Sur le papier, le premier album de Lydmor & Bon Homme a tout pour séduire : une identité graphique et visuelle efficace (ils sont agréables tout deux à regarder dans leur jeu de séduction réciproque) et un pedigree qui suscite la curiosité (Tomas Høffding est le chanteur/bassiste de WhoMadeWho et Jenny Rossander aka Lydmor s’est fait une belle réputation dans la scène électro danoise).
De fait, Seven Dreams Of Fire s’ouvre sur un bel exercice de pop électronique classieuse et distanciée. Le chant limpide de la jeune femme séduit immédiatement, à la fois pur et sensuel (avec Björk et Stina Nordenstam pour balises), en contrepoint de la voix profonde de Bon Homme. Quand déboule le pont de Dream Of Fire et que la belle se met à haranguer l’auditeur sur un groove irrésistible, on se dit qu’on tient là peut-être une très bonne surprise… D’autant que Lydmor & Bon Homme réitère cette réussite sur Flash qui régurgite la (bonne) variété des années 80 dans un pas de deux mélancolico-poisseux. Sur Missed Out On Disco, on pense même à un chouette remix de The Mary Onettes. L’apport de Lydmor donne du corps et du charme aux compositions synthétiques du Bon Homme (déjà auteur de deux précédents disques en solo).
Sauf que, la veille de l’enregistrement, le duo a du manger dans un mauvais restaurant chinois (Go Fingers Go et sa ligne de pouêt-pouêt orientalisant) avant de finir dans un club techno à se lessiver le cerveau sous des stroboscopes à grand renfort de gimmicks putassiers. Le couple n’assume pas pleinement son appétence à marier Daft Punk et électro-pop façon Saint Etienne mais le duo colle du vocoder en veux-tu-en-voilà, alourdissant quelques jolies mélodies qu’on aurait aimé voir se trémousser avec élégance sur une piste de danse plutôt que sur l’autoradio d’un adepte d’auto-tuning. Vanity évoque You’re My Heart, You’re My Soul de Modern Talking mais on a envie taper sur les doigts des deux Danois pour qu’ils cessent de trifouiller les boutons de leur console. C’est agaçant, tant Lydmor & Bon Homme présentent des qualités par ailleurs (le chant de Lydmor, un sens du groove, une belle complémentarité). Nos deux musiciens tiennent là une formule qui pourrait s’avérer délicieusement sucré-salé dès lors qu’ils se seront débarrassés des additifs chimiques exhausteurs de goût.