Lorsqu’en 2016 on a découvert la musique de Chain Wallet grâce aux miracles d’internet, on a vite écrit le nom du groupe norvégien en tête de notre « wishlist ». Sauf que pour mettre la main sur un exemplaire de Chain Wallet, il a fallu se montrer patient et pugnace, tant les disques réalisés par Jansen Plateproduksjon étaient distribués au compte-goutte. La situation s’est sensiblement améliorée depuis que le label d’Oslo a contracté son nom en un simple Jansen Records et qu’il bénéficie désormais de quelques bons relais en France.
No Ritual devrait de ce fait très vite se faire une place parmi les disques de pop anorak 2.0 qui prolifèrent ces dernières années. Le trio, désormais accompagné par leur muse Chiara Victoria Cavalleri échappée de FOAMMM (un groupe de shoegaze pysché qui semble jouir d’une petite côte de notoriété au pays des fjords), poursuit son ouvrage de recyclage et d’appropriation. Tout comme CYMBALS, Motorama ou Wild Nothing, et en pointant à distance raisonnable du mastodonte Metronomy. Certains affublent le groupe de l’étiquette de dreampop… pourquoi pas, si on considère l’appétence nostalgique du groupe. Mais cela s’arrête là. Le crédo de Chain Wallet, c’est plutôt les guitares qui virevoltent, les mélodies ponctuées d’accidents rythmiques et de chœurs euphorisants. Pour les anciens et nostalgiques, on pourrait résumer la formule ainsi : imaginer ce qu’aurait pu donner Blueboy si le groupe de Sarah Records avait eu accès à un studio contemporain avec Jorge Elbrecht (Violens) à la console. Oui, difficile de croire que Captured Tracks est passé à côté. Le résultat est un chef d’œuvre de recyclage, riches en protéines. Le son, bien spacieux, laisse la part belle à une ligne de basse rythmique redoutablement efficace et une batterie véloce. Les guitares carillonnantes ou en ligne claire peuvent prendre la tangente et s’entremêler avec les lignes de chant entêtantes, soulignées par les chœurs élégiaques de la belle. D’ailleurs on a l’impression que chaque chanson ne compte que des refrains, tant on a envie de fredonner sur chaque titre. Pour choisir un single, il n’y a que l’embarras du choix, en fonction de l’humeur et du dosage entre inflexions 80’s et post-punky. C’est en rien original, certes, mais No Ritual trouvera sa place sur les platines de ceux qui partagent avec nous une délectation coupable à l’écoute des disques de The Mary Onettes et Shout Out Louds. La madeleine du début d’année.