Morrissey se la joue comme Claude François sur son dernier single

Morrissey - Jacky's Only Happy When She's Up On The StageL’homme connu sous le nom de Morrissey n’en finit plus de nous surprendre, pour le meilleur et pour le pire. On se souvient de ses clips en spoken word enregistrés sur le précédent album et qui en avaient étonné plus d’un : Morrissey y lisait simplement les textes de ses chansons sans aucun accompagnement. Cette fois-ci, c’est en Claudettes ou plus sûrement en hommes-objet venus tout droit de la variété des années 60, qu’il a décidé d’habiller ses musiciens pour un clip kitschissime consacré à la présentation de son troisième single, plutôt bon par ailleurs, Jacky’s Only Happy When She’s Up On The Stage, l’histoire d’une actrice en mal d’amour (et de sexe) qui perd pied et se raccroche à la scène.

Sur un plateau de télé, Morrissey s’amuse façon Top of The Pops 60s, show à paillettes, et Claude François « camp », à danser comme une  loutre et à infliger à ses pauvres compagnons une chorégraphie d’anthologie, en plus de l’uniforme bleu lagon qui les fait ressembler au choix à des cosmonautes homo ou à des agents actifs pour cuvette de WC. Visiblement, les Boorer et autres Tobias ont appris à s’amuser, subissant ce traitement depuis plus de dix ans maintenant : kilts, robes, tee-shirts, marinières, les boyz du Moz sont aux ordres et prêts à tous les travestissements. Le morceau a été largement commenté depuis la sortie de l’album Low in High School, à la réception globalement mitigée, pour son final où l’ancien The Smiths entonne, à la place d’une foule qui pousse l’actrice vieillissante et en bout de course vers la sortie, un cruel « Exit ! Exit ». Les mauvaises langues ont cru entendre Morrissey chanter Brexit et ont fantasmé sur une possible allégorie célébrant la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne.

A l’écoute, cette interprétation semble bien (comme l’a confirmé le chanteur) tout à fait fantaisiste. On privilégiera un sens plus proche de l’intéressé et le rattachement du titre à une veine bien représentée dans la discographie du Moz : celle des artistes poussés hors de scène par l’âge et l’usure. Quelque part entre Tennessee Williams et John Cassavetes. Entre le Cosmic Dancer  de T-Rex, Disappointed et le somptueux Boxers, ces chansons ont toujours représenté de bons moments que Jacky prolonge dans une veine dramatique plutôt bien servie par ce clip au second degré. La fin du clip est d’ailleurs bien plus sombre, renvoyant au thème de la décadence et de la folie qui traverse l’album, le plus inquiet, angoissant et finalement désespéré de Morrissey depuis un bail.

Crédit photo : capture d’écran.

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