Du label Yotanka, nous connaissions le goût pour une électro épurée, souvent maussade bien que très attractive (Kid Francescoli, Mesparrow, Octave Noire). Le premier album des Parisiens Niki Niki poursuit dans cette logique synth-pop élégiaque, le corps en fusion avec la machine mais la tête dans les étoiles (ou dans la Quatrième Dimension).
Si l’on tape souvent du pied à l’écoute des rythmiques constituant les onze titres d’Absence, c’est parfois avec inquiétude. Le chant féminin, assez Lisa Gerrard, démythifie les possibles influences 80’s ou 90’s de la formation, pour finalement entraîner ces compositions étranges vers une certaine torpeur synthétique. Niki Niki rappelle, moins dans les sonorités que dans sa philosophie, le Martin Gore rachitique et pointilleux de Violator : tout se doit d’y être proche de l’impalpable, et même certains repères fiables (une gratte intermittente, SDF et tristounette) échappent finalement à l’idée que l’on pourrait actuellement se faire d’une « synth-pop à guitares ».
Musique distante. C’est-à-dire refusant de trop verser dans la noirceur (malgré son titre, Absence est un disque du présent) mais suffisamment honnête pour ne pas vendre à l’auditeur du rêve chimérique. Niki Niki n’est pas schizo, bien que le trio cherche à trouver un point d’équilibre entre lumière (groove) et suspicion (tempo ralenti, chant qui enveloppe l’espace comme si Dieu – une femme, bien sûr – revenait sur terre afin d’offrir ses conseils de survie). Musique trouble, qui évoque diverses sensations tout en échappant au piège de la neutralité. Musique ouverte, donc : danser ou se questionner ? S’extraire du réel ou bien établir une connivence intime avec le public ?
Fascinante dualité qu’il faudra vérifier sur scène (le 07/02 à La Boule Noire, Paris, en compagnie de Tample, autre groupe Yotanka).