jusqu’à réaliser le design de la pochette (qui s’inscrit dans la droite lignée des précédentes), suggestif et mystérieux. A l’instar du maître Brian Eno, False Readings On est ainsi à apprécier dans son intégralité et on ne prête guère attention à la succession des onze plages, parfois simples intermèdes ou au contraire longs mantras, qui se déploient comme un unique mouvement symphonique, comme une onde fragile et glaciale. Sur des nappes synthétiques et des couches de violons éthérées ou de guitares délayées bourdonnant à l’infini, Eluvium distille des samples de chants d’opéra noyées dans la réverbération, ce qui donne à ses compositions une dimension religieuse, voire touchent au sacré.
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