Alors qu’on son copain Mac DeMarco s’est métamorphosé en improbable tête de gondole, Alex Calder est jusqu’alors gentiment resté dans son sillage. Rarement bien loin, jamais devant. Après le prometteur Time en 2013 (Captured Tracks), le Canadien peut penser sereinement à écrire son futur à la première personne du singulier. De prime abord, on aurait tôt fait de classer Strange Dreams comme une déclinaison de Deerhunter et plus encore du projet solo de Bradford James Cox, Atlas Sound. Comme chez ses contemporains, Alex Calder trousse des chansons bancales, aux mélodies toxiques dangereusement foirées et à la mélancolie poisseuse. Les guitares s’obstinent à rester sur un mode mineur vicié, le chant mange les mots dans un écho fuyant. Quand on croit tenir une chanson pop, il faut toujours qu’elle soit bizarrement agencée et s’affranchisse le cadre du couplet-refrain habituel. Strange Dreams présente ainsi beaucoup de ressemblance avec Halcyon Digest et cela pourrait largement suffire à notre satisfaction. Mais celui qui passe pour un second couteau finit par se dévoiler. On ne peut pas juste être un slacker plagiaire et produire des chansons de la trempe de la chanson Strange Dreams (de la lumière radieuse aux larmes en moins de trois minutes) ou Mid Life Holiday, morceau de bravoure bouchonné. C’est le même syndrome que celui détecté chez Mac DeMarco : le sourire goguenard aux lèvres, les chansons assemblées avec des bouts de scotch et une production savamment floutée cachent un véritable talent de songwriter.
02. Strange Dreams
03. Out of My Head
04. Memory Resolve
05. The Morning
06. Marcel
07. Lola
08. No Device
09. Life Purpose Featuring Caitlin Loney
10. Midlife Holiday
11. Someone