Le trio est chilien et il n’y a pas une seule fois où cette anecdote n’est pas relatée. Anecdote, car la nationalité des membres de Föllakzoid ne semble avoir strictement aucune influence sur la musique qu’ils ont engendré. On voudrait bien croire que les paysages de la Cordillère des Andes aient eu une quelconque influence sur leurs inspirations, mais on nous dirait que le groupe vient d’un village des rives de la mer Baltique ou d’un bled de l’Est australien qu’on invoquerait l’influence maritime ou l’aridité du désert. Ce troisième album ne semble pas marqué par un déterminisme géographique et d’ailleurs le trio l’a composé sur la route, au cours de ses pérégrinations pour présenter sa musique sur scène II (Sacred Bones – 2013) aux quatre coins du Monde. On croit plus volontiers que ce sont ces conditions qui ont influé sur le groupe – et la nature des drogues qu’ils ont ingurgité. Car, en matière de plans fumeux et de digressions vaporeuses, on imagine difficilement que ces quatre longues pièces instrumentales puissent être imaginées sans être dans un état second. Dans l’esprit des pères fondateurs du krautrock made in Düsseldorf, Föllakzoid joue sur la répétition de motifs monocordes pour atteindre la transe et la transcendance. Avec l’aide d’Uwe Schmidt (alias AtomTM et mille-et-un autres pseudonymes), le groupe étire ses compositions en les filtrant à travers des synthétiseurs vintage. De violentes décharges de guitares électriques s’extirpent de l’infernal binôme batterie-basse qui enserre l’esprit insidieusement. III (oui, ils sont super balèzes pour trouver des titres à leur album) est une expérience à apprécier d’une traite et à fort volume. Et si on n’est pas à jeun, c’est encore mieux.
02. Earth
03. Piure
04. Feuerzeug