Bien sûr, il faudra revenir en détail sur le somptueux prochain album de La Féline (judicieusement nommé Triomphe – le 27 janvier chez Kwaidan), mais ce troisième extrait (Le Royaume) développe encore la nouvelle identité d’Agnès Gayraud : en fuite, dans un Eden (ailleurs).
Car que faire après avoir suicidé l’enfance ? Pas question de vivre le présent (trop lourd, trop glauque), et encore moins de faire comme si rien n’existait autour de soi. D’où une propulsion immédiate vers le territoire du songe, de l’évasion. Triomphe est un coin de paradis construit autour de différentes bribes culturelles, mythologiques et philosophiques. C’est un lieu où l’on se rêve plus fort, guerrière samouraï, spectre observateur. Un espace qui, supposons-nous, permet de mieux encaisser les affres de la réalité. Comme si Agnès (et on l’accompagne dans la démarche) avait décidé de moins voir pour mieux rêver. Une parcelle du quotidien, la plus secrète et intime, surgit à l’improviste : ces heures à fuir le climat noir dans la lecture ou le visionnage d’œuvres qui apaisent, qui permettent une identification moins terrestre, plus lumineuse. Triomphe est un disque cartésien peuplé de fantômes. Un Royaume sacré.
En attendant le 27 janvier.