Spectral Dusk est de ces disques qui ne supportent ni la lumière du jour ni la chaleur de l’été. C’est dans l’intimité et l’apaisement que la musique d’Evening Hymns s’apprécie. Plus encore que son prédécesseur, l’inusable Spirit Guides (déjà confectionné par Kütu Folk), Spectral Dusk s’écoute en solitaire lors d’une ballade dans la brume automnale ou un soir d’orage menaçant, toujours loin de la ville, de la frénésie du quotidien. Jonas Bonnetta s’adresse au cœur de ceux qui ont l’esprit vagabond et qui considèrent la mélancolie comme un bon compagnon.
Ici gimmicks racoleurs, arrangements clinquants et formules trop évidentes ne sont pas conviés. Mais que l’on ne s’y trompe pas non plus : nulle pleurnicherie, nul apitoiement tout au long de ces onze chansons qui savent prendre leur temps. Le Canadien peut passer du recueillement à la colère comme l’atteste le martèlement et le chant étranglé par la rage de Cabin In The Burn. Il peut se lover dans une douce quiétude ou se laisser emporter par la fièvre (Moon River, à faire pâlir de jalousie un Josh Haden à la peine sur le dernier Spain).
Pour balayer cette diversité de ressentiments, Jonas Bonnetta emmène ses chansons dans des registres plus orchestrés que sur son premier album enregistré en solo, grâce à l’apport de musiciens qui œuvrent d’ordinaire aux côtés de Timber Timbre et The Wooden Sky. Ainsi, un bel ensemble de cuivres donne du coffre à Asleep In The Pews, une pedal-steep appuie les confidences familiales de Sprit In The Sky (Bonnetta a été fortement marqué par le décès de son père) et Irving Lake Access Road peut se muer en longue épopée symphonique.
Ici, loin de tous pour être au plus proche des siens, Evening Hymns magnifie la tristesse dans tous ses états.
02. Arrows
03. Family Tree
04. You And Jake
05. Cabin In The Burn
06. Asleep In The Pews
07. Spirit In The Sky
08. Irving Lake Access Road, February 12th 2011
09. Song To Sleep To
10. Moon River
11. Spectral Dusk